Les rumeurs sont parties bon train durant ces dernières semaines évoquant un éventuel arrêt de la chaîne de fabrication de Berliet Maroc. Et ce n'est que le mardi 5 janvier que des précisions ont été données par la société mère, basée en France. «Renault Trucks a décidé d'entamer une réflexion sur son activité industrielle face au démantèlement des barrières douanières affectant l'importation des véhicules d'origine européenne prévu pour les deux années à venir», peut-on lire dans un communiqué rendu public au lendemain du conseil d'administration de Berliet Maroc. Aussi, «les mesures conservatoires nécessaires seront prises vu que nous agissons dans un contexte économique global difficile», ajoute le communiqué. Le ton est donné. Berliet Maroc ne pourra plus continuer son activité de montage en faisant fi d'un démantèlement douanier sur les véhicules européens qui sera de 100% à l'horizon 2012. Mais ira-t-elle jusqu'à abandonner carrément l'activité du montage industriel, préférant, pour minimiser ses charges, s'orienter vers le négoce et le carrossage industriel ? «Notre chaîne de montage a un rythme qui dépend des contrats signés. Aujourd'hui, avec le démantèlement tarifaire, les véhicules asiatiques pourront continuer à être montés localement, contrairement aux Européens pour lesquels l'importation du produit final serait plus intéressante que le montage sur place», lance Redouane Ichou, en charge du dossier à Berliet Maroc. Des asiatiques à recruter Après le départ d'Isuzu et de Kia, deux marques sont toujours montées par Berliet Maroc. Il s'agit de Volvo et de Renault. Un portefeuille qui n'est pas pour arranger le cas de l'entreprise. «Nous sommes en train de réfléchir à la meilleure façon de compléter la sous-activité de la chaîne de montage», avoue Redouane Ichou. Autrement dit, pour combler le manque à gagner enregistré au niveau des produits européens, il faudra vite aller à la recherche de nouvelles opportunités existant dans le segment des asiatiques. «Nous sommes conscients qu'il faut analyser à la loupe la gamme des véhicules à monter en 2010 et 2011. Et c'est ce qui nous permettra de prendre les décisions adéquates», confie Ichou. Mais quels que soient les résultats de cette «analyse», une chose est sûre: d'ici 2012 Berliet Maroc n'importera d'Europe que des véhicules européens. Toujours est-il que, malgré le ton rassurant de Berliet Maroc, BMCE Capital n'y est pas allée de main morte en suspendant à nouveau sa recommandation de la valeur. Des résultats en berne Il n'y a pas que la levée des barrières douanières qui porte un coup dur à l'activité de Berliet Maroc. La crise financière internationale de 2009 avait fortement impacté les résultats financiers de l'entreprise. Un effet visible dans le tableau de bord du premier semestre 2009, mais que le top management de l'entreprise a qualifié de temporaire en tablant sur une reprise de ses résultats au second semestre. D'où vient cet optimisme. «D'une amélioration des commandes en camion poids lourds depuis août dernier», a-t-on expliqué. Cela devait corriger une baisse de presque 50% du chiffre d'affaires enregistré au premier semestre. Et par ricochet améliorer le résultat opérationnel et le résultat net qui ont fait respectivement une chute libre de 83,2% et 83,1% courant la même période. La raison ? Une baisse d'activité jumelée à un écoulement des stocks cumulés à fin décembre 2008, selon les explications données en marge de la présentation des résultats.