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Le Moussem des dattes revit à Erfoud
Publié dans La Vie éco le 15 - 10 - 2004

Une oasis longue de 150 km, 400 kasbahs et ksars, des dunes aux vertus thérapeutiques
et mille autres merveilles. Le Tafilalet, région touristique par excellence, pâtit toutefois
de son enclavement et le Moussem de la datte récemment remis à l'honneur à Erfoud,
ne suffira pas à le faire revivre. Visite guidée.
Nul besoin de cicérone ni de boussole pour s'orienter dans l'infini du pays du Tafilalet, et en capturer l'essence. Car le berceau de la dynastie alaouite se livre facilement à quiconque désire entendre ses palpitations. Il suffit de se dépêtrer du joug du temps, d'aiguiser son sens de l'émerveillement et de posséder la faculté de jouir de la contemplation d'une nature souvent hostile, parfois exubérante, jamais banale.
Des palmes tressées pour arrêter l'avancée du désert
Aussitôt que le voyageur s'arrache au charme indolent de la ville d'Errachidia pour s'enfoncer un peu plus dans le Tafilalet, il se retrouve englouti par une immensité ocre, silencieuse, effrayante. Pas la moindre touffe d'herbe, juste des pierres de petite taille, alignées à l'infini. Du coup, l'on se sent comme un fétu de paille balloté par l'océan. Cette rapetissante sensation est, de temps à autre, distraite par le spectacle de femmes drapées de noir, ployant sous le faix d'énormes fagots de buissons nécessaires à la cuisson des repas. Pour les ramasser, elles parcourent jusqu'à vingt kilomètres à pied.
Le désert, encore lointain, a pris déjà d'assaut une contrée autrefois verdoyante, la dénudant, la désolant, la dévastant. Son avancée aurait été plus ravageuse, si l'Office régional de la mise en valeur agricole (ORMVA), épaulé par les habitants, n'avait quadrillé les dunes de barrières en palmes tressées pour endiguer l'ensablement des villages, des pistes et des arbres. Mais c'est la lutte du pot de terre contre le pot de fer.
Soudain, la monotonie rocailleuse est brisée par une féerie verdoyante. La plus longue oasis marocaine, annoncée, ici et là, par quelques îlots chatoyants, commence à jeter son éclat. Elle déroule sur 150 km les plus rares variétés de palmiers dattiers jusqu'à la frontière algérienne. Autant dire qu'elle constitue une manne en ce pays où il ne pleut que par inadvertance. Un palmier dattier bien portant donne près de 200 kg de fruits. Un hectare du fameux majhoul rapporte 40 à 50 millions de centimes.
Le bayoud n'est plus une menace pour les palmeraies
On s'engouffre dans la palmeraie, et l'on est immanquablement ravi. Des bouquets de palmiers, ondoyant dans le vent tiède, exhalent une odeur éternelle, dont s'imprègnent délicieusement les sens. Des arbres, gros de leurs fruits, qui, drapés dans une dignité majestueuse, tutoient le ciel. Ils regardent de haut leurs congénères infortunés qui ont perdu leurs palmes et leur éclat. Ceux-ci ont été frappés par le terrible bayoud, qui eut raison, en un siècle, des deux tiers des palmiers. Aujourd'hui, nous a-t-on assuré, le fléau est totalement éradiqué et, dans son souci de soutenir le petit monde de la palmeraie, l'ORMVA fournit des plants plus résistants à la maladie. On soupire.
Ces derniers jours, il flotte autour des palmiers une agréable effervessence. C'est que nous sommes en octobre, période bénie de la cueillette. Le visiteur ne manquera pas de remarquer ces hommes doués d'une agilité surprenante, grimpant, pieds nus, au faîte du palmier interminable, pour faire tomber, à coups de machettes, les lourds régimes de dattes. Des femmes et des enfants les ramassent, séparent les dattes des branches, puis emportent le tout, qui à dos d'âne, qui à vélo ou sur un quelconque engin. Rien ne doit se perdre du palmier dattier. Le Filali s'en nourrit, l'utilise comme matériau de construction, l'exploite dans son artisanat, s'en sert dans la création des meubles ou comme élément décoratif.
Mais mieux qu'une ressource, la datte, dans le Tafilalet, est hissée au rang de symbole. C'est parce qu'Allah a élu cette terre infertile, qu'il y a fait pousser le palmier dattier. «L'un de vous aimerait-il avoir un jardin de dattiers et de vignes sous lesquels coulent les ruisseaux, et où poussent pour lui toutes espèces de fruits?», interroge le Coran, dans la sourate Al Bakara. Aussi, les gens du Tafilalet se font-ils un plaisir de partager ce don du Ciel. Proposer d'emblée des dattes à un convive est une règle de savoir-vivre à laquelle le Filali ne faillit jamais. Refuser l'offrande est considéré comme une offense. Un ami diabétique s'est ainsi gavé de dattes, à son corps défendant, pour ne pas désobliger ses nombreux hôtes.
Aux dattes, accompagnées de lait ou de petit-lait, ou les deux, succède la cérémonie du thé. Le mot revêt ici toute sa signification. Le maître de céans préside toujours la séance. Il prend son temps, versant, reversant le thé dans un verre, jusqu'à ce qu'il en obtienne le nectar. Après, le thé est servi avec des dattes, des amandes et des pistaches. Mais il ne doit pas être avalé d'un trait, sous peine de contrevenir aux usages, il est bu à petites gorgées, afin de donner place aux récits dont les habitants sont friands.
Mais les dattes et le thé ne sont qu'un doux prélude au festin, qui se déroule en plusieurs actes. Tajine aux dattes, et parfois aux amandes, poulet aux olives, couscous aux dattes ou aux légumes, en composent le menu. Les gourmets apprécieront tout particulièrement la medfouna. Il s'agit d'un pain qu'on enterre sous les cendres, farci de viande, d'oignon et d'œufs pochés. Le goût en est très relevé, et le plat aussi succulent que bourratif. Ça tient au corps, comme on dit. Et comme les hôtes ont la manie bienveillante de vous resservir jusqu'à ce que votre ventre soit près d'exploser, munissez-vous de bicarbonate. A l'insu de vos obligés, sinon ils s'en offusqueraient.
Repus, nous sommes allés nous rafraîchir à la source bleue de Meski. En face, se dresse un ksar imposant, qui a su résister vaillamment aux outrages du temps. En effet, il date du XIIe siècle et il est l'un des rares vestiges, dans la région, de l'époque almohade. Bâti sur un rocher, d'où il surplombe une partie de la palmeraie, il frappe par son dépouillement, sinon, son austérité. De la terre et de la pierre uniquement, aucune fioriture. C'est ce qui fait sa singularité. De kasbahs et de ksars, le pays du Tafilalet en regorge. On en dénombre quatre cents. La plupart se nichent dans la palmeraie. Tous sont construits en pisé et sont sertis dans les tons ocre. Outre le ksar Meski, les plus admirables sont ksar El Fida, situé à 4 km au nord-est de Rissani ; ksar Oulad Abdelhalim, à 2 km au sud-est du mausolée Moulay Ali Chérif ; ksar Abouaam, au centre de Rissani et ksar Maadid, à cinq kilomètres d'Erfoud.
Une palmeraie éblouissante, une profusion de ksars enchanteurs, des dunes dont les vertus thérapeutiques sont connues. Avec de tels atouts, le Tafilalet devrait être un haut lieu touristique. Sauf que les visiteurs ne se bousculent pas aux portes de cet eden. Car, pour l'atteindre, il faut avaler des centaines de kilomètres (670 depuis Casablanca), risquer sa vie sur des routes mal intentionnées. Le salut pourrait venir d'une liaison aérienne. Un aéroport existe à Errachidia. D'une superficie de 260 hectares, il dispose, précise Abderrahim Saher, président du Centre d'études sahariennes, d'une piste d'atterrissage longue de 3,2 km et de larges hangars pouvant contenir des gros porteurs. Mais, frileuse, Royal Air Maroc ne veut pas tenter l'aventure, malgré l'assurance donnée par les hôteliers et les aubergistes de vendre 50 % du quota des billets nécessaires à la rentabilisation de la ligne. Les hôteliers ne décolèrent pas, la RAM fait la sourde oreille. Pendant ce temps, le tourisme, qui pourrait être une ressource fructueuse pour cette région déshéritée, ne décolle pas.
Le Moussem des dattes d'Erfoud, un rituel qui remonte à l'antiquité
Après avoir admiré les splendeurs de la palmeraie, nous faisons cap sur Erfoud. La ville a revêtu son habit de fête, pour se montrer à son avantage lors du Moussem des dattes. Un rituel antique qui avait acquis une dimension festive suite à la visite à Erfoud, en 1958, de feu Mohammed V. Dimension ternie au fil des ans, au point de s'effacer complètement. Zagora allait reprendre le flambeau, rapporte Mustapha Tilioua, chercheur en anthropologie culturelle. Cela serait resté en travers de la gorge de quelques associations locales et du centre Tarik Ibn Zyad. Alors, de concert, ils résolurent de redonner au Moussem des dattes son lustre d'antan. Ils y parvinrent, si l'on en juge par la prestation de cette année.
Un tour dans le souk. Plusieurs tribus du Tafilalet y sont réunies. Leurs cueillettes sont offertes au regard. Les papilles gustatives sont alléchées par la vue de ces dattes de différentes tailles, formes et couleurs. Les majhoul, faggouss, bousserdoune, khalt, bouslikhane, boumechar ou boussekri, spécialités de la région, appâtent le chaland. Echaudés par les prix affichés, nous avons pris le chemin de la grande scène. Une foule gigantesque y a afflué, vibrant, trépignant, s'extasiant aux rythmes locaux.
Le lendemain, on fait route sur Rissani, pour une prière au mausolée de Moulay Ali Chérif, fondateur de la dynastie alaouite. Le lieu, qui fut détruit par une crue de l'oued Ziz puis reconstruit en 1965, est d'un extrême raffinement. Après avoir traversé une porte monumentale, couverte de céramique verte et surmontée d'une coupole, on pénètre dans une vaste cour qui donne accès à un patio magnifique, de zellige pavé et décoré, et fleuri à souhait. Là, tout est sérénité et piété. Et l'on éprouve du mal à s'arracher à l'envoûtement recueilli de l'endroit. Le soir, nous avançons de quelques kilomètres pour rejoindre Ksar El Fida. C'est là que se déroulera la soirée de clôture du Moussem des dattes. En attendant, nous profitons de la présence d'Aboulkacim Chebri, directeur du Centre d'études et de recherches alaouites, pour visiter le lieu. On contemple tout d'abord une impressionnante muraille fortifiée par des tours carrées et élancées. A l'un de ses angles, une entrée coudée. De là, on accède au grand méchouar, sur lequel se dresse une porte monumentale ouvragée, flanquée de deux tours majestueuses et richement décorée. Ensuite, surgit le petit méchouar qui ouvre sur Dar Lakbira, composée de cours fleuries et plantées d'arbres. Après cette enfilade de cours, on tombe sur le hammam. Et l'on sort pour assister au spectacle. Y participer serait plus juste, car nul ne peut rester insensible à ces voix cristallines qui chantent la gloire d'Allah et du Prophète. Des voix qui exaltent l'âme, pénètrent le cœur et suscitent le recueillement. Le groupe rissani de «Samaâ», celui des «Dakirine», les Haddarate de Chaouen et le groupe «Mohammadi», avec un talent égal et une justesse incomparable, nous ont procuré un plaisir sublime.
Avec 280 MDH, on pourrait capter l'eau de l'oued Guir
L'horizon se charge soudain d'une bienveillante chape nuageuse et le vent décoiffe sans ménagement la cime des palmiers. La pluie commence à tomber. Nous jubilons. «Elle va bientôt cesser de tomber», augure Habibi Benhamou, propriétaire du Palm's Hôtel Club à Erfoud. De fait, elle se volatilise. Ici la pluie est rare, très rare. Ce qui explique la pauvreté des habitants. Le revenu moyen ne dépasse pas 500 DH mensuels et les jeunes vont vers des climats plus cléments. La rareté de l'eau est le drame de la région. Elle pourrait être surmontée, poursuit Habibi Benhamou, si une partie des eaux de l'oued Guir était captée. L'ORMVA a étudié ce projet, dont le coût s'élèverait à 280 MDH. Sans qu'il y ait de suite.
Désolant contraste entre la richesse des gisements naturels et culturels du pays du Tafilalet et les conditions de vie de ses habitants !
Un aéroport existe à Errachidia avec une piste d'atterrissage de 3,2 km et pouvant accueillir des gros avions. Mais, frileuse, la RAM ne veut pas tenter l'aventure malgré l'assurance donnée par les hôteliers de vendre 50 % du quota des billets nécessaires à la rentabilisation de la ligne.
Octobre est le mois de la cueillette des dattes. Majhoul, faggouss, bousserdoune, sekri… les variétés produites sont nombreuses et, en dehors de l'alimentation, le dattier sert pour la construction, l'artisanat, etc.


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