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La Syrie aux portes des accords d'Abraham : les effets d'un tel basculement historique se feraient sentir de Rabat à Moscou
Publié dans Barlamane le 19 - 06 - 2025

L'éventuelle adhésion de la Syrie aux accords d'Abraham, à la faveur d'un renversement diplomatique orchestré par Washington, pourrait bouleverser les équilibres géopolitiques au Moyen-Orient et bien au-delà. À l'issue d'une rencontre tenue le 14 mai entre le président américain Donald Trump et le président syrien par intérim Ahmed al-Charaa, les Etats-Unis ont proposé la levée complète des sanctions en échange d'un ralliement officiel de Damas à l'accord de normalisation. Selon plusieurs sources diplomatiques, cette perspective constitue une ligne de fracture décisive entre anciens alliés et nouveaux partenaires, dans une région où chaque redéploiement stratégique redéfinit les appartenances.
«Damas pourrait reconfigurer les alliances régionales, mettre à l'épreuve d'anciennes loyautés et introduire un nouveau calcul stratégique au Levant», note un récent rapport de l'ORF Middle East. Si cet alignement stratégique venait à se concrétiser, soutient la note, «ses répercussions se feraient sentir de Rabat à Moscou.» Cette inflexion majeure, portée par l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis (EAU), Bahreïn et le Maroc, redonne à la Syrie une centralité diplomatique qu'elle avait perdue depuis l'effondrement du régime de Bachar al-Assad.
Les monarchies du Golfe misent sur une Syrie pacifiée et rentable
Les Emirats, qui ont rouvert leur ambassade à Damas dès 2018, ont œuvré en coulisses à une médiation sécuritaire entre Israël et la Syrie. Bien que circonspect, le conseiller diplomatique émirien Anwar Gargash aurait reconnu l'importance du dialogue avec un dirigeant désormais perçu comme plus modéré : «les Emirats engagent le dialogue avec lui, en dépit de son passé au sein d'un groupe affilié à Al-Qaïda», rapporte la note. À Manama, l'approche est similaire. Bahreïn a conditionné son soutien à un respect explicite des engagements en matière de lutte contre le terrorisme et de protection des minorités. Une délégation bahreïnie s'est rendue à Damas pour évoquer des échanges de renseignements, la réintégration des déplacés et les perspectives d'investissements dans la reconstruction.
Cette normalisation vise des retombées concrètes : «Abu Dhabi espère décrocher des contrats de reconstruction chiffrés en milliards, dans les domaines des infrastructures et de l'énergie, tout en consolidant son influence face à Téhéran.» De son côté, Manama cherche à approfondir sa coopération sécuritaire et à rehausser son profil régional. En filigrane, l'objectif est clair : «la stabilité régionale est une condition sine qua non pour préserver leurs intérêts économiques, car le chaos dans le Levant déborde toujours au-delà de ses frontières immédiates.»
Le Maroc rouvre la voie diplomatique avec Damas
Le Maroc n'est pas en reste. Rabat a publiquement salué la réintégration de la Syrie au sein de la Ligue arabe et annoncé son intention de rouvrir son ambassade à Damas. Cette décision s'inscrit dans une volonté de réactivation des échanges commerciaux, touristiques et d'investissement entre les deux pays. Le Maroc entend capitaliser sur la détente diplomatique pour reprendre une relation bilatérale longtemps figée par les crises régionales.
Pour les signataires actuels des accords d'Abraham, une Syrie réintégrée représente un renfort stratégique mais aussi un pari risqué. Tel-Aviv reste sur ses gardes. Les frappes israéliennes en territoire syrien se sont même intensifiées depuis la prise de fonction d'al-Charaa, qualifié par les autorités israéliennes de «djihadiste affilié à Al-Qaïda». Toutefois, Israël n'exclut plus une normalisation conditionnelle : «une adhésion de la Syrie doit être fondée sur des critères précis : démantèlement des groupes armés, interdiction des organisations terroristes et garanties accordées aux minorités».
La question du Golan demeure l'obstacle majeur. Annexé par Israël en 1981, ce plateau stratégique reste au cœur du contentieux. «Al-Charaa ne saurait raisonnablement rallier les accords sans ouvrir de véritables négociations sur la restitution, partielle ou totale, du Golan», observe l'ORF. Bien que le chef d'Etat intérimaire ait évoqué une adhésion possible «dans les bonnes conditions», il a également rappelé que «la récupération du Golan n'est pas négociable». Israël, de son côté, voit dans un compromis sur le Golan une garantie de stabilité à sa frontière nord-est et un verrou contre l'influence iranienne.
L'axe de la résistance se fragilise
Le possible ralliement de la Syrie aux accords d'Abraham marque un tournant pour l'axe dit «de la résistance», piloté par l'Iran, et composé du Hezbollah, du Hamas, des Houthis et des Forces de mobilisation populaire (PMF) irakiennes. La chute de Bachar al-Assad, qui assurait la continuité logistique entre Téhéran et ses relais armés, constitue une perte stratégique d'ampleur. Le Hezbollah a reconnu la gravité de la situation, qualifiant ce changement de «transformation majeure et périlleuse».
Les Houthis, privés d'un corridor d'acheminement via la Syrie, et les PMF, dont les manœuvres transfrontalières sont désormais surveillées, voient leur liberté d'action compromise. Quant à Hamas, l'éviction d'Assad et la fermeté d'al-Charaa à l'égard des milices étrangères fragilisent sa présence régionale. «La posture offensive des groupes pro-iraniens pourrait céder la place à une recomposition défensive ou diplomatique», poursuit le rapport, évoquant un possible repli vers des réseaux économiques décentralisés ou des ouvertures vers Moscou.
Au Liban, cette dynamique pourrait précipiter une marginalisation du Hezbollah. Le président Joseph Aoun explore ouvertement des scénarios de désarmement des milices transfrontalières. À Bagdad et à Sanaa, la pression américaine pousse les milices à reconsidérer leur position : «des responsables irakiens et yéménites, en quête de légitimité internationale et d'allégements de sanctions, pourraient accélérer l'intégration des forces paramilitaires dans des structures étatiques».
Moscou s'adapte mais perd de l'influence
L'entrée de la Syrie dans les accords d'Abraham bouscule aussi les calculs russes. Après avoir offert l'asile à Bachar al-Assad, Moscou s'efforce de maintenir ses liens avec un régime désormais réorienté vers l'Occident. Le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a condamné les milices actives en Syrie tout en annonçant l'ouverture de discussions avec le gouvernement d'al-Charaa, en quête d'un arrangement sur les bases navales et aériennes russes de Tartous et Khmeimim.
Un compromis paraît envisageable : «les installations militaires russes pourraient subsister en échange d'un soutien diplomatique et de compensations financières.» Cependant, le parrainage américain de la reconstruction syrienne réduit l'incitation pour Damas à poursuivre son alignement avec Moscou. Israël pousse, de son côté, pour une Syrie affaiblie, à la gouvernance morcelée, mais tolérante à la présence militaire russe afin de contenir l'influence turque et les factions islamistes appuyées par Ankara, notamment Hayat Tahrir al-Cham.
Les divergences au sein de l'administration Trump compliquent ce jeu d'équilibre. Certains responsables souhaitent expulser les forces russes, d'autres estiment qu'un retrait précipité compromettrait les négociations en cours. Ce qui demeure certain, note le rapport, c'est que «l'adhésion de la Syrie aux accords d'Abraham obligera chaque acteur à revoir ses hypothèses les plus enracinées sur l'ordre régional.»
La légitimité du gouvernement intérimaire demeure toutefois fragile. Le vide institutionnel est tel que l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a mis en garde contre «un risque réel de résurgence des conflits et d'un émiettement plus profond encore». Mais il a également reconnu que «la levée des sanctions pourrait offrir une chance concrète de reconstruction».


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