L'histoire des nations est une suite sanglante de guerres et de massacres, tantôt extérieurs tantôt intérieurs. Ce qui reste de ces périodes noires, aboutissant parfois à la démocratie, ce sont des chants guerriers ou des chansons nostalgiques. Il faut toujours préparer la prochaine, soit pour s'agrandir soit pour prendre sa revanche. Si ces chants guerriers sont perpétués à dessein, les populations ne savent plus souvent à quoi ils correspondent. On a vu ainsi le franco-néo conservateur «Johnny Sarkozy» s'auto célébrer dans un discours où il a commis des dégâts. De la part d'un prétendant à la présidence de la République Française, on se demande à quoi rimaient le port du voile, l'excision, la polygamie et les violences envers les femmes. En revanche, concernant son passé colonial, la France n'a pas à se repentir. Sa préoccupation devrait être plutôt d'encourager les Français à ne plus avoir les colonies en travers de la gorge, et que ce n'est pas les discriminations qui régleront leurs problèmes nés de l'hyper libéralisme mondialiste. En tant que ministre de l'Intérieur il pourrait ordonner à sa police de ne plus casser les bras aux immigrés en transit à Calais. Pourtant Johnny Sarkozy a magnifié la Femme aux racines chrétiennes depuis deux mille ans. On ne savait pas que l'Hexagone était si vieux que cela. Il s'est tout de même retenu et n'a pas situé la naissance de Sidna Issa - que le salut soit sur lui - à Neuilly. On pourrait penser qu'il est sectaire. Il a montré le contraire en exhibant des références diverses. Jeanne d'Arc (bonjour Le Pen), Jaurès et Blum (bonjour Ségolène), Pompidou (bonjour Chirac) Jean Moulin mort sous les tortures nazies (bonjour les Gaullistes). Et bien d'autres. Le couronnement de son show a été de faire chanter «La Marseillaise» par un chœur de jeunes têtes blondes. Il y a longtemps qu'un humoriste avait réglé la question en faisant chanter aux adultes : «Allez enfants de la patrie». Les gosses innocents reprennent la suite : «Qu'un sang impur abreuve nos sillons». Chant pour chant, et puisqu'il a cité De Gaulle et Jean Moulin, que n'a-t-il fait reprendre «le chant des partisans» écrit par Maurice Druon - de l'Académie française - et son oncle Joseph Ressel. Maurice Druon a peut-être aux yeux de Johnny Sarkozy le tort d'être en vie et d'avoir été un résistant de la première heure, alors que le papa de Johnny n'avait pas encore quitté la Hongrie. De fil en «anguille», du Danube à l'Hudson en navigant par la Seine, la France est devenue «arrogante» en ne suivant pas les Etats-Unis dans leur guerre en Irak. Cela doit lui plaire ainsi qu'à Walker Bush que les Irakiens n'écoutent plus Nazim Ghazali chanter son amour pour une chrétienne. La campagne présidentielle française ayant débuté depuis de nombreux mois dans les médias, les Français savent tout sur Johnny Sarkozy et ses talents de récupérateur. Seul l'abominable Karl Marx lui a échappé. Durant cette période, la candidate du Parti socialiste, Ségolène, tantôt fraise écrasée, tantôt blanc cassé, a voulu montrer sa virginité. Mais, comme l'a souligné méchamment un ancien ministre socialiste : «Ce n'est pas une poulette du jour». Elle a, en effet, 25 ans d'activités politiques derrière elle. Députée, conseillère de François Mitterand en 1981, ministre de Lionel Jospin, actuellement présidente de région. Puisque Jaurès lui a été soufflé, il lui reste un passé riche dans lequel elle pourrait s'enraciner. La Commune de Paris n'a pas été en rien. Bien sûr que le temps des barricades et de l'insurrection est révolu. Les pauvres, républicains, sont devenus gentils. Ils alignent des tentes le long de la Seine. Les Français ne demandent pas à Ségolène de se faire déporter à Nouméa, à l'instar de Louise Michel, la «Vierge rouge». Elle a préféré braver la Muraille de Chine, cette Chine où «l'Orient est rouge» d'autant plus que les comptes sont bénéficiaires. Certes, les Français sont en demande d'une présidence à poigne. Ils auront le choix entre les menottes de Johnny Sarkozy et celles de Ségolène. Une femme au pouvoir, ce n'est pas nouveau dans l'histoire récente, de Benazir Bhutto à Margaret Thatcher en passant par Indira Ghandi. Pour prouver qu'elles n'avaient rien à envier aux hommes, elles avaient mené des guerres. Cependant, pour réveiller la mémoire des Français, Ségolène pourrait éviter le chant guerrier : «Formez vos batailles» et préférer terminer ses meetings par la chanson nostalgique, pacifique et néanmoins significative : «Le temps des cerises». Qu'en est-il de nous ? Nous aussi nous avons la mémoire qui flanche. Quand Johnny Sarkozy vient se dorer le nombril aux pieds de l'Atlas, personne ne vient lui chantonner à l'oreille : «De nos montagnes s'est élevé l'appel des hommes libres». Ce n'est même pas une chanson pour touristes. Peut-être que ce chant qui a fait vibrer des millions de Marocains est encore enseigné aux jeunes militants d'un certain parti.