A l'occasion de la 7e édition de la conférence « Mauritanides » à Nouakchott, la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, a plaidé pour un cadre africain harmonisé alliant environnement, social et gouvernance (ESG), afin de sécuriser le financement et de maximiser la valeur des ressources minières pour le développement du continent. Lundi à Nouakchott, Benali a souligné l'urgence pour l'Afrique de se doter d'un cadre minier intégré, prenant en compte les enjeux ESG. « Notre ambition est d'acter, au prochain Congrès africain de Marrakech (prévu fin novembre, NDLR), un cadre ESG adapté et conçu par les ministres africains des mines, pour l'Afrique », a déclaré la ministre, dans une allocution lue en son nom lors d'une session ministérielle organisée dans le cadre du salon « Mauritanides ». Ce dispositif, selon la responsable, permettra aux gouvernements et opérateurs miniers africains de financer les opérations d'extraction, de transit et de transformation des ressources naturelles, tout en valorisant le capital naturel du continent au service du développement des peuples et des territoires africains. La ministre a insisté sur l'inadéquation des cadres existants, « inspirés de pratiques financières d'autres géographies ou d'autres secteurs », qui ne répondent pas aux spécificités du continent. Elle a rappelé que le Congrès international des mines du Maroc (IMC Morocco 2024), tenu à Marrakech en décembre dernier, avait permis aux ministres africains de converger sur la nécessité d'un cadre ESG, considéré comme « condition sine qua non pour le financement et le développement durable des ressources minérales ». En outre, Benali a mis en avant l'expérience marocaine, notamment le lancement de l'initiative du corridor OTC (Origination, Transit, Certification), soutenue par un cadre ESG et approuvée par les ministres africains. Cette initiative vise à relever les défis liés à l'extraction et au traitement des minerais rares, tout en assurant transparence et traçabilité dans les chaînes d'approvisionnement. Le Maroc collabore également avec plusieurs organisations, notamment le Centre africain de développement minier (AMDC), afin d'harmoniser les politiques minières sur le continent. La ministre a par ailleurs évoqué l'initiative stratégique du Corridor Atlantique lancée par le Roi Mohammed VI, destinée à transformer l'espace atlantique en zone de coopération Sud-Sud et à renforcer l'intégration régionale en Afrique de l'Ouest. « Les minerais extraits, transitant ou certifiés dans ce corridor via le Maroc bénéficieront de normes strictes en matière de ESG », a-t-elle précisé. Les réformes marocaines visent à transformer le modèle actuel, centré sur l'exportation de matières premières à faible valeur ajoutée, vers une intégration active dans les chaînes de valeur mondiales, notamment dans les secteurs de l'énergie, du stockage et du digital. Selon Benali, elles permettent également de passer d'un modèle où l'Etat supporte seul les aléas de la gestion à un modèle de répartition équitable des risques et des richesses à l'échelle territoriale. En marge de ces travaux, la ministre s'est entretenue avec Mohamed Ould Khaled, ministre mauritanien de l'Energie et du Pétrole. Les discussions ont porté sur l'accélération de la coopération dans les secteurs de l'électricité et des énergies renouvelables. La rencontre s'est déroulée en présence de l'ambassadeur du Maroc en Mauritanie, Hamid Chabar, du directeur général du Développement de la production énergétique et minière au ministère marocain, Ahmed Bouzid, ainsi que de hauts responsables mauritaniens. Elle a permis de réaffirmer le rôle stratégique des collaborations entre les acteurs publics et privés des deux pays pour assurer la sécurité énergétique et valoriser au mieux les ressources disponibles. Les deux parties ont salué les avancées concrètes réalisées au niveau bilatéral et ont rappelé leur engagement commun en faveur d'un développement durable, en ligne avec les orientations du Roi Mohammed VI et du président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.