L'Office fédéral de protection de la Constitution (BfV) a classé vendredi le parti « Alternative pour l'Allemagne » (AfD), deuxième force politique du pays depuis les législatives anticipées du 23 février 2025, comme un mouvement « d'extrême droite avéré », en raison d'une idéologie jugée incompatible avec la dignité humaine et l'ordre démocratique. Jusqu'ici, seules certaines branches régionales du parti, principalement dans l'Est du pays, ainsi que son organisation de jeunesse, la « Junge Alternative », étaient considérées comme extrémistes par le BfV, service de renseignement intérieur chargé de surveiller les menaces pesant sur l'ordre constitutionnel. Dans un communiqué, le BfV justifie sa décision par une « conception du peuple fondée sur l'origine ethnique dominante au sein du parti », visant à exclure certains groupes de la société, notamment les personnes issues de l'immigration en provenance de « pays à majorité musulmane », en les soumettant à « un traitement discriminatoire contraire à la Constitution ». Selon le BfV, cette idéologie constitue le fondement « d'une agitation continue contre certaines personnes ou groupes », avec pour effet d'alimenter « des peurs irrationnelles et un rejet » à leur encontre, notamment à travers de nombreuses déclarations « hostiles aux étrangers, aux minorités, à l'islam et aux personnes musulmanes » de la part de cadres du parti. L'Office fédéral souligne également que cette évaluation repose sur une expertise menée sur trois ans, fondée sur l'analyse des prises de position de nombreux dirigeants du parti ainsi que sur les évolutions internes récentes, jusqu'à la formation du groupe parlementaire AfD au 21e Bundestag. À la suite de cette classification, ce jeune parti fondé en 2013 devrait, en théorie, être placé sous surveillance intensive, selon la presse. Commentant cette évaluation du BfV, la ministre fédérale de l'Intérieur, Nancy Faeser, a déclaré que l'AfD doit être classée comme parti « d'extrême droite avéré », précisant que cette formation a « manifestement mené des actions contre l'ordre fondamental démocratique libéral de l'Allemagne ». Elle a accusé le parti de discriminer plusieurs catégories de la population, comme les citoyens issus de la migration et les musulmans, en les traitant comme des Allemands de second rang, précisant que ces agissements « contredisent clairement la garantie de la dignité humaine prévue à l'article 1 de la Loi fondamentale ». Le parti d'extrême droite avait réalisé une percée historique lors des législatives anticipées de février dernier, en se hissant à la deuxième place derrière les conservateurs de l'Union chrétienne-démocrate et sociale (CDU/CSU), avec 20,8% des voix, soit environ le double de son score aux élections fédérales de 2021 (10,4%).