En réponse à une question écrite du député Driss Sentissi (MP), Mustapha Baitas, ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement, détaille les premiers pas de son département dans l'officialisation de la langue amazighe. Une démarche qui s'inscrit dans le cadre des engagements constitutionnels, mais qui soulève encore des attentes sur le terrain. Le débat sur l'intégration effective de la langue amazighe dans les institutions publiques revient au-devant de la scène politique. Le ministre délégué auprès du Chef du gouvernement chargé des Relations avec le Parlement, Mustapha Baitas, a apporté une réponse officielle à la question écrite n° 18357, adressée par le député Driss Sentissi du groupe parlementaire du Mouvement Populaire. L'interpellation portait sur les efforts concrets déployés pour activer le caractère officiel de la langue amazighe au sein du département chargé des relations avec le Parlement. Dans sa réponse, le ministre rappelle que son département veille au respect des dispositions constitutionnelles relatives à la reconnaissance de l'amazighe comme langue officielle, aux côtés de l'arabe, telles que consacrées par la Constitution de 2011. Il affirme également que les actions entreprises s'alignent sur les dispositions de la loi organique n°26.16, qui fixe les étapes et les modalités d'intégration de la langue amazighe dans les domaines prioritaires de la vie publique. Parmi les mesures déjà mises en œuvre, Baitas cite l'introduction de l'amazighe dans la signalétique interne du ministère, notamment pour identifier les unités administratives, les responsables ainsi que la liste du personnel. Des éléments visuels certes modestes, mais qui traduisent une volonté politique d'ancrer progressivement la langue amazighe dans l'espace institutionnel. Au-delà de ces mesures symboliques, le ministère affiche également une volonté de coopération interinstitutionnelle. À cet effet, il a signé un accord de partenariat, le 10 janvier 2024 à Khouribga, avec le ministère délégué chargé de la Transition numérique et de la Réforme de l'administration. Cette signature, qui a coïncidé avec la célébration du Nouvel An amazigh, vise à renforcer la présence de cette langue dans l'administration publique et à en faciliter l'usage pour les citoyens amazighophones. L'objectif affiché est clair : améliorer l'accessibilité des services publics en tenant compte de la diversité linguistique du pays. Cette déclaration officielle intervient alors que plusieurs voix au sein de la société civile, du mouvement amazigh et même du champ parlementaire appellent à une mise en œuvre plus rapide et plus profonde de l'officialisation de l'amazighe. Treize ans après son inscription dans la Constitution, son usage dans les débats parlementaires, les documents officiels, les correspondances administratives et les médias publics reste encore très marginal. La lenteur dans l'exécution des dispositions légales soulève des interrogations quant à la volonté réelle des institutions de traduire les engagements politiques en réalité tangible. À travers cette réponse ministérielle, le gouvernement envoie néanmoins un signal d'engagement. Il reste maintenant à observer si cette dynamique s'amplifie à travers des actes plus concrets : recrutement de fonctionnaires amazighophones, traduction systématique des textes parlementaires, usage oral lors des sessions plénières et généralisation de l'apprentissage de l'amazighe à l'ensemble des agents publics.