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Credit bureau : «Quantik Score changera le process d'octroi de crédit»
Publié dans Finances news le 15 - 10 - 2018

- Yacine Faqir (photo), Directeur général de Quantik Maroc, délégataire de Bank Al-Maghrib pour la gestion de sa centrale des risques, nous éclaire sur les grandes lignes de la stratégie en cours de développement pour le Maroc. Une stratégie qui fait de l'accès à la Data un catalyseur de l'industrie du crédit.
- Quantik Score, une version améliorée du rapport de solvabilité produit par Quantik Maroc, sera lancée d'ici fin 2018.
- Au-delà de son rôle d'outil d'aide à la gestion des risques pour les banques, Quantik Maroc s'inscrit aussi dans une logique orientée consommateur.


Finances News Hebdo : Au vu de votre expérience à l'international, quel regard portez-vous sur l'écosystème du crédit au Maroc, notamment dans son volet «analyse et gestion des risques» ? Comment le pays se situe-t-il par rapport au benchmark ?
Yacine Faqir : Tout d'abord, il faut se féliciter d'avoir une institution comme Bank Al-Maghrib dans la supervision de notre système bancaire. La notion de risque et ses outils sont bien ancrés dans la mentalité de nos dirigeants. Dans l'absolu, le métier d'analyse de risque au niveau des banques est maîtrisé, mais certains aspects systémiques posent encore de gros problèmes de transparence et peuvent cacher des vulnérabilités majeures. Je fais allusion plus particulièrement au taux d'exposition et de risques associés à des groupes ou holdings. Pour apprécier pleinement leur niveau de risque et leur solvabilité, il faut connaitre toutes leurs ramifications actionnariales; sinon la faillite d'un acteur économique majeur peut entraîner la déconstruction de toute une industrie, comme cela a pu être le cas dans d'autres pays.
En ce qui concerne le crédit aux personnes physiques, l'adoption des services du Credit Bureau a permis aux banques de maîtriser le risque de surendettement et mieux apprécier la solvabilité de ses clients. Ce n'est pas pour rien que la consultation du rapport de solvabilité d'une personne physique ou morale est obligatoire avant l'octroi de tout crédit au Maroc.
Selon une récente étude de McKinsey, le Maroc, l'Egypte, le Nigeria, l'Afrique du Sud et l'Angola sont le top 5 des marchés bancaires les plus porteurs du continent; le Maroc sera le quatrième marché du crédit le plus dynamique d'ici 2022.
Il faut que l'industrie marocaine du crédit capitalise sur sa maîtrise du risque et la combine avec une posture plus agressive et créative de captation de nouvelle clientèle pour garantir cette croissance.

F.N.H. : Le consommateur est-il, selon-vous, suffisamment sensibilisé aux enjeux et opportunités offertes par les centrales des risques ?
Y. F. : Je vous invite à faire l'exercice dans la rue et demander à 100 personnes si elles savent ce qu'est un Credit Bureau : estimez-vous heureux d'en trouver une !
Malheureusement, le consommateur est celui qui profite le moins des services qu'offre le Credit Bureau. Dans un écosystème idéal, en l'occurrence celui auquel Quantik veut tendre, la discipline d'un consommateur, reflétée par son rapport de solvabilité et son score, a pour vertu de créer une confiance auprès d'une institution financière. Mais si ce même consommateur ne sait pas qu'un Credit Bureau existe, la question légitime qu'il peut se poser est : «pourquoi me discipliner ? Finalement, un ou deux mois de retard de paiement ce n'est pas bien grave…».
Si le consommateur savait que son comportement de paiement faisait l'objet d'une analyse approfondie pour déterminer sa solvabilité, et in fine, pour valider les conditions de son financement, il est évident qu'il ferait les choses différemment.
C'est justement là que Quantik voit une opportunité de faire évoluer les choses, remettre le citoyen marocain aux manettes de sa propre data, lui faire comprendre qui nous sommes, ainsi que percevoir nos produits comme un outil à son avantage. C'est un chantier gargantuesque qui ne pourra véritablement prendre forme que si tous les acteurs de l'écosystème jouent le jeu.

F.N.H. : Comment est-il possible de réduire l'asymétrie d'information et faciliter l'accès au crédit ?
Y. F. : Plus de data doit rimer avec plus d'accès au crédit. Notre rôle en tant que Credit Bureau est de faire parler la donnée. Plus nous arrivons à collecter des données et à les convertir en outil de prise de décision optimisée, plus les banquiers auront confiance pour prêter de l'argent.
C'est la raison pour laquelle vous voyez autant de start-up qui ont éclos dans l'analyse de comportement digital en capitalisant sur les habitudes de consommation de réseaux sociaux pour prêter de l'argent. L'Afrique subsaharienne est d'ailleurs l'un des plus grands incubateurs de cette approche.
A mon sens, il y a un effort à fournir dans la démystification de la data, qui a mauvaise presse à cause du risque de fuite de données personnelles et de leur utilisation frauduleuse, comme ce fut le cas lors du dernier scandale Facebook. Mais, avec les risques, viennent aussi des opportunités : notre continent a besoin d'argent, le crédit demeure l'un des plus grands leviers de développement économique et l'accès à la data sera son catalyseur.

F.N.H. : Aujourd'hui, le rapport de solvabilité est le service-phare délivré par les Credit Bureau au Maroc? Peut-on aller au-delà et proposer des services à plus grande valeur ajoutée ?
Y. F. : Le premier Credit Bureau a vu le jour au Maroc en 2008 et effectivement le rapport de solvabilité est historiquement le produit-phare de notre métier. Mais c'est ce qu'il contient, sa qualité et la compréhension que les banquiers en ont, qui font toute la différence.
L'approche de Quantik a été de voir comment améliorer ce rapport en le rendant plus pertinent, ce dont nous ont félicité nos clients. Le produit star, dérivé de la masse de données que nous avons, est sans conteste le tant attendu «Quantik Score» qui sera lancé d'ici fin 2018.
En résumé, le score prédictif est un numéro à 3 chiffres sur un barème de 250 à 950, qui détermine la probabilité de défaut d'une personne physique ou morale basée sur son comportement de paiement. Mais sa subtilité demeure dans son pouvoir de prédiction. Le savoir-faire dans la construction d'algorithmes est capital pour le développement de ce type de produit. Nous avons la chance d'avoir un centre technologique dirigé par une référence dans le domaine, Kelyn Pena, qui a construit des modèles de scoring complexes pour Caltec, l'un des, si ce n'est le plus technologiquement avancé Crédits Bureaux en Amérique latine.
Nous sommes convaincus que l'arrivée du Quantik Score changera le process d'octroi de crédit des banques pour le mieux; il devra en parallèle devenir une seconde nature pour les consommateurs aussi.

F.N.H. : L'ouverture de l'activité du Crédit Bureau aux données non financières est un chantier sur lequel travaille la Banque centrale. En quoi cet élargissement du périmètre est-il important ?
Y. F. : Des études montrent que le comportement de paiement de «petites factures» type téléphone, eau, électricité en disent plus sur l'assiduité d'un emprunteur que le paiement d'échéances de crédit.
Prenez l'exemple d'une personne qui n'a jamais pris de crédit et pour qui il n'existe aucune information financière. Si cette personne se montre disciplinée dans ses redevances et veut demander un crédit, le banquier peut plus facilement extrapoler un comportement et baser sa confiance sur de l'existant.
C'est d'autant plus vrai dans la microfinance où les agriculteurs sont en général non bancarisés et demandent de petits montants. In fine, quand vous combinez des informations type opérateur téléphonique, régie d'eau et d'électricité, crédits (consommation, automobile, immobilier), vous avez une vision à 360° du consommateur, ce qui est optimal pour une prise de décision «crédit».
Mais c'est aussi un outil formidable pour le citoyen (ou l'entreprise) qui, pleinement conscient de son avantage, peut se servir de sa bonne discipline pour demander de meilleurs taux ou de meilleures conditions de financement.
L'accès aux données du Bureau sera également générateur de nouvelles opportunités pour les opérateurs téléphoniques qui pourront offrir des produits et services plus adaptés à leurs clients. C'est pour cela que l'élargissement aux données alternatives devra impérativement être accompagné d'une stratégie profonde de sensibilisation et d'éducation financière pour que le consommateur ainsi que le fournisseur de données soient les acteurs de ce changement. Mais au cœur de cette matrice, Quantik sera en quelque sorte la cheville ouvrière de ce cercle vertueux.

F.N.H. : Comment la technologie en général et la data en particulier peuvent-elles contribuer à améliorer l'industrie des crédits ? Le Maroc n'est-il pas à la traîne sur ces questions ?
Y. F. : Cela revient à tout un écosystème de voir les nouvelles technologies et la data comme une opportunité plutôt qu'une menace. Les banques doivent embarquer sur l'intégration de la blockchain dans la conception de leur système, tout comme nous faisons dans notre centre de développement. Ils doivent explorer les applications de l'intelligence artificielle dans leurs outils de prise de décisions, tout comme nous le faisons pour améliorer nos solutions.
L'industrie du crédit, et la banque en général, sont touchées de plein fouet par toutes ces avancées technologiques. La question n'est plus si nous allons les adopter, mais plutôt quand et comment. La vague de digitalisation en cours en est le parfait exemple. Il y a certains établissements au Maroc qui sont en phase avec le moment, mais ce n'est pas une tendance générale.
Pour répondre à la question, «Sommes-nous à la traîne ?», je dirais plutôt que nos mentalités n'évoluent pas au rythme de la révolution techno-data en cours. Je reste cependant entièrement convaincu que nous avons tous les ingrédients pour faire du Maroc un exemple pour le reste de l'Afrique en termes d'accès au financement. Du courage, du bon sens et de l'audace dans l'adoption de nouvelles technologies dans un écosystème de données plus ouvert vont devoir converger pour façonner le Maroc de demain. ■


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