Top départ pour un nouveau cycle de grèves dans la santé publique. Après la menace des pharmaciens, voilà que les médecins du secteur public décident l'arrêt partiel des consultations et l'organisation d'un sit-in qui démarre ce matin de l'hôpital 20 août à Casablanca, dans un premier temps. Dans un second temps, un arrêt total des consultations devrait intervenir dès lundi prochain à Casablanca pour une généralisation dans tout le royaume dans le courant de la semaine. À l'origine de ce mécontentement, les responsables de ce mouvement sont clairs : «les accords conclus avec le ministère de tutelle il y a de cela 12 mois n'ont toujours pas été appliqués». Est-il utile de rappeler la gronde des médecins qui avait sévit l'année dernière et qui avait été motivée par la revendication de meilleurs conditions de travail, l'octroi d'assurances aux praticiens et la rémunération des gardes ? Une décision avait été dès lors prise par la ministre de la Santé sortante, Yasmina Baddou à travers laquelle le ministère de tutelle s'engageait à répondre à ces requêtes. L'avènement d'un nouveau gouvernement et partant d'un nouveau ministre de la Santé avait laissé entendre une politique de continuité qui supposait l'application de tous les accords conclus antérieurement. Que nenni puisque le syndicat des médecins assure qu'à ce jour aucune promesse n'a été tenue, mettant près de 200 médecins (qui attendent depuis l'an dernier le versement de leurs salaires) dans une situation financière difficile. Ces derniers saisissent l'attention des responsables du ministère qui se montrent unanimes : «la rémunération des médecins concernés attend l'application de la loi de finances». De quelle loi de finance s'agit-il ? Très probablement de celle de 2012 et dont la suivante est déjà en cours d'élaboration. Warning sur les réformes L'argument est-il alors recevable ? En tout état de cause, en l'absence de réaction du ministère, la situation risque d'être complexe d'autant plus que cette montée au créneau des médecins de la santé publique intervient au mauvais moment. Comment réformer un secteur en proie à de multiples blocages ? Voilà une question sur laquelle devront se pencher le cabinet d'El Hossein El Ouardi. Au moment où le ministre de la Santé pose l'accès aux soins pour tous en pierre angulaire de la stratégie de réformes, l'arrêt total des consultations dans les hôpitaux publics pourrait bien mettre à mal le processus. Le nouveau ministre base toute sa stratégie sur le redéploiement de son département, l'amélioration des conditions d'accueil et la mise en application du nouvel arsenal juridique pour la mise à niveau des centres hospitaliers. Sur ce point précis, le mécontentement des médecins y exerçant lève le voile sur un retard enregistré dans l'application des mesures faisant partie intégrante de la stratégie de réforme du secteur. Attendu à la Chambre des conseillers pour livrer son bilan mi-annuel, El Ouardi devra mettre de côté la pression que l'ensemble de la profession tente d'exercer sur lui pour se focaliser sur les avancées enregistrées dans ce chantier. Lesquelles ? Le discours du ministre de la Santé s'appuiera essentiellement sur une présentation des résultats du déploiement du RAMED. En attendant les conditions de travail des médecins, à en croire leur colère, ne semble pas s'inscrire dans la liste des priorités du département. Le bras de fer ne fait que commencer, les pressions qui s'accumulent sur le département d'El Ouardi devront être gérées de manière stratégique afin d'éviter l'explosion de la bombe à retardement que représente aujourd'hui ce secteur.