La Libye demande à la Suisse de verser 300.000 francs à l'Unicef afin d'enterrer la hache de guerre. Selon des procès-verbaux confidentiels que la Tribune a pu consulter, le gouvernement libyen exige toujours des excuses de la Confédération à la suite de l'arrestation cet été du fils du colonel Kadhafi à Genève. Il invite Berne à sanctionner les responsables qui ont participé à l'enquête et à «l'interpellation injustifiée» d'Hannibal et Aline Kadhafi, suspectés d'avoir maltraité deux domestiques. Le colonel tient enfin à ce que le Conseil d'Etat et le Conseil supérieur de la magistrature fassent la lumière sur cette affaire en l'informant des résultats des investigations. Ces exigences sont formulées dans le cadre de discussions secrètes qui ont eu lieu à Genève. Un comité ad hoc, composé de deux juristes internationaux des deux pays, s'est réuni sept fois cet automne pour établir les faits et recommander une solution. Mais les tensions restent vives, les autorités suisses soutenant, dans les grandes lignes, la justice et la police genevoise. Pour sa part, le camp libyen du comité ne mâche pas ses mots: «Il y a eu une violation des lois suisses et internationales». La police aurait dû convoquer, et non arrêter, les époux à la suite de la plainte des deux domestiques qui les accusaient de mauvais traitements: «La police a pris au pied de la lettre leurs témoignages et a décidé de faire la leçon à ces riches Arabes». Concernant la détention d'Hannibal, elle était inappropriée, poursuit la Libye, –notamment au vu de la gravité des charges: «Il ne s'agissait ni d'un viol ni d'une agression avec blessures graves et usage d'armes. Et il n'y avait pas de danger de fuite puisqu'Aline était venue accoucher à Genève. Quant au risque de collusion, il n'existait pas, les époux ayant la même opinion sur les faits».