RSF pointe l'influence de Aziz Akhannouch sur les médias au Maroc    Après le Maroc, l'Algérie organise une semaine commerciale en Mauritanie    UA : Le Polisario participe à un exercice militaire en Algérie    Maroc : Les exportations de clémentines ont augmenté de 13 %    Casablanca Tech Valley, le nouveau pôle technologique de Sidi Othmane    Le Kazakhstan reprend ses exportations de blé vers le Maroc pour la première fois depuis 2008    France : Bruno Retailleau veut interdire le voile à l'université    FRMF : Réception en l'honneur des Lionnes de l'Atlas de futsal sacrées championnes d'Afrique    Real Madrid : Youssef Lakhdim s'entraîne avec la première équipe pour soutenir la défense    Un jeune Britannique va relier le Royaume-Uni au Maroc en skateboard    Real Madrid: Youssef Lakhdim entrena con el primer equipo para reforzar la defensa    Primera telecirugía exitosa en Marruecos: un avance firmado por AKDITAL    Estados Unidos: Trump nombra a Marco Rubio como asesor de seguridad interino    L'artiste Mohamed El Shoubi est décédé après une longue lutte contre la maladie    Allemagne: Le parti AfD classé comme mouvement d'extrême droite    Le Portugal et l'Espagne vont coopérer pour identifier les causes de la panne d'électricité    Driss Lachgar prône la diplomatie parlementaire pour promouvoir la coopération Sud-Sud    Fiscalité locale : le MP veut activer le foncier urbain pour relancer le logement    La Bourse de Casablanca démarre dans le vert    LdC/Barça : blessé à la cuisse, Koundé forfait pour le match retour face à l'Inter    LdC : jusqu'à 6.000 euros pour assister au choc PSG-Arsenal mercredi prochain    Victoire laborieuse des Lionceaux contre le Kenya : des inquiétudes font surface    Londres : Sir Liam Fox vante le Sud marocain aux investisseurs anglais    Recherche scientifique: Des solutions innovantes contre le gaspillage alimentaire    Parlement : Débat sur l'exclusion des binationaux et la vente des biens pour rejoindre le gouvernement    Averses orageuses, grêle et rafales de vent jeudi et vendredi dans plusieurs provinces    Le temps qu'il fera ce jeudi 1er mai 2025    Zagora : Une violente tempête détruit des récoltes de pastèques    Crises, espions et mensonges : le grand malaise entre Alger et Paris    L'artiste Mohamed Choubi n'est plus    Le 2ème tome du livre "Nous étions une île" de Noor Ikken présenté au SIEL    Une météorite découverte au Maroc livre des preuves sur la présence d'eau sur Mars    Sekkouri : "Le salaire net moyen dans le secteur public passera à 10.100 dirhams début 2026"    Office des changes : un déficit commercial de 71,63 MMDH à fin mars    SM le Roi félicite l'équipe nationale féminine de futsal sacrée championne de la CAN 2025    Santé publique : Premiers jalons d'une stratégie nationale pour la santé mentale    Le Niger honore l'ambassadeur marocain Allal El Achhab pour son parcours diplomatique remarquable    Les ministres des Affaires étrangères des BRICS et leurs partenaires se réunissent à Rio de Janeiro    Averses orageuses, chute de grêle et rafales de vent dans plusieurs provinces    Gel des livraisons d'avions Boeing : Pékin accuse les surtaxes américaines    Agriculture africaine : renforcer le rôle des petits exploitants agricoles    L'ère des réalisations : le futsal féminin marocain décroche l'or africain grâce à une stratégie gagnante    Cinéma : "Les Enfants rouges", récit sur la mémoire, le traumatisme et la dignité    La Chine renforce sa position dans le commerce mondial : les échanges commerciaux dépassent 43 000 milliards de yuans en 2024    Rabat accueille un dialogue stratégique de l'OTAN pour renforcer la sécurité régionale    Festival Huabiao du cinéma : un hommage aux chefs-d'œuvre chinois et à l'éclat des grandes stars    La Dolce Vita à Mogador : le cinéma italien à l'honneur lors de la 3e édition    Casablanca Music Week : Shaggy, Wyclef Jean, Gims et Dadju en tête d'affiche    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Elite et développement : la secte des grandes écoles
Publié dans La Vie éco le 08 - 07 - 2019

Les résultats du centre de préparation aux concours des grandes écoles françaises d'ingénieurs de Benguérir ont été éloquents cette année.
Beaucoup d'étudiants issus des familles les plus modestes ont désormais l'opportunité par leurs seuls mérite et intelligence de faire d'excellentes études et d'exercer potentiellement les plus hautes fonctions publiques ou privées dans leur pays, changeant ainsi à jamais leur condition sociale et celles de leurs familles.
C'est une très bonne chose pour eux, mais est-ce une bonne chose pour le Maroc ? Pas si sûr. Depuis le Protectorat français, le Maroc envoie annuellement quelques dizaines de ses plus brillants enfants faire leurs études dans les prestigieuses grandes écoles françaises, sous-traitant ainsi la formation de son élite à son ancien colonisateur. De retour au bercail, ils occupent les plus hautes fonctions dans le secteur privé et dans la haute administration, formant ainsi une caste qui se fond très peu dans le paysage local, formant ce qu'on peut appeler le «piège de l'élite marocaine». En effet, quels que soient le niveau et la qualité de leur formation, leur nombre demeure insuffisant pour exercer un quelconque effet d'impulsion sur le développement du pays. À titre d'illustration, le nombre de Marocains admis au concours d'entrée à l'Ecole Polytechnique ne dépasse pas la trentaine, sachant que cet établissement forme chaque année plus de 2 000 élèves. De ce paradoxe naît une situation inique relevée pertinemment par Omar Saghi, enseignant-chercheur à Sciences-Po Paris : «Parallèlement à ces promotions annuelles de brillants technocrates revenus de l'étranger, le Maroc investit à peine dans l'éducation de masse. Il offre l'image d'un pays baroque, associant l'un des plus hauts taux d'analphabétisme dans le monde arabe à une brillante et abondante élite intellectuelle, tout comme il combine l'un des plus puissants secteurs bancaires africains avec un taux de pauvreté massif. Quant à la France, elle trouvait son avantage dans cet outsourcing des élites. Les diplômés marocains des grandes écoles françaises poursuivent, chez eux, le maintien d'une alliance économique et politique favorable aux deux bords». Une fois bien installés dans leurs fonctions, ils mettent en place un système de cooptation où l'attribution des meilleurs postes que compte ce pays est réservée en priorité à leurs camarades d'école, grâce à un esprit de corps qu'on a pris le soin de leur inculquer tout au long d'une scolarité couronnée par l'octroi de la nationalité française. Dans cet univers savamment cadenassé, pour qu'un étudiant issu de l'enseignement public ou privé marocain se fraye un chemin, il faut qu'il fasse montre d'un talent hors pair, alors que ce même poste est octroyé sans exiger le même effort à un camarade d'école. L'élite devient plus préoccupée par la pureté de son diplôme que par la transmission de l'excellence académique qu'elle a acquise à ses jeunes compatriotes. C'est ainsi qu'une banque d'affaires au Maroc classait ses cadres en trois catégories A, B et C. La catégorie «A» est réservée aux diplômés des grandes écoles étrangères d'ingénieurs et de commerce, la catégorie «B» pour les écoles de moindre prestige et les universités étrangères et la catégorie «C» est un fourre-tout consacré aux étudiants marocains, quel qu'en soit le diplôme (école d'ingénieurs, école de commerce, universités, etc.). Le traitement est naturellement différencié selon la catégorie, car pour le fondateur de ce groupe, les «C» sont de la main-d'œuvre au service des catégories «A» et «B». Un autre exemple non moins parlant eut lieu dans les années 90, quand une jeune école marocaine de commerce avait conclu un accord de partenariat avec une grande école parisienne de commerce, les lauréats marocains de cette dernière avaient envoyé une lettre incendiaire à la direction de l'école française, la mettant en garde contre la «contamination» de leurs diplômes par ce partenariat. Cette perpétuation de la fabrication des élites dans un circuit fermé est l'une des raisons qui expliquent le maintien du Maroc dans le club des pays en développement, tant elle empêche l'émergence d'une large élite. Car les défis du développement doivent être portés par des milliers de Marocains issus des différentes écoles et universités du Royaume et non verrouillés par quelques chanceux. C'est pour échapper à cette triste réalité que des milliers de familles marocaines caressent ce doux rêve de voir leurs enfants faire partie de cette petite minorité d'élus qui va intégrer ce monde magique et fermé des grandes écoles françaises. Ce «droit de rêver» d'un avenir garanti pour leurs enfants siphonne une part de plus en plus grosse de leurs revenus, car l'Etat français a décidé de faire porter le poids entier de ce rêve sur leurs épaules. Une fois que cette petite minorité a réalisé ce rêve au prix de lourds sacrifices, elle veille à le maintenir au sein des mêmes sphères où les liens de sang et d'argent prolongent cette consanguinité des élites et accentuent la fraction de la société marocaine. Pis encore, elle consacre la réussite au sein des réseaux fermés où le diplôme l'emporte sur le caractère et où, pour accéder aux hautes fonctions privées et publiques, on doit soit être né sous la bonne étoile, soit avoir un QI de génie. Entre les deux, il n'y a aucune place pour le rêve de la majorité.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.