Le Centre marocain de conjoncture (CMC) entame sa rentrée avec une proposition de taille. Dans sa dernière lettre mensuelle, l'observatoire privé propose la tenue «d'assises nationales sur la croissance», un mot qui n'a pas encore fini de défrayer la chronique dans un contexte marqué par la préparation de la loi de finances 2011. Le CMC évoque d'emblée les différences de pronostics avancés sur la croissance du PIB en 2010, qui convergent vers une temporisation de l'effort de développement. En effet, l'organisme table sur une croissance de 2,8% pour cette année, alors que le ministère des Finances prévoit 3,2%, Bank Al-Maghrib s'attend à une croissance entre 3 et 4%, et le HCP prévoit un chiffre supérieur à 4%. L'idée, pour le collège d'El Malki, est de créer un cadre de concertation et de mise en commun des visions des différents protagonistes de l'économie publique nationale. En d'autres termes (ceux employés dans le document du CMC), il s'agit de favoriser «un cadre de réflexion stratégique sur les perspectives de croissance de l'économie nationale», sur une base globale et sectorielle. Un cadre dans lequel serait soulevée «la question des objectifs en adéquation avec les moyens», note-t-on, et qui jouerait le rôle de vecteur de diffusion de la culture économique auprès de tous les acteurs. Rigueur ou croissance ? Cette proposition ne découle pas du néant. Le CMC a déjà fait entendre sa voix au travers des traditionnels discours précédant la préparation de chaque loi de finances. L'observatoire privé part du fait que «le Budget 2011 ne devrait pas être un budget de crise, mais un budget de croissance». Ce postulat se fonde sur un diagnostic conjoncturel qui a mis à nu, entre autres, une baisse des recettes fiscales et un creusement du déficit des comptes de l'Etat. Les mesures de resserrement budgétaire préconisées pour faire face à cette situation, (et qui d'ailleurs, commencent déjà à s'appliquer pour certains ministères ndlr), «pourraient se ressentir aussi bien sur l'effort d'investissement public qu'au niveau de dépenses destinées aux secteurs sociaux», souligne le CMC. Ce contexte, marqué par des indicateurs stratégiques portant notamment sur la diminution des dépenses publiques (administration et établissements publics), sur la problématique de la masse salariale et de l'hypothétique plafonnement des dépenses de la caisse de compensation à 2% du PIB, a été revisité plusieurs fois dans l'argumentaire des experts du centre. Cette dernière structure parle d'ailleurs d'un «défi difficilement tenable», s'agissant d'impulser un taux de croissance «tiré par l'investissement public, tout en soutenant les secteurs sociaux». Quoi qu'il en soit, cette lecture du CMC nous laisse entrevoir le débat houleux qui entourera cette question de la croissance, pour le prochain trimestre.