Au moment où nous mettions sous presse, l'armée soudanaise annonçait qu'elle se ralliait à la voix du peuple, comme c'est le cas en Algérie. Une «deuxième vague» du Printemps arabe s'apprête à déferler. Comment faut-il voir ces mouvements depuis le Maroc ? Quel en serait l'impact chez nous ? Telles sont les questions que l'on répète ici et là, des interrogations somme toute logiques. À cet égard, il y a deux niveaux d'analyse. Sur le plan micro, on porte un intérêt particulier à ce qui se passe chez le voisin de l'Est, car les retombées, directes ou indirectes, seront nécessairement ressenties chez nous. D'un point de vue macro, ce «mouvement de foule» pourrait apporter des airs de liberté, conjugués à une démocratisation des sociétés, qui se propageraient dans plusieurs pays arabes par effet de contagion. Nous ne sommes donc pas face à des soulèvements isolés, mais à ce que des experts internationaux appellent depuis 2015 une deuxième vague de révolutions arabes. Sur le plan géopolitique, cette thèse trouve toute sa crédibilité dans le traitement post-révolution par la majorité des pays arabes. En effet, une fois la zone des sables mouvants franchie entre 2011 et 2012, il y a eu retour des pouvoirs à leurs vieux démons. À Alger et Khartoum, puisque ce sont eux qui sont au centre du mouvement aujourd'hui, on a eu droit à un Bouteflika impotent du fait de la maladie, mais qui se présente quand même à sa propre succession en 2013, tandis que le général El-Bachir continuait à museler la jeunesse et les opposants comme si on était toujours dans les années soixante. S'il y a un enseignement à tirer de l'actualité, c'est la nécessaire implication des jeunes dans la mise en oeuvre de leur propre feuille de route d'avenir. Cependant, cela ne se réalisera jamais sans un réel partage du pouvoir ; en d'autres termes, une démocratie participative et une régénération des élites. Et c'est justement là que réside la véritable révolution.