Le parquet français a requis mercredi dix ans de prison ferme contre le cerveau présumé du braquage de la star de téléréalité Kim Kardashian. Aomar Ait Khedache a reconnu avoir ligoté Kim Kardashian, mais nie être le meneur du braquage. Selon le parquet, Khedache aurait « donné des ordres », recruté d'autres personnes et s'est rendu en Belgique pour vendre les bijoux. Mercredi, à la cour d'assises de Paris, l'accusation n'a pas mâché ses mots : les dix hommes jugés pour le spectaculaire braquage de Kim Kardashian en 2016 sont « tous coupables », selon l'avocate générale Anne-Dominique Merville. Loin de l'image de « pieds nickelés » ou de vieillards inoffensifs, elle dépeint des malfaiteurs « chevronnés », bien rôdés aux méthodes du grand banditisme. Dans la nuit du 2 au 3 octobre 2016, en pleine Fashion Week, cinq hommes cagoulés s'introduisent dans l'hôtel particulier parisien où séjourne la star américaine. En à peine quinze minutes, ils ligotent, bâillonnent et séquestrent Kim Kardashian et un réceptionniste, avant de repartir avec un butin estimé à plus de 9 millions d'euros, dont une bague à 3,5 millions, régulièrement exposée sur les réseaux sociaux. « Tout a été pensé, préparé, exécuté avec précision », insiste l'avocate générale. « Ils savaient ce qu'ils venaient chercher. Ils n'ont fait preuve d'aucune empathie, ni pour la victime ni pour le personnel de l'hôtel. » Aomar Aït Khedache, le « cerveau » présumé Figure centrale du dossier, Aomar Aït Khedache, 69 ans, comparait libre mais affaibli, soutenu par une canne et assisté par sténotypistes du fait de sa surdité. Il est désigné comme le coordinateur de l'opération. L'accusation réclame à son encontre dix ans de prison. S'il a reconnu une participation au braquage, Aït Khedache nie en avoir été l'instigateur, évoquant un mystérieux complice surnommé « X ou Ben », introuvable dans l'enquête. Mais les écoutes téléphoniques et les éléments du dossier le contredisent, souligne la magistrate : il aurait recruté l'équipe, organisé la revente du butin en Belgique, et donné des instructions. Tous les accusés sont aujourd'hui en liberté. Beaucoup sont âgés, certains approchent ou dépassent les 70 ans. Mais pour l'accusation, cela ne saurait masquer leur passé criminel ni atténuer leur responsabilité. « Ce sont des professionnels, pas des amateurs », martèle Anne-Dominique Merville, évoquant même une « photo de famille » où plusieurs des accusés apparaissent ensemble à la terrasse d'un café deux mois après les faits. La semaine dernière, Kim Kardashian elle-même est venue témoigner. Durant plus de quatre heures, elle a raconté en larmes la nuit d'effroi qu'elle a vécue, pensant être « violée » puis « tuée ». Ligotée, bâillonnée, elle a supplié ses agresseurs de l'épargner pour pouvoir revoir ses enfants. Les dix hommes sont poursuivis pour vol à main armée, séquestration et enlèvement, ou complicité. Ils encourent jusqu'à 30 ans de réclusion criminelle, voire la perpétuité pour ceux en état de récidive. Les plaidoiries de la défense ont débuté mercredi après-midi et se poursuivront jeudi. Les accusés prendront la parole une dernière fois vendredi, avant que la cour ne se retire pour délibérer.