Aid El Kébir reste la fête religieuse par excellence. Perpétuée par les uns, souhaitée par d'autres, elle ne cesse de se transformer en liesse populaire aux multiples contours socio-économiques. À l'instar des autres villes du Royaume, Oujda a célébré la fête d'Aid El Kébir dans la piété et l'allégresse. Un rituel religieux aux multiples facettes socio-économiques, mais surtout une occasion pour raffermir la solidarité sociale : valeur intrinsèque de tout un peuple. La fête commence le matin avec l'habituelle prière à la «Mssalla». Plus de 20.000 fidèles se sont donnés rendez-vous, cette année, à la nouvelle «Mssalla» qui se trouve juste à côté du saint patron de la ville Sidi Yahia. Les autres ont opté pour les mosquées de leurs quartiers pour éviter l'embouteillage qui suit la prière de l'Aid. L'habituel échange de vœux qui commence juste après la prière de l'Aid n'a pas changé car les fidèles continuent à s'embrasser malgré la menace de la grippe porcine. Juste après le coup de sirène municipal annonçant que le Mufti de la ville a procédé à l'égorgement du mouton, toutes les maisons s'activent. «Il faut faire vite», explique Haj Mehdi. Et d'ajouter : «Il faut saigner soi-même sa bête». Contrairement à ce sexagénaire, les plus jeunes préfèrent faire appel à un boucher : 100 DH pour le travail complet. D'autres jeunes par solidarité le font bénévolement à la place de personnes âgées ou malades. Le premier jour est marqué par deux événements majeurs ; l'égorgement du mouton avec la traditionnelle grillade de foie à la crépine. Une fois le petit déjeuner servi souvent entre 10 et 11h, c'est au tour des visites familiales. Souvent ce sont les moins âgés qui rendent visite à leurs parents et proches. C'est aussi un jour pour rendre hommage aux personnes décédées, en visitant leurs tombes pour invoquer Dieu en leur faveur. Plusieurs fkihs psalmodient des versets coraniques contre quelques dirhams. Le deuxième jour de l'Aïd est réservé au dépeçage du mouton. L'honneur est laissé au père de la famille qui procède au découpage en impliquant toute sa famille. «C'est une tradition à faire perpétrer», note encore Haj Mehdi. D'autres recourent au boucher. C'est une nouvelle tendance. Le dépeçage est effectué à cinquante dirhams et dure entre 10 et 20 minutes selon le poids du mouton. «Chez le boucher le dépeçage se fait dans les normes de l'art et de l'hygiène», avancent les habitués aux services du maâlem «guezzar». Et si le boucher est toujours en place, les «fernagjis» ont presque disparu. Ils sont remplacés par des jeunes qui aiment se faire de l'argent de poche. Ces derniers confectionnent des espaces de grillade de tête de mouton pour 7 DH la pièce. «J'ai de quoi prendre mon café et acheter mon paquet de cigarettes pour au moins un mois», rapporte le jeune Radouane à ALM. Par ailleurs, ce sont les photographes des places qui regrettent le passé. «Il y a à peine trois ou quatre ans, on faisait de bonnes recettes : entre 5.000 et 8.000 DH de bénéfices en 10 jours», explique Mohammed Sader à ALM. «Durant le premier jour de ce Aid, j'ai fait 400 DH de recettes dont 148 DH pour développer les photos», renchérit-il avec amertume.