Donald Trump et Sanae Takaichi, la nouvelle Première ministre du Japon, ont paraphé mardi un accord qui prévoit une coopération accrue et une mobilisation de capitaux pour soutenir l'exploitation minière et le traitement de terres rares dans les deux pays. Tokyo et Washington s'engagent à «identifier conjointement» des projets propres à combler «les lacunes» de leurs chaînes d'approvisionnement de terres rares et minéraux critiques – «y compris les produits dérivés comme aimants, batteries, catalyseurs» – avec des mesures adoptées «dans les six mois» pour appuyer financièrement des projets prioritaires. Ils recourront à des «mécanismes de soutien financier, mesures commerciales» et «systèmes de stockage», indique le texte. «Les participants entendent mobiliser le soutien des gouvernements et du secteur privé (…) par le biais de subventions, garanties, prêts ou propres (…) assouplissements réglementaires», ajoute l'accord. Celui-ci intervient peu après l'annonce par la Chine de nouveaux contrôles sur l'exportation de technologies liées à ces terres rares, au grand dam des Etats-Unis, du Japon et de l'Europe. Or, la Chine assure plus de 60% de l'extraction minière des métaux appelés «terres rares» et 92% de leur production raffinée à l'échelle mondiale, selon l'Agence internationale de l'énergie. Ces matériaux sont essentiels pour le numérique, l'automobile, l'énergie ou encore l'armement. L'inquiétude sur les restrictions d'accès à l'offre chinoise pousse les pays occidentaux à s'efforcer dans l'urgence de diversifier leurs sources d'approvisionnement. Tokyo avait appelé les puissances du G7 à «s'unir sur cette question». Les Etats-Unis et l'Australie ont signé la semaine dernière un accord sur les minéraux critiques dont le sous-sol australien regorge. Donald Trump a également conclu dimanche deux protocoles d'accord avec Bangkok et Kuala Lumpur pour renforcer leur coopération sur le sujet. Beaucoup de navires Parallèlement, Howard Lutnick, secrétaire américain au Commerce a signé avec le ministre japonais Yasushi Kaneko un protocole d'accord pour doper la coopération dans la construction navale. Japon et Etats-Unis établiront ainsi un «groupe de travail» conjoint sur l'extension de leurs capacités, l'échange de pratiques, les investissements stratégiques… Selon le cabinet CSIS, la Chine domine plus de la moitié du marché mondial, suivi de la Corée du Sud (29%) et du Japon (13%), les Etats-Unis ne représentant plus que 0,1%. «Nous avons perdu la main, mais nous allons nous y remettre (…) nous allons collaborer avec le Japon, nous allons à nouveau construire beaucoup de navires», a commenté Donald Trump. Dans l'immédiat, Washington pourrait recourir à la Corée du Sud et au Japon pour s'approvisionner auprès de chantiers navals alternatifs à la Chine. Nucléaire et IA Enfin, Tokyo et Washington ont publié une liste de projets d'investissements japonais auprès de firmes américaines ou aux Etats-Unis. En contrepartie d'un accord conclu en juillet, qui abaissait les surtaxes douanières imposées au Japon, les Etats-Unis exigent 550 milliards de dollars d'investissements nippons –dont les modalités exactes restent discutées. La liste publiée mardi par Tokyo énumère des entreprises «envisageant» des investissements en lien avec un fournisseur ou un groupe américain, mais avec peu de détails. Elle fait la part belle à l'énergie, avec des investissements allant jusqu'à 100 milliards de dollars pour la construction de réacteurs nucléaires de l'américain Westinghouse, et une somme similaire pour des mini-réacteurs nucléaires (SMR) de GE Vernova. Sont aussi mentionnés des projets visant à «renforcer les investissements dans l'intelligence artificielle», impliquant notamment les japonais Toshiba, Hitachi, Mitsubishi Electric… Enfin, plusieurs projets d'investissements concernent des usines de traitements de minéraux critiques (cuivre, lithium-ion…