La polémique autour de la fusion-absorption de la BMAO par la BNDE bat son plein. Le premier round de la bataille juridique a tourné en faveur des actionnaires minoritaires de la BMAO qui ont obtenu l'annulation de l'Assemblée Générale Extraordinaire qui Largement commentés par la presse locale, les évènements qui entachent le processus de fusion-absorption de la BMAO par la BNDE occupent actuellement les devants de l'actualité. Par une alchimie qui a manifestement échappé à la compréhension des actionnaires minoritaires de la BMAO, la BNDE a proposé le rachat des actions de la première citée à 45 DH, à savoir une action BNDE (450 DH) contre 10 actions BMAO (45 DH). Les actionnaires minoritaires n'ont pas hésité à porter l'affaire en Justice. Le tribunal a tranché en leur faveur en annulant l'AGE qui devait entériner le projet de fusion. Les textes relatifs à la loi sur la SA sont pourtant on ne peut plus clairs : pour qu'il y ait action en Justice, les actionnaires minoritaires doivent détenir au moins 10% du capital social. Ceux de la BMAO n'en avaient que 5,75% : la BNDE a fait donc appel qui sera sans aucun doute édifiant pour la jurisprudence. Egalement, il faut qu'il y ait entière indépendance entre les commissaires aux comptes et l'évaluateur externe. Or, pour l'avocat défenseur de ces actionnaires minoritaires, Me Mohamed Berrada, il y a eu violation de l'article 40 de la loi bancaire de juillet 1993 et les articles 232 et 233 de la loi sur la SA, d'autant que " Price Waterhouse Coopers, commissaire aux comptes de la BNDE, a aussi procédé à son évaluation dans le cadre de la fusion." Cet argument, réfuté par les dirigeants de la BNDE qui indiquent que c'est Price Waterhouse Conseil qui est l'auditeur externe, aura à l'évidence pesé de tout son poids sur la balance, puisqu'il a convaincu le tribunal. Tout laisse croire, de fait, qu'on est parti pour un feuilleton juridique qui risque de s'éterniser et de retarder davantage le projet de fusion. Mais au-delà de cette affaire, c'est la privatisation de la BNDE qui est actuellement remise en cause, d'autant qu'elle doit intervenir après la fusion-absorption de la BMAO. Spécialisée dans le financement à long et à moyen termes des investissements industriels où elle détient une part de marché de 40 à 45%, l'annonce de la cession des 43,53% de son capital n'a pas, de toute évidence, fait bondir les investisseurs. Bien au contraire, l'appel d'offres lancé aura été boudé par ces derniers. Actuellement, l'Etat cherche des partenaires stratégiques et éprouve visiblement des difficultés à céder tout ou partie des 34,57% qu'il détient dans le capital de la BNDE . Le reliquat éventuel sera cédé par offre publique de vente à la Bourse de Casablanca où le titre enregistre de piètres performances.