A peine calmée, à coups de promesses financières somme toute « peu convaincantes » pour des une classe moyenne en France « sous-payée et surtaxée », la fronde sociale conduite par les Gilets jaunes est partie pour être relayée, mais cette fois-ci par les policiers. Ils ont même un nom les « gyros bleus ». Ces derniers montent au créneau pour crier leur « fatigue et leur ras le bol » et réclamer des recrutements, une revalorisation des salaires et un plan de modernisation » en matière d'immobilier et d'équipement. Forte mobilisation Il faut dire que la police française a été fortement sollicitée en l'espace très court d'un mois. Entre les 5 actes des gilets jaunes avec leur lot de casse et de violence, la manifestation des lycéens et l'attaque de Strasbourg, la fatigue est bien là, elle se fait sentir et surtout fait réagir. Outre la forte mobilisation dont ils ont fait l'objet, les policiers de France en ont aussi après le PLF2019, et ils appellent carrément les députés à « ne pas voter ce budget en l'état ». Ils veulent qu'y soit associé « un plan de modernisation » en matière d'immobilier et d'équipement, et que soit pris en compte « l'engagement sans faille » des forces de l'ordre fortement mobilisées ces derniers temps. Appels à manifester Le syndicat SGP Police a, dans ce sens, adressé une lettre au président de la République (rien que ça !) où il réclame « des avancées sociales significatives sans délais au bénéfice de tous ces agents » et demande aux agents « de ne plus mettre un pied dehors, sauf urgence absolue ». De son côté, l'UNSA Police demande à être reçu par Emanuel Macron et lance « le service minimum – opération 100 % prévention ». Les policiers sont ainsi appelés par les différents syndicats à garder les portes des commissariats fermées ce mercredi 19 décembre, et à observer une « journée noire » dans toute la France afin de protester contre le budget 2019 des forces de sécurité, qui doit être adopté jeudi à l'Assemblée nationale. Un appel à rassemblement a même été lancé sur les réseaux sociaux pour manifester ce jeudi 20 décembre à 21h30 devant le CP08. Amnesty s'en mêle Autre épine aux pieds des policiers français, ils ont été « fermement » épinglés par Amnesty International pour « usage excessif de la force » lors des manifestations des gilets jaunes. « Les forces de l'ordre ont utilisé des flashball, des grenades de désencerclement et des gaz lacrymogènes contre des manifestants majoritairement pacifiques. Nous avons pu recenser de nombreux cas de recours excessifs à la force par des policiers », relève l'ONG dans un rapport posté ce 18 décembre sur son site Internet. Pour mieux enfoncer le clou, AI se fait l'écho de l'arrestation des lycéens de Saint-Exupéry à Mantes-la-Jolie. « 163 élèves, dont les plus jeunes n'avaient que 13 ans, ont été arrêtés (...) et contraints de s'agenouiller, les mains derrière la tête ou menottées dans le dos ». Selon l'ONG, tout cela « s'apparente à un traitement cruel, inhumain ou dégradant, interdit en toutes circonstances par le droit international ». Si elle concède que les policiers ont la lourde tâche et le devoir de maintenir l'ordre public (...), AI n'en relève pas moins que « lorsque le recours à la force est inévitable, ils doivent en user avec retenue », ce qui selon elle n'a pas été le cas. Castaner contraint de composer Conscient du malaise qui grandit, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, confronté à sa première crise en interne, a affirmé ce mardi vouloir s'attaquer au « serpent de mer du paiement des millions d'euros d'heures supplémentaires dus aux policiers ». « L'Etat doit actuellement presque 275 millions d'euros à ses policiers au titre des heures supplémentaires, non pas de ces derniers mois ou de cette dernière année, mais depuis des dizaines d'années. C'est un chantier que je veux ouvrir », a-t-il déclaré. Visés de toute part, considérés par leurs concitoyens comme des traîtres, voire des ennemis, et sous valorisés par le pouvoir, les policiers de France sont en colère et le font savoir. Pour l'anecdote, un syndicat a même « emprunté » le gilet jaune aux manifestants pour en faire un symbole de cette fronde !