Nabil El Bousaadi D'après un communiqué du ministère taïwanais de la Défense en date de vendredi, treize parmi les trente-six avions militaires chinois qui patrouillaient, ce jour-là, autour de l'île et qui constituaient le plus important déploiement chinois enregistré cette année, «ont franchi la ligne médiane du détroit de Taïwan», cette ligne de démarcation non officielle qui sépare l'Empire du milieu de son «île rebelle» mais qui n'est toujours pas reconnue par Pékin. Aux dires de certains analystes, cette démonstration de force qui vise l'île de Taïwan, que la Chine considère comme faisant partie de son territoire et dont elle compte s'emparer, à plus ou moins brève échéance, même par la force, s'il en est besoin, s'inscrit dans le cadre des pressions militaires et politiques et des tactiques d'intimidation que Pékin exerce sur ce territoire. Ces opérations qui se sont, d'ailleurs, multipliées depuis l'élection en 2016 de la présidente Tsai Ing-wen qui ne reconnait pas les revendications de la Chine sur Taïwan, iront en se renforçant car depuis le 13 Janvier dernier, son vice-président William Lai Ching-te, que Pékin n'apprécie pas outre-mesure, a remporté l'élection présidentielle. Or, pour Pékin, l'investiture de ce nouveau président, qui aura lieu le 20 mai prochain, n'apportera à l'île que « la guerre et le déclin ». Il sera secondé, dans l'accomplissement de ses nouvelles fonctions, par Hsiao Bi-khim qui, elle non plus, ne recueille pas les faveurs de la Chine. Appartenant au Parti démocrate progressiste, cette dernière, qui est, également, l'ancienne ambassadrice de Taïwan aux Etats-Unis, a effectué, ces derniers jours, plusieurs visites en Europe, notamment en République tchèque et au Parlement européen de Strasbourg. Ces déplacements ayant été effectués dans le cadre de « l'indépendance de Taïwan » qui est une ligne rouge pour Pékin, il n'en fallait pas plus pour soulever l'ire de la Chine. Ainsi, comme l'a rappelé l'analyste Wen-ti Sung, par cette démonstration de force, la Chine a tenu à faire comprendre aux nouveaux dirigeants de l'île que « l'indépendance » de Taïwan est une « ligne rouge » qu'il leur est interdit de franchir mais aussi pour décourager d'autres dirigeants internationaux qui auraient en tête l'idée de rencontrer la nouvelle vice-présidente taïwanaise après que le député européen français, Dominique Riquet, du groupe centriste « Renew » ait rappelé, jeudi, sur «» (ex-Twitter), «que le peuple taïwanais peut être assuré qu'il trouvera toujours des amis chers parmi les Européens». Mais si l'on en croit Su Tzu-yun, expert militaire à l'Institut taïwanais pour la défense nationale et la recherche en matière de sécurité, le mécontentement de Pékin a, également, pour raison d'être aussi bien la récente rencontre qui a eu lieu à Manille entre le président philippin Ferdinand Marcos Jr et le secrétaire d'Etat américain aux Affaires étrangères, Antony Blinken alors que, tout comme la Chine, les Philippines revendiquent la souveraineté sur des zones concurrentes en mer de Chine méridionale que les incidents survenus en mer le 14 Février dernier lorsqu'après avoir été pris en chasse par des garde-côtes taïwanais pour avoir pénétré dans les eaux territoriales de Kinmen, un petit archipel administré par Taïpeh, la collision qui a eu lieu entre un navire chinois et l'embarcation des garde-côtes taïwanais a causé la mort de deux personnes. Après cet incident, la Chine a reproché aux autorités taïwanaises de « chercher à échapper à leurs responsabilités » alors que ces dernières ont mis en avant le « comportement erratique » du navire chinois. Vu l'intransigeance des deux parties ; à savoir, d'un côté, Pékin qui considère que l'île de Taïwan est une de ses provinces qui, à ce titre, devra lui être rattachée tôt ou tard, et, de l'autre, celle des autorités de Taïpeh qui réclament leur indépendance, le chemin vers la paix semble être assez long et parsemé d'embûches mais attendons pour voir...
