Après des mois de silence, le gouvernement relance les discussions autour de la réforme des retraites. Mais ce retour au dialogue se fait sans orientation claire, alimentant les inquiétudes des syndicats et des citoyens face à une réforme tant attendue. Sur invitation du chef du gouvernement, les centrales syndicales marocaines se sont réunies jeudi 17 juillet pour aborder un dossier aussi ancien que sensible, notamment celui des caisses de retraite, aujourd'hui menacées d'asphyxie financière. Mais en l'absence de propositions concrètes, la relance du dialogue social a rapidement tourné à la confrontation. Selon les médias, les syndicats convoqués, notamment la Confédération démocratique du travail (CDT) et l'Union marocaine du travail (UMT), ont été surpris de constater qu'aucun document de cadrage, aucune étude d'impact, ni plan précis n'était présenté à cette réunion. Une reprise jugée « vide de sens » pour certains, dénonçant ce qu'ils perçoivent comme une tentative du gouvernement de gagner du temps sans véritable volonté d'avancer. Lire aussi : Dossier des retraites : consensus sur la nécessité d'une solution à un horizon garantissant une vision claire Or, la situation est critique. Après des années de mauvaise gestion et d'accumulation de dettes, les régimes de retraite frôlent la faillite. Pour les syndicats, il est hors de question de repartir de zéro. Dans une déclaration à la presse, un responsable syndical de la CDT a affirmé que les conclusions de la commission nationale pour la réforme des retraites sont déjà disponibles, et il n'est pas question, selon lui, de « réinventer la roue ». Au centre des tensions, notamment ce que les centrales appellent le « triangle maudit », à savoir : repousser l'âge légal de départ, augmenter les cotisations et réduire les pensions. Une combinaison inacceptable selon les syndicats, qui dénoncent une triple peine infligée aux travailleurs. De son côté, l'UMT rejette fermement l'idée que les salariés soient les seuls à supporter le coût du redressement des caisses de retraite, estimant que la réforme doit reposer sur un effort partagé. En outre, la méfiance est d'autant plus forte que certaines institutions publiques et semi-publiques n'ont pas encore honoré leurs cotisations, aggravant le déficit des régimes. Certains syndicats dénoncent deux poids, deux mesures, s'interrogeant sur la légitimité de demander des efforts aux travailleurs alors que plusieurs organismes ne s'acquittent pas de leurs propres obligations. Du côté du gouvernement, le silence domine. Conscient de la portée sociale de cette réforme, l'exécutif semble avancer à pas mesurés. Mais attendre davantage pourrait avoir des conséquences irréversibles. Tout nouveau retard ferait courir le risque d'un effondrement pur et simple des caisses de retraite, selon certains syndicats.