Au Mali, le 26 mars, marque officiellement la fin de la période de transition qui s'est ouverte avec le coup d'État militaire d'août 2020. Cependant, en dépit des engagements pris par les autorités de la transition, dans les faits, elles sont toujours bien en place et semblent déterminées à rester au pouvoir, le temps d'un retour à la paix et de la sécurité du Mali. En effet, le décret présidentiel signé par le colonel Assimi Goïta, il y a deux ans, le 6 juin 2022, allongeait la durée de la transition de 24 mois, à compter du 26 mars 2022. Cet engagement de l'élection présidentielle a depuis été légèrement reportée. Il y a six mois, lors de l'annonce, Bamako évoquait un « léger report », mais à ce jour, aucune nouvelle date n'a encore été fixée. Les pourparlers sur la durée de la transition avaient été ardument discutés avec la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Cependant, depuis le retrait du Mali de cette organisation régionale, aucune déclaration claire n'a été faite de part et d'autre concernant la tenue d'élections. A vrai dire, plus personne ne s'y attend vraiment, du moins dans un court terme, tant que la situation sécuritaire au Mali ne se soit pas mise au clair. Et quand bien même, que la poignée d'opposants qui souhaitent un retour à l'ordre "constitutionnel démocratique", perçoivent d'un mauvais œil cette situation, les nombreux soutiens des autorités de transition plaident, quant à eux, pour le maintien du régime en place. Certains refusent même ouvertement la tenue d'élections qui seraient, à leurs yeux, « imposées ». Reste à voir si les autorités maliennes de transition prendront la peine de « formaliser » cette situation, si la Cour constitutionnelle réagira d'elle-même ou si la transition se poursuivra comme si de rien n'était. Pour Hamman Touré, président du Msat, une organisation qui soutient les autorités maliennes de transition et, tout particulièrement, le colonel Assimi Goïta, le maintien au pouvoir de ces autorités et la prolongation, de fait, de la période de transition, n'est nullement une gêne bien au contraire. Hamman Touré y voit même une forme de nécessité du fait de la menace terroriste qui pèse toujours sur le Mali. Une mission leur a été confiée souligne-t-il et ils ne l'ont pas encore achevée. Il faut leur laisser le temps de la mener à bien. Ils n'ont pas failli à leur tâche et leur gouvernance est solide. Aussi, n'envisager d'élections qu'une fois le territoire sécurisé, va de soi ? Chaque jour, au Mali, est témoin de violences et d'attaques. Pour Touré, si des élections sont organisées maintenant, les nouveaux dirigeants feront face aux mêmes défis. Aussi, qui est mieux placé que l'armée pour assurer la sécurité ? "Lorsque les communautés maliennes seront en sécurité et que le territoire sera libéré, alors seulement la transition devrait prendre fin. » Au Mali, le 26 mars, c'est aussi la date de la chute de la dictature militaire du général Moussa Traoré, en 1991. Trente-trois ans plus tard, curieusement, ce jour marque officiellement la fin de la période de transition qui s'est ouverte avec le coup d'Etat militaire d'août 2020. Mais en dépit des engagements pris par les actuelles autorités maliennes de la transition, dans les faits, ces dernières sont toujours bien en place et semblent déterminées à rester au pouvoir tant que l'ordre et la sécurité ne seront pas rétablis dans le pays. Au Mali, en cinq décennies mouvementées depuis l'indépendance, l'histoire récente du pays est marquée par plusieurs coups d'Etat militaires. Le premier a eu lieu en 1968, lorsque Modibo Keïta a été renversé du pouvoir par un groupe d'officiers dirigé par le lieutenant Moussa Traoré, qui a ensuite instauré une dictature. En 1991, le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré a renversé ce dernier le 26 mars qui lui-même fut écarté par Amadou Haya Sanogo... Curieusement, ce "26 mars", qui marque également la fin de la transition, est la date de la chute de la dictature militaire du général Moussa Traoré.