Le ministre de la Défense chinois et celui des Affaires étrangères ont en l'espace de quelques heures échangé avec leurs homologues américains, mais il reste du chemin à parcourir avant que les présidents des deux puissances ne se rencontrent, tempèrent les experts. Pékin et Washington s'opposent depuis des années sur des sujets brûlants: commerce, technologie, droits humains, Taïwan, activités militaires en mer de Chine. La pression est montée en début d'année avec la surenchère aux droits de douanes réciproques à laquelle se sont livrés les Etats-Unis et la Chine après le retour de Donald Trump à la Maison blanche. La dernière fois que M. Trump et son collègue chinois Xi Jinping se sont rencontrés remonte à 2019. Ils se sont parlé par téléphone en juin. M. Trump a dit en août qu'il devrait se rendre en Chine d'ici à la fin de cette année, ou peu après. M. Xi, pour sa part, a gardé le silence sur une éventuelle visite de M. Trump. Son pays a mis en scène son allonge diplomatique et sa puissance militaire début septembre en présidant un sommet avec les dirigeants d'une vingtaine de pays d'Eurasie et en réunissant devant un gigantesque défilé de troupes et d'engins de guerre le président russe Vladimir Poutine et le leader nord-coréen Kim Jong Un. Les ministres de la Défense et des Affaires étrangères américains et chinois se sont entretenus mercredi. Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a souligné « l'importance d'une communication ouverte et constructive sur toute une série de questions bilatérales », ont rapporté ses services. Son homologue Wang Yi a qualifié la discussion de fructueuse, mais a aussi estimé que « des propos et des agissements négatifs de la partie américaine (avaient) porté atteinte aux droits et aux intérêts légitimes de la Chine », indique un communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères. Ces discussions « s'inscrivent dans la continuité de conversations et de gestes antérieurs des deux dirigeants, ainsi que des négociations sur l'accord commercial », déclare Dylan Loh, enseignant à l'Université technologique de Nanyang à Singapour. « Jamais vraiment sûr » « C'est, à mon avis, un petit pas positif, mais il reste encore beaucoup à faire », dit-il. Au cours d'un appel distinct le même jour, le ministre chinois de la Défense Dong Jun a averti le chef du Pentagone Pete Hegseth que chercher à « endiguer » la Chine serait « vain », a rapporté la chaîne publique CCTV. Ces deux conversations pourraient « préparer le terrain à une rencontre Trump-Xi, estime Chong Ja Ian, enseignant en sciences politiques à l'Université nationale de Singapour. « Mais rien de tout cela n'est clair à ce stade », dit-il. M. Trump « est réputé pour prendre ses décisions et pour en changer rapidement, il est donc peut-être prématuré de prédire qu'une rencontre est imminente », met-il en garde. Il est peu probable que Xi Jinping confirme la possibilité d'une rencontre avec M. Trump et la date « avant qu'on ne s'entende sur une liste préalable de sujets à aborder », observe Lim Tai Wei, professeur et expert de l'Asie de l'Est à l'université Soka du Japon. « Le système politique unique de la Chine n'autorise aucune surprise lors d'un sommet avec Trump », explique-t-il. Dylan Loh, l'enseignant de l'Université technologique de Nanyang, anticipe que MM. Xi et Trump pourraient se voir lors du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) début novembre en Corée du Sud. « Cependant, on ne peut jamais être vraiment sûr, vu la vitesse des changements internes et externes », admet-il.