Conséquences sur la Caisse de compensation La direction de l'énergie a produit un modèle permettant d'estimer les conséquences d'une éventuelle hausse des cours internationaux du pétrole sur la Caisse de compensation. Pour un dollar de plus par baril, 30 millions devront être déboursés par mois. Pourtant, la couverture sur les marchés est possible. D'après la Caisse de compensation, il suffit d'un dollar supplémentaire sur le prix du baril pour que les charges supportées connaissent une hausse considérable. En effet, cela correspondrait à un décaissement supplémentaire de l'ordre de 30 millions de DH. C'est en tout cas ce qui ressort du modèle de prévisions établi par les experts de la direction de l'énergie. A quoi pourrait-on s'attendre en ce qui concerne le pétrole? Pour le savoir, les prévisions de ce seul modèle ne suffisent pas. En effet, il faudra les conjuguer avec la réalité du secteur pétrolier qui se résume à la fois dans une crise vénézuélienne et bien évidemment la guerre en Irak. Au niveau de la Direction de l'Energie, où l'on suit cette actualité de très près, on cite les propos du ministre algérien Chakib Khalil. "L'Opep ne pourrait pallier un arrêt simultané des productions irakienne et vénézuélienne", affirmait-il mercredi dernier lors d'une visite en Arabie Saoudite. Actuellement, les avis s'accordent à dire que l'organisation des pays exportateurs de pétrole serait capable de compenser une pénurie de l'ordre de trois millions de barils par jour. Cependant, un conflit armé en Irak, conduisant à un arrêt de la production, pourrait être à l'origine d'une baisse de l'ordre de 5 millions de barils par jour. C'est donc en connaissance de cause que le ministre algérien a affirmé que "ce trou sera difficile, voire impossible à combler avec une capacité de production limitée et cela risque de provoquer une hausse substantielle des cours". A partir de ce premier février 2003, l'OPEP fera un effort supplémentaire qui se concrétisera par la production de 1,5 million barils supplémentaires. Cependant, d'après les analystes, cela ne peut empêcher une hausse des cours du pétrole. C'est en tout cas l'avis des analystes de la salle des marchés de BMCE Capital. Selon eux, il faut environ six semaines avant que cette production supplémentaire n'atteigne les côtes américaines. Cela sera d'ailleurs confirmé par une autre affirmation du ministre algérien qui prédit un cours du baril à quelque 40 dollars si le conflit éclate en Irak. C'est dire que les conditions sont plus que jamais réunies pour que le pétrole, dont les cours sont aujourd'hui autour de 30 dollars le baril, continue sa cavalcade. Certes, en 1991, les marchés avaient bien réagi en trahissant tous les conjoncturistes. Mais, aujourd'hui le contexte semble différent. Les mêmes analystes de BMCE Capital, estiment qu'il faut tenir compte d'une prime de guerre dans les cours du pétrole. Aujourd'hui, elle est d'environ 4 dollars par baril. Plus les bruits de bottes se feront entendre dans le Golfe, plus élevée sera cette prime. Elle pourrait atteindre aisément les 5 ou 6 dollars. Dans tous les cas, le Maroc dont la consommation est entièrement couverte par des importations, risque d'avoir à faire à ces cours assez élevés. Si l'on en croit le modèle de la direction de l'Energie, l'écart de 10 dirhams risque donc de coûter jusqu'à 300 millions de DH par mois. Dans cette perspective, il suffira que les robinets du pétrole irakien soient fermés pendant trois mois pour que cela coûte près d'un milliard de DH à la Caisse. A cette hypothèse on ne saurait se résoudre, dans la mesure où il existe des produits de couverture contre le risque de cours. Il convient dès lors de se tourner vers cette possibilité afin de ne point souffrir. Malheureusement rien n'oblige aujourd'hui les importateurs à se tourner vers de tels produits. C'est donc le contribuable qui devra mettre la main à la poche.