Ayant participé à quatre tables rondes, l'Algérie a décidé cette-fois-ci de se désengager de ce processus de négociations, supervisé par l'ONU, pour la recherche d'un règlement de la question du Sahara, en dépit des résolutions pertinentes et claires du Conseil de sécurité, recommandant de nouvelles tables rondes et la présence expresse de l'Algérie. Le rejet du format des tables rondes et le refus de la participation de l'Algérie aux négociations, s'inscrivent dans le cadre d'une nouvelle stratégie diplomatique de l'Algérie, suite à la débandade diplomatique de l'Algérie au niveau international, et le peu de crédit accordé désormais aux thèses de l'Algérie sur ce dossier, parallèlement au retour en force du Royaume du Maroc sur la scène diplomatique africaine et mondiale. L'Algérie a enregistré un net recul sur le plan diplomatique au niveau international, marqué notamment par un retrait massif des reconnaissances de la RASD, l'ouverture d'une trentaine de consulats à Laayoune et Dakhla, la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur son Sahara par les Etats unis. Ce recul va de pair avec une instabilité politique intérieure permanente, une gouvernance militaire despotique, des pénuries alimentaires récurrentes dans un pays pétrolier et gazier, la répression de l'opposition et des journalistes libres. Ce triste constat est illustré par le grand nombre d'exilés et de réfugiés politiques algériens à l'étranger, issus de l'armée ou de l'opposition civile, lesquels accentuent, via les réseaux sociaux, la pression sur le pouvoir militaire et dénoncent ses pratiques contre les libertés et les droits de l'homme et réclament la mise en place d'un régime démocratique civil. Ayant réévalué sa gestion diplomatique de la question du Sahara, l'Algérie a considéré à tort que la normalisation des relations diplomatiques avec le Royaume, en 1988, était la première cause de ses échecs cumulés au niveau diplomatique. Elle décida ainsi de rompre ses relations avec le Maroc au mois d'Aout 2021, invoquant des arguments fallacieux et sans fondement, voire même risibles, notamment le conflit armé de 1963, qui remonte à 58 plus tôt et dont l'Algérie porte la lourde responsabilité de l'éclatement. Bien plus, Alger décide l'interdiction du survol de son espace aérien par des avions marocains, et la suspension de ses fournitures de gaz à l'Espagne (13 milliards de mètres cubes), via le gazoduc Europe-Maghreb, simplement parce qu'il transite par le territoire marocain, et donc la suspension de ses livraisons de gaz au Maroc (700 millions de mètres cubes), sachant que ces fournitures ne sont pas gratuites. Le principal importateur est bien évidemment l'Espagne et non le Maroc. A ce titre, Alger met en place une nouvelle structure diplomatique pour suppléer le ministre des affaires étrangères, en désignant «un envoyé spécial chargé du Sahara», une nomination qui vient tout naturellement étayer, s'il en est encore besoin, l'implication flagrante et le rôle décisif joué par l'Algérie dans la persistance de ce conflit et les entraves qui compromettent le règlement de ce dossier. Un «pays voisin, observateur», statut que revendique désormais ce pays, ne devrait théoriquement pas s'opposer à un processus onusien, dont la forme est arrêtée par le Conseil de sécurité, pour la recherche d'un règlement à la question du Sahara. A la stupéfaction générale, Alger réfute, dénonce et condamne tout l'héritage colonial mais en revendique paradoxalement une de ses graves séquelles en Afrique, qui a engendré la partition des nations, à savoir « l'intangibilité des frontières », y compris dans le cas de Sebta et de Melillia. Plusieurs pays et partenaires de l'Algérie ont pris leur distance vis-à-vis de la junte algérienne, depuis 1988, date à laquelle l'armée, «héritière de l'armée de libération» a tiré sur une foule de manifestants qui protestaient contre des pénuries alimentaires récurrentes. La propagande présentant l'Algérie comme un pays «progressiste», «la Mecque des révolutionnaires», qui se tient aux côtés des «causes justes » s'est complètement effondrée et s'est encore amplifiée, lorsque cette même armée a tué impitoyablement 200.000 algériens, durant la décennie noire, pour s'être simplement opposés à l'annulation des élections législatives. L'assassinat du président Boudiaf, retransmis en direct à la télévision, a encore enfoncé le discrédit sur ce régime qui vivait et continue de vivre de la rente de la révolution et des trafics de tous genres. S'en tenir au référendum d'autodétermination au profit de quelques 2000 séparatistes sahraouis des camps de Tindouf au total, selon les services de renseignements espagnols, les autres populations étant originaires de Mauritanie, du Mali, du Niger et de Cuba, et le refuser à 40 millions d'Algériens, reste un des multiples paradoxes du régime algérien, sachant que l'autonomie est une forme d'autodétermination, qui a été pratiquée dans plusieurs situations dans le monde. *Journaliste et écrivain