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“Le hold-up” parfait…
Publié dans La Gazette du Maroc le 23 - 02 - 2004


Affaire Erramach
Mardi 17 février 2004 a tenu toutes ses promesses. Entre coups de gueule et suspense, la “ disparition ” de Mounir Erramach a fait éclater l'audience en mille morceaux. La justice accusée de “ laxisme, de jongleries, de mauvaise foi et de volonté certaine de faire capoter cette affaire ”, le dossier du trafic de drogue et de corruption marque un nouveau chapitre qui a plus l'allure d'un bras de fer que d'une “ bonne entente ” entre Cour, juge, magistrats et défense. Ce qui promet d'autres rebondissements pour les prochains jours en attendant le retour du fameux Erramach…
Récit d'une journée mouvementée à la Cour spéciale de justice de Rabat.
Ce sont les avocats qui le disent, Mounir Erramach “a été kidnappé” par la Justice marocaine. Une façon imagée de qualifier ce qui s'est passé mardi 17 février à la Cour spéciale de justice de Rabat… “Quand la politique entre par une porte, la justice sort de l'autre”, et là c'est par la fenêtre que “la politique a fait son entrée”, laisse échapper un avocat dépité qui a vu dans cette disparition soudaine de Mounir Erramach une volonté certaine de politiser cette affaire.
Très vite, nous sommes plongés dans un imbroglio judiciaire où le procès de la drogue et de la corruption se métamorphose en une attente comme dans le procès de Kafka. Mais qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire ? Si l'on analyse les dires des uns et des autres lors de cette audience, on ressort avec la conclusion que rien n'est encore joué et que la Justice a pris une tournure qui déplait fort à l'assistance.
Dès l'entrée des magistrats et après avoir interpellé tous les prévenus, il s'est avéré que Mounir Erramach et deux de ses acolytes ne se trouvaient pas dans la salle. Silence. Pendant un moment c'est une chape de plomb qui plane sur les têtes suivie par des éclats de voix et de quiproquos qui ont donné le ton à cette journée.
Face aux interrogations et surprises qui fusaient ici et là, le juge Jalal, qui présidait la séance, a bien voulu expliquer les raisons de cette absence inopinée et pour le moins étrange. Mounir Erramach, qui devait être là, a été transféré contre toute attente le matin même vers la ville de Tétouan où l'attendait un autre procès où il est accusé de trafic de drogue et de tentative de meurtre. Ce qui fait que cette audience n'avait plus aucune raison d'être. C'est là le début des hostilités qui seront le principal attrait d'une audience “ tronquée ”.
Un procès kafkaïen
C'est une chose curieuse puisque c'est cette même Cour spéciale de Rabat qui avait fixé la date du 17 pour exposer au grand jour, selon elle, ces fameux documents irréfutables que tout le monde attendait avec anxiété et stupeur et qui devaient apporter la preuve pour sceller le destin de tous les prévenus pour corruption, détournement de deniers publics et autres forfaits non moins graves.
L'histoire remonte au 11 février courant, date à laquelle un ordre a été donné à Tétouan pour le transfert du “baron de la drogue” à la Cour d'appel de la ville. Le 16 février (la veille du fameux jour), une autre lettre a été expédiée dans ce sens au procureur de Rabat pour l'informer qu'Erramach n'avait pas encore été transféré.
Cinq jours s'écoulent entre les deux missives sans qu'une suite ne soit donnée à cette requête. Et il s'avère que les signatures des documents du tribunal sont différentes et qu'au moins deux personnes sont intervenues pour diligenter l'affaire.
Pour la défense, une question se pose : “fallait-il attendre la veille de l'audience à la Cour spéciale pour s'exécuter et transférer dans l'urgence le fameux “trafiquant ?” “ Qui a mis la pression pour que la loi soit enfreinte de cette façon ? ” “Deux procès avec les mêmes accusés ont été prévus le même jour ! Comment est-ce possible et pourquoi le ministère a-t-il laissé passer cela ?”… Ce qui est sûr, selon l'un des bâtonniers, c'est «qu'il est inconcevable aux yeux de la loi, que le procureur de la Cour d'appel de Tétouan puisse demander le transfert d'Erramach puisque ce dernier est entre les mains du procureur de la Cour spéciale de Rabat. Pourquoi dans le cas de cette affaire, la procédure qui veut que lorsqu'un prévenu dépend d'une juridiction, il faut attendre la fin du procès avant que l'on procède à son transfert dans le cadre d'un autre procès, n'a pas été respectée ?».
Ce qui fait dire à un avocat qui a brillamment résumé la situation qu'il s'agit là d'un conflit “entre deux tribunaux”, ce qui n'explique pas comment un juge de la Cour spéciale qui a un pouvoir national s'est fait “subtiliser” un dossier dont il a la priorité. Sans oublier qu'aux yeux de la défense, ceci constitue une entrave à la bonne marche d'une affaire sur laquelle la justice a avancé pour les trois-quarts au bénéfice du dossier de Tétouan qui n'a pas encore avancé d'un pouce.
“C'est la première fois qu'un procureur (à Tétouan), ordonne à un autre procureur (à la Cour spéciale) une telle action, alors que c'est au procureur général d'adresser une telle requête à la Cour ”. Tout cet imbroglio a poussé quelques avocats au sarcasme et à l'ironie.
Certains iront jusqu'à se demander en public si la Cour savait ce qui allait se passer ce matin-là ? Une question qui tout au long de la journée est restée en suspens bien que d'autres avocats ont surenchéri disant qu'il était impensable que le juge de la Cour spéciale soit le dernier à savoir ce qui allait se dérouler dans son tribunal…
La colère prend le dessus
Les avocats ont même clamé qu'ils étaient devenus de beaux “pantins”, des “marionnettes” entre les mains d'une justice “ aveugle et absurde ”. D'ailleurs le mot “absurde” aura été le leitmotiv de la séance et Mounir Erramach s'est transformé en un Godot que l'on attend et qui risque de ne jamais réapparaître. Surtout que son départ précipité qui devait être “ d'une importance capitale” pour le procès de Tétouan s'est mué en un pétard mouillé puisqu'il aura fallu au cortège Erramachien plus de cinq heures et bien des détours pour arriver enfin à 13 heures 16 minutes à Tétouan pour un procès improbable.
Là encore, la cohorte des avocats se fait entendre. Quelques défenseurs animés par la colère et le sentiment d'humiliation ont été jusqu'à demander au juge qu'il ordonne l'envoi d'Erramach de Tétouan pour laver
“l'affront”. Le plus audacieux ne reculera pas en disant devant la Cour qu'il fallait “ relever le défi et ramener le prévenu puisque, entre Tétouan et Rabat, il suffit de 3 heures de route !”. D'autres voix, d'autres avocats ont crié au “ non respect ” des enceintes du tribunal et de la loi qui est placée, a-t-on rappelé, “ au-dessus de tous ”.
Y a-t-il eu “ mauvaise foi ” comme le soutiennent les avocats et manipulation du dossier Erramach ? En éloignant le principal accusé de la Cour spéciale, la Justice cherche-t-elle à gagner du temps? Si oui, pourquoi ?
Selon l'un des avocats qui ne s'est pas gêné lors de sa plaidoirie, la décision d'extrader Mounir Erramach vers Tétouan a pour objectif de faire accélérer le procès dans la ville du Nord et d'avancer dans l'accusation liée au trafic de drogue, voire de condamner Erramach à Tétouan pour cet aspect de l'affaire, avant de continuer ultérieurement le procès de Rabat qui gagnerait ainsi en crédibilité. “ Nous nous retrouverons dans la situation très particulière où la Cour d'appel de Tétouan couvre la Cour spéciale et lui ouvre le chemin à suivre en apportant de l'eau à son moulin pour frapper fort les accusés du dossier”. Personne n'est dupe et il est pratiquement inconcevable, selon certains avocats, d'imaginer des sentences légères dans ce dossier qui a été utilisé comme un symbole du nouveau Maroc aspirant à l'équité et à la probité.
Les tonnes de paperasses qui alimentent les procès-verbaux de cette affaire n'ayant jamais pu convaincre l'assistance du bien-fondé des accusations, on se demande en cette situation d'absence de flagrant délit, comment va s'y prendre la Cour spéciale et ses magistrats pour mettre au point son épilogue, sa sortie d'honneur ? Quoi qu'il en soit, le procès de Tétouan n'aura en rien avancé les débats puisque dans le Nord les joutes verbales ont été tout aussi virulentes entre défense et ministère public.
Finalement, le procès est reporté au 19 mars prochain en refusant toute liberté provisoire et même en décidant de mettre en œuvre la procédure de contumace pour l'un des accusés toujours en fuite : Hicham Harboul.


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