Abdellatif Hammouchi s'entretient avec le Chef du Service de sécurité de l'Etat du Qatar    Le Maroc et la Sierra Leone scellent une feuille de route 2024-2026    Le Maroc prend part à Abuja à la Réunion africaine de haut-niveau sur la lutte contre le terrorisme    Agriculture : le Nigeria souhaite approfondir les relations de coopération avec le Maroc    Tenue de la 4ème Conférence Ministérielle de L'Initiative Triple A à Meknès    Impôts : le 30 avril, dernier délai pour la déclaration des revenus Professionnels    Démission du chef du renseignement militaire israélien    Le Parlement britannique adopte le projet de loi sur l'expulsion de migrants au Rwanda    Londres annonce une nouvelle aide militaire à l'Ukraine    Bilal El Khannous en lice pour le Soulier d'Eben    Liga : 12ème but pour Youssef En-Nesyri cette saison    CDG INVEST ENTRE AU CAPITAL DE ESTALY    France : Une influenceuse marocaine porte plainte après une agression à cause de son voile    Sahara marocain : La Chambre des députés tchèque réaffirme la position de son pays en faveur du plan d'autonomie    Vidéo. Financement durable de l'Afrique : Quelles solutions pour combler le déficit ?    Carte du royaume : L'Algérie refuse d'affronter l'équipe marocaine de handball    La Fédération Internationale de Lutte autorise la tenue du Maroc avec sa carte complète    «Escobar du Sahara» : Peine alourdie en appel pour l'activiste Réda Taoujni    Les bibliothèques scolaires reviennent en force dans les écoles primaires    Moroccan influencer spat on by a Paris pedestrian for wearing hijab    1-54 Contemporary African Art Fair to feature Moroccan artist Aidan Marak    Tbib Expert – Ep31 : Trois conseils pour retrouver de belles dents et un beau sourire    Italian rock icon Zucchero to close Jazzablanca Festival    La gastronomie marocaine à l'honneur dans une émission TV sur France 5    Afrique du Sud: saisie d'une importante quantité de drogues au KwaZulu-Natal (police)    Sahara marocain : le Commonwealth de la Dominique réaffirme son soutien à l'intégrité territoriale    Electronique et génie électrique : deux Marocains parmi les meilleurs au monde    Jamal Diwany : "Les produits alimentaires représentent un poids de 39% de l'IPC."    Conseil de gouvernement : le régime de la sécurité sociale au menu    SIAM 2024 : Le prince héritier Moulay El Hassan préside l'ouverture de la 16e édition    Météo: les prévisions du mardi 23 avril    Maghreb sans le Maroc : Un appel du pied en direction de la Mauritanie    Insuffisances rénales et cardiaques : reconnaissance internationale pour une innovation médicale made in Morocco    Investissement au Maroc : Mohcine Jazouli séduit les opérateurs allemands    Tournoi de l'UNAF (U17) : Match nul entre le Maroc et la Libye    L'ancien ambassadeur du Tchad au Maroc Mahamat Abdelrassoul décoré du Grand Cordon du Wissam Al Alaoui    FRMF: Cérémonie en l'honneur de l'équipe nationale de futsal championne d'Afrique    Tension russo-européenne : Moscou garantira sa "sécurité" si Varsovie accueille des armes nucléaires    Le Commonwealth de la Dominique réaffirme son soutien à l'intégrité territoriale du Maroc    Essaouira abrite le tournage de "Flight 103", un drame sur l'attentat de Lockerbie    Les participants d'Ektashif séjournent au Maroc dans le cadre de l'Année de la Culture Qatar-Maroc 2024    La région Hauts-de-France condamnée à verser 287 000€ au lycée musulman Averroès    «Des toiles de la Russie», une exposition de l'artiste maroco-russe Abdellah Wahbi à la Fondation Hassan II pour les MRE    UNESCO : L'Algérie prépare un dossier pour le classement du zellige    CV, c'est vous ! EP-65. Sarah Benmoussa, l'audace dans l'entrepreneuriat !    Hicham Dguig : «Le 3e sacre consécutif du Maroc est le fruit d'un travail intense et constant» [vidéo]    Le Cinéma Marocain Brille en France avec la Sortie du Film "Jouj" produit par Cineland et distribué par Golden Afrique Ciné    Football : le calvaire des joueurs de Berkane à Alger    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Comprenons l'empathie
Publié dans La Gazette du Maroc le 15 - 05 - 2006

Voilà un mot souvent employé à tort et à travers. Est-ce se mettre à la place de l'autre ? … Oui, mais c'est un peu plus compliqué que cela. Détails sur une notion complexe, ambiguë et paradoxale.
En philosophie et en psychologie, l'empathie est la faculté de s'identifier à quelqu'un, de ressentir ce qu'il ressent. L'étymologie (la racine de ce mot) est étonnante : selon le Petit Robert, le préfixe
« em-en » vient du latin « dedans », tandis que le suffixe « -pathie » vient du grec « -pathos », « ce qu'on éprouve » – quoique que ce suffixe est le plus souvent associé à la douleur. Un mot d'origine gréco-latine, donc, pour lequel de nombreuses définitions ont été proposées. Pour les spécialistes des sciences humaines, le débat reste ouvert et il est encore difficile, aujourd'hui, de cerner tous les contours de cette notion. Une précision de taille, toutefois : l'empathie n'est absolument pas la sympathie, avec laquelle elle est souvent confondue.
Neutralité et distanciation
La sympathie est en effet un comportement réflexe, de type réactif, une sorte de mimétisme qui nous fait adopter l'expression de l'autre, ou, par identification, nous fait ressentir des sentiments de même nature. L'empathie, quant à elle, implique un mécanisme de recul intellectuel qui vise la compréhension des états émotionnels de l'autre. Une personne faisant usage d'empathie envers une autre peut comprendre ses sentiments et ses émotions, sans se faire parasiter par un état affectif ou émotionnel, qu'il soit « sympathique ou antipathique ». La personne empathique reste distanciée, impartiale et neutre. La définition la plus complète sur ce terme reste celle de Carl Rogers : selon ce psychologue américain,
« l'empathie consiste à saisir, avec autant d'exactitude que possible, les références internes et les composantes émotionnelles d'une autre personne et à les comprendre comme si l'on était cette personne. »
Voilà qui paraît simple, au premier abord. Mais en fait, rien de plus difficile : car se mettre à la place de quelqu'un d'autre génère forcément de l'affectivité. L'être humain n'est pas une machine… En effet, si l'empathie est prônée par de nombreux spécialistes de l'aide psy et de la communication, ces mêmes professionnels invitent souvent à trouver la bonne distance, à ne pas trop s'impliquer, à ne pas mettre trop d'affectivité. Et cette distance est parfois vitale dans l'exercice de certaines professions : imaginez l'état d'esprit d'un psychanalyste, à la fin d'une journée bondée de consultations, où tous ses patients sont venus lui conter leurs malheurs…
Dilemmes de l'investissement
D'où une ambiguïté, voire une contradiction gênante : se mettre à la place de l'autre génère forcément de l'affectivité, alors que garder ses distances conduit forcément à ne pas comprendre l'autre. Cruel dilemme : d'un côté, on entend qu'il faut comprendre, écouter, humaniser l'autre, et de l'autre, on enseigne aux professionnels en contact régulier avec des personnes nécessitant de l'aide (assistantes maternelles ou assistants sociaux, par exemple) de ne pas trop s'investir et de garder ses distances – car, évidemment, il faut aussi prendre soin de soi, éviter le stress, l'attachement, qui nuirait à l'objectivité du travail à accomplir, et qui pourrait produire, à terme, l'effet inverse de celui recherché (aider une personne en détresse, par exemple)…
La notion d'empathie a fait l'objet de nombreuses réflexions de la part de théoriciens et praticiens de la relation. Ainsi, Carl Rogers la met en application avec l'écoute dite bienveillante (ou écoute active). Dans un ouvrage intitulé The Mating Mind, Geoffroy Miller défend le point de vue selon lequel l'empathie se serait développée parce que « se mettre à la place de l'autre » pour savoir comment il pense et va sans doute réagir constitue un important facteur de survie dans un monde où l'homme se trouve sans cesse en compétition avec ses semblables. Un autre théoricien de l'empathie, Jean-Louis Lascoux, est l'inventeur d'un nouveau terme, l'altérocentrage, qui définit une attitude et un comportement, lors d'une médiation, qui exclut toute adhésion aux émotions exprimées par un tiers : le médiateur, empathique, n'exprime pas d'interprétation et donc, globalement, ne s'identifie pas à l'autre. Il adopte la devise « ne pas prendre pour soi ce qui n'est pas soi. »
Insondable nature humaine
L'une des premières caractéristiques de l'empathie est d'être praticable à partir du moment où l'on admet, d'une manière ou d'une autre, l'incommunicabilité première entre les êtres humains. Chaque expérience de soi, du monde et des autres, est, en effet, unique. La seconde caractéristique de cette notion est que la reconstitution en soi de l'univers d'autrui s'élabore par approximations successives et non d'un seul coup. C'est un processus qui progresse par tentatives, par essais, erreurs ou rectifications. En fait, c'est, paradoxalement, la non-compréhension qui est le moteur intellectuel et affectif de l'empathie. Autrui est une énigme dont on cherche à déchiffrer la configuration. D'où cette dernière caractéristique, difficile à intégrer, mais indispensable : il n'y a pas d'empathie absolue, ni de compréhension totale de l'autre.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.