La CGEM a passé des messages très forts au patronat et au gouvernement espagnols. Le marché marocain des assurances a atteint un niveau de maturité pour être libéralisé. Le point avec My Hafid El Alami, Président de la CGEM. w Finances News Hebdo : Quel est le bilan de votre rencontre avec le patronat espagnol ? My Hafid El Alami : Le bilan est excellent. Nous avons pu encore mesurer lintérêt que peuvent porter des pays développés comme lEspagne à un pays comme le Maroc. On a constaté que la crise a atteint des niveaux catastrophiques dans ces pays. Aujourdhui, ils ont de réels problèmes et nous détenons une partie de leur solution. Cest extrêmement intéressant. Nous avons, à travers cette mission, passé les messages que nous souhaitions : nous ne connaissons pas la crise que vous connaissez. Nous sommes une opportunité. Nous sommes un pays avec des règles. Nous avons des choses à partager. Nous avons beaucoup de business à développer avec vous. Un avenir en commun à construire. Eux, ils sont conscients de ce constat. Laccueil était très chaleureux, aussi bien de la part du patronat espagnol que du Roi dEspagne. Nos relations bilatérales se consolident dannée en année et se nourrissent daffinités très fortes qui existent entre les deux pays. Le quart de nos échanges avec lEurope se fait avec lEspagne. Leur remarquable progression est mutuellement bénéfique. w F.N.H. : Est-ce quil y avait des secteurs prioritaires dans votre agenda ? w M.H.E. : Nous sommes à notre dixième réunion entre les deux patronats. On se connaît très bien. On se connaît non seulement secteur par secteur, mais affaire par affaire. Les relations sont très denses et très vives. On sait ce qu'on doit faire et ce quon ne doit pas faire. Cest une démonstration non politique de la qualité des relations économiques. Nous sommes engagés à accompagner des entreprises espagnoles qui veulent investir au Maroc. Cest très important pour nous. Nous avons des messages dopérateurs économiques pour opérer des changements comme la non-double imposition qui existe dans la théorie et non dans la pratique. Nous avons également demandé un appui auprès du patronat européen. w F.N.H. : Est-ce quil y a eu des recommandations ? w M.H.E. : La principale recommandation concerne la rédaction dune lettre conjointe des patronats espagnol et marocain à destination du patronat européen afin de consolider nos revendications auprès de lUE dans le cadre du statut avancé accordé au Maroc. w F.N.H. : Pourquoi avez-vous insisté sur le volet transparence dans loctroi des marchés publics au Maroc, notamment le mécanisme des appels doffres lors de votre réunion avec le patronat espagnol ? w M.H.E. : Jai insisté sur la méthodologie des appels doffres établie au Maroc. On nous a demandé dêtre transparents, on est passé de la démarche gré à gré à une démarche tout à fait transparente dappel doffres ouverts à tout le monde. Nous sommes contre le retour aux anciennes méthodes. La partie espagnole a compris notre démarche. Nous sommes prêts à soutenir tous nos partenaires qui acceptent de jouer le jeu de la transparence. w F.N.H. : Dans vos discussions vous avez également évoqué les assurances, notamment le volet libéralisation? Est-ce que ce volet est arrivé à un certain niveau de maturité pour être libéralisé ? w M.H.E. : La direction des assurances a décidé de libéraliser le secteur. Il est arrivé à un niveau de professionnalisme et de maturité lui permettant de se confronter la concurrence étrangère en toute quiétude. w F.N.H. : Les contraintes de libéralisation imposent lexistence de compagnies de grande dimension ; la tendance à la concentration ou à la fusion nest-elle pas à lordre du jour ? w M.H.E. : Les concentrations ou les fusions ne sont pas liées forcément au processus de libéralisation mais à dautres facteurs comme lenvironnement du marché. Mais loctroi de nouveaux agréments doit être strictement contrôlé comme dans tous les pays du monde. Léconomie marocaine, ce nest pas la pagaille. Elle devient de plus en plus structurée. Le Maroc devient organisé de la même manière que les autres pays libéraux. Nos lois et règlements simposent à tout le monde, aussi bien aux nationaux quaux étrangers. Cest ça, la démocratie.