ALM : Vous êtes l'un des créateurs participant à la 3ème édition de Fashion Days Marrakech, que représente pour vous cet évènement ? Christophe Guillarmé : J'ai le plaisir de participer depuis la première édition à cet évènement unique sur la scène de la mode marocaine grâce au dévouement de la présidente de la Fédération de la couture traditionnelle marocaine Najia Abadi dont la détermination est hors du commun. J'ai vu cette initiative modeste, il y a encore deux ans, prendre une réelle dimension internationale la saison dernière en parallèle avec le Festival du film de Marrakech avec des créateurs invités du Liban, Portugal, Irak… Et maintenant une édition recentrée sur la création marocaine qui commence le calendrier des Fashion Weeks majeures avant New York… Parlez-nous de la collection que vous présenterez et de son thème… J'ai eu envie de questionner le processus de création cette saison, c'est-à-dire comment imaginer une collection à partir de la fameuse tache d'encre du test de «Rorschach». C'est une question que l'on me pose régulièrement, l'origine de l'inspiration. Je me suis donc permis de laisser des parties de robes comme inachevées grâce à un tulle illusion qui souvent rebrodé révèle la peau. Avec cette idée que l'inspiration est volatile et peut faire défaut sur une partie d'une pièce tout en finalement s'exprimant dans cette ébauche. Pouvez-vous nous définir votre style ? Je suis né en Côte d'Azur, j'ai une vision de la mode très «dolce vita» avec des couleurs franches et affirmées mélangées à des tons plus neutres comme l'or, le noir et le blanc… Je cherche à conserver cette identité «Riviera» en la mêlant à l'élégance parisienne où je réside depuis longtemps, et ne pas me corrompre à proposer des choses classiques dans le seul but de m'imposer. J'ai toujours privilégié la liberté artistique au simple marketing, dans des pièces coutures et «Glam'Rock» proches de l'irrévérence. Qu'est-ce qui vous inspire ? J'ai la chance de pouvoir voyager dans des destinations incroyables et ainsi nourrir ma curiosité au quotidien, je suis également la presse féminine, les tapis rouges internationaux, les films grâce aux avant-premières afin de déceler la prochaine tendance pour me l'approprier et la détourner à ma façon. Que représente pour vous le caftan traditionnel ? Ne comptez-vous pas l'introduire dans vos collections ? Je suis particulièrement admiratif du savoir-faire sans cesse renouvelé que chaque caftan représente. J'ai créé une mini-gandoura en soie beige rebrodée pour introduire progressivement cette influence marocaine qui a d'ailleurs été bien perçue puisque la sublime Leila Hadioui l'a portée pour le tapis rouge du Festival du film de Marrakech cette année. Vous êtes un jeune créateur confirmé, quel est le secret de votre succès ? J'imagine que c'est l'acharnement dont je fais preuve qui a permis à mon travail de s'exprimer médiatiquement. Je considère que le talent est finalement beaucoup moins rare que la détermination dans l'univers de la mode, mais c'est pourtant cette dernière qui fait la différence entre les créateurs. Des projets à venir? Je me prépare à lancer une ligne de bagages griffée à mon nom avec la licence de marques aussi prestigieuses que Ines de La Fressange ou Torrente… D'ailleurs c'est juste au retour des Fashion Days, et je dois me replonger dedans pour ne pas accumuler du retard, à très bientôt à Marrakech !