Le gouvernement et les principales centrales syndicales poursuivent leurs échanges tendues sur la refonte des régimes de retraite, dont l'équilibre financier demeure précaire. Les discussions, amorcées mi-juillet, mettent en lumière des divergences profondes, notamment sur la question du relèvement de l'âge légal et des prélèvements sur les salaires. Le 18 juillet, le gouvernement a convoqué une commission nationale chargée d'examiner l'avenir des caisses de retraite. Cette rencontre inaugurale, à laquelle ont pris part l'Union marocaine du travail (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT) et la Fédération démocratique du travail (FDT), a exposé les grandes lignes d'une réforme que l'exécutif juge indispensable pour préserver la viabilité des fonds. L'exposé officiel a souligné la nécessité de «protéger les droits des retraités tout en garantissant la pérennité des régimes», estimant qu'une approche concertée devait émerger de ce cycle de négociations. Les systèmes actuels couvrent 4,8 millions de cotisants contre 1,4 million de bénéficiaires, pour des prestations annuelles chiffrées à 67,2 milliards de dirhams. Selon les données communiquées, le déficit du principal fonds public s'est établi à 9,8 milliards de dirhams en 2023, avec une projection d'épuisement des réserves à l'horizon 2028. Refus syndical du «triptyque maudit» Face à ces projections, l'Union marocaine du travail a dénoncé ce qu'elle qualifie de «triptyque maudit» – élévation de l'âge légal de départ de 60 à 63 ans, hausse des taux de cotisation et réduction des pensions. «Le coût de la réforme ne saurait être supporté par les salariés», a-t-elle déclaré, estimant que les déficits proviennent d'orientations publiques erronées et non d'un déséquilibre démographique imputable aux travailleurs. La Confédération démocratique du travail (CDT) et la Fédération démocratique du travail (FDT) partagent ce constat et appellent à une refonte globale qui unifierait les régimes et préserverait la dignité des retraités. Elles exigent en outre une gouvernance plus rigoureuse et une transparence accrue dans la gestion des caisses. Un dialogue social sous tension Le gouvernement, de son côté, insiste sur l'urgence d'une réforme destinée à stabiliser durablement les finances des caisses. «Il s'agit d'une question de survie des fonds et de préservation des droits acquis», affirme-t-il, tout en promettant une méthode fondée sur la concertation et la confiance mutuelle. Les négociations s'annoncent ardues : les syndicats ont réitéré leurs «trois refus» et exigent l'ouverture d'un véritable dialogue social. Ils réclament par ailleurs une meilleure gouvernance des fonds et une augmentation des pensions jugées insuffisantes face au coût de la vie.