Lancé le 7 juin, le festival des musiques sacrées fait vivre Fès au rythme de sa spiritualité. Cette année encore, la manifestation, à dimension internationale, propose une programmation de qualité. Musique... Quand Fès décide de célébrer la musique, elle le fait sans tricher et avec toute la spiritualité que l'on connaît à la ville. C'est en effet depuis le 7 juin que son festival des musiques sacrées berce, fait rêver, fait danser ou encore fait réfléchir. «Nous avons voulu cette année célébrer, parmi les nombreuses dimensions de Fès, celle par laquelle se rassemblent toutes les autres dans une même ingénieuse alchimie, celle de la culture andalouse. Pendant plus de huit siècles celle-ci a su conjuguer culture amazighe, arabe, ibère, romaine et wisigoth, réunir dans un même creuset les cultures d'Orient et d'Occident, faire communier dans une même recherche de sens et de sagesses les différentes religions abrahamiques», annonce Mohamed Kabbaj président de la Fondation esprit de Fès. En effet, le Festival de Fès parcourt les vastes espaces des chants et des rythmes que les cultures du monde ont créés depuis l'aube des temps comme pour rappeler au public, insatiable, la vrai valeur de la musique. Cette année, pour sa 19e édition et pour confirmer cette volonté, le festival se veut andalou et revient sur une culture riche et ancrée. «El Andalous fut aussi la terre où le culte de la féminité fut porté au plus haut, à travers l'amour courtois et la poésie. Un autre paradigme perdu dont il nous faut retrouver aujourd'hui les ressorts cachés et le mystère. Nizam (Harmonia), personnification de l'archétype féminin et de la sophia perennis, à laquelle rend hommage Ibn Arabî dans son recueil poétique L'interprète des désirs (Turjuman al achwak) peut, en s'échappant de l'espace et du temps, revenir de l'Orient lointain et interroger chacun de nos philosophes qui ont tous transité par Fès», explique Faouzi Skalli, directeur de la fondation qui ne croits pas si bien dire, puisque dès les premiers jours de l'évènement, l'Andalousie s'empare des murs de la ville et les sonorités des guitares flamenco retentissent, emplissant l'air. C'est avec «L'amour est ma religion» d'Andres Marin et sublimé par l'héritière du flamenco traditionnel Carmen Linares que le bal est déclaré ouvert. La création originale du festival qui est une évocation poétique, chorégraphique et musicale de l'Andalousie séduit et met tout de suite dans le ton de la nouvelle édition de l'évènement. La soirée sera sublimée par la présence de Françoise Atlan et l'ensemble El Quds, pour rappeler que le festival des musiques sacrés est une rencontre avec les musiques du monde. Comme les journées se suivent sans se ressembler mais que toutes ont pour but de faire rêver et jouer sur les sens, la ville se transforme pour proposer plusieurs endroits dédiés à la musique de Bab Al Makina, haut lieu des concerts des têtes d'affiche, au musée Batha pour des nuits plus spirituelles jusqu'à Place Boujloud pour des concerts en plein air. Tout le monde y trouve son compte et peut vivre le festival à son rythme et selon ses envies. Des chants araméens, syriaques et byzantins venus du Liban avec Abeer Nehme, à Aïcha Redouane avec ses racines amarzighes, au journal musical intime de Rosemary Standley du groupe Moriarty, en passant par Assala Nasri ou encore le magistral Paco de Lucia, le rendez-vous avec les musiques sacrées passe sans se lasser avec une touche particulièrement féminine cette année. Toutefois, ce n'est pas fini, puisque les festivaliers ont un rendez-vous important ce soir avec Ladysmith Chicago Gospel Experience , une fusion entre l'Afrique du Sud et les Etats-Unis qui promet un beau spectacle avant de laisser la clôture à une diva du folk rock : Patti Smith. La ville partage ces moments aussi authentiques que privilégiés avec le monde, grâce à la musique, mais également grâce à la discussion et à son rendez-vous du forum «Une âme pour la mondialisation», qui ont secoué les esprits les quatre premiers jours du festival. Fès sait accueillir et célébrer les évènements comme il le faut, comme le millénaire de la création du royaume de Grenade, qui ne sera pas passé inaperçu...