La Banque mondiale (Banque internationale pour la reconstruction et le développement – BIRD) a publié le 26 mars 2025 son Rapport de suivi de la situation économique au Maroc – Hiver 2025, rédigé par Javier Díaz-Cassou et ses collègues du département Politique économique (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Ce document met en relief non seulement la reprise économique du pays, mais insiste sur les faiblesses structurelles de son capital humain. Le rapport souligne en particulier que la participation des jeunes Marocains à l'enseignement supérieur demeure limitée, freinant la productivité et l'intégration professionnelle dans un marché du travail déjà marqué par des tensions persistantes. Un taux de participation universitaire inférieur à 20 % La Banque mondiale constate que «la participation des jeunes marocains à l'enseignement tertiaire demeure inférieure à 20 %». Elle précise que «seulement environ un cinquième des jeunes en âge universitaire poursuivent des études supérieures». Ce taux de scolarisation, bien qu'en progression lente depuis deux décennies, reste en deçà de la moyenne des pays à revenu intermédiaire. Le rapport insiste sur le fait que cette situation limite la capacité du Maroc à constituer une main-d'œuvre hautement qualifiée. Les auteurs notent que l'écart est particulièrement marqué pour les filières scientifiques et techniques, alors même que l'économie marocaine s'oriente vers des secteurs nécessitant des compétences élevées. Le texte rappelle que «la faible participation aux études supérieures limite la productivité du pays à long terme et ralentit l'adaptation de son marché du travail aux mutations mondiales». Un capital humain insuffisamment valorisé Le rapport souligne que les progrès réalisés au niveau de l'enseignement primaire et secondaire ne suffisent pas à compenser les failles de l'enseignement supérieur. Il relève que «les taux de scolarisation secondaire se sont améliorés, mais la transition vers l'université reste marquée par des ruptures». Les jeunes issus de zones rurales, en particulier les jeunes femmes, rencontrent des obstacles structurels pour accéder aux études supérieures, liés au coût, aux infrastructures et aux normes sociales. La Banque mondiale établit un lien direct entre ce déficit éducatif et la faiblesse de l'emploi formel. Elle précise que «la faible proportion de diplômés de l'enseignement supérieur réduit le vivier de compétences disponibles pour les entreprises et contribue à la lenteur de la création d'emplois de qualité». Dans un marché déjà marqué par un chômage urbain de 16,9 % et une progression de l'emploi limitée à 1,5 % sur la dernière décennie, ce déficit de qualifications aggrave les déséquilibres. Le rapport conclut que «l'éducation supérieure au Maroc demeure un maillon fragile du capital humain». Il recommande de développer l'accès aux études universitaires, d'accroître la capacité d'accueil des institutions et de mettre l'accent sur les disciplines scientifiques et techniques, indispensables à la compétitivité internationale du pays.