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Guerre économique : Les phosphates marocains victimes collatérales du conflit du Sahara
Publié dans Le Soir Echos le 26 - 08 - 2010

Jusqu'à il y a peu, qui avait jamais entendu parler de Potash Corporation of Saskatchewan Inc., plus sobrement appelée Potash Corp? Quasiment personne. Pourtant, depuis près d ‘une semaine, cette entreprise canadienne -qui est le premier producteur mondial de potasse-occupe les écrans radars des marchés mondiaux, suite à une OPA hostile lancée par le leader mondial BHP Billiton. Ce dernier désire acquérir l'entreprise canadienne pour la somme record de 39 milliards de dollars afin de renforcer sa position concurrentielle et se positionner sur le marché très prometteur des engrais.
Or, depuis ce dimanche 22 aout, une bien curieuse campagne médiatique s'est déclenchée venant s'ajouter à celle -plus classique- qui accompagne toutes grandes opérations de rachat entre multinationales. Cette campagne vise l'Office Chérifien des Phosphates (OCP), qui n'est pourtant pas concerné directement par l'OPA. C'est le mal nommé et très partial journal britannique « The Independent », qui ouvre le bal le 22 aout en titrant : « le raid sur Potash pourrait entrainer BHP dans la dispute saharienne », faisant bien entendu référence au conflit du Sahara. L'article signé Mark Leftly et Paul Rodgers est un savant copier-coller de l'agence officielle algérienne APS, mêlé à un discours pro-Polisario masqué par une logorrhée technique censée semer la confusion dans l'esprit du lecteur. Dans la même veine, le journal britannique « The Guardian » produit le même jour un article à peu près similaire, ce qui laisse à penser qu'une action coordonnée est en cours, avec un degré de concertation curieux entre des journalistes censés ne pas se connaître. Dans les deux jours qui suivirent, d'autres journaux-tous anglo-saxons- on repris le discours anti-OCP, reprenant à leur compte les thèses algériennes, amplifiant et déformant les faits, la palme de la malhonnêteté revenant sans conteste au « South China Morning Post » de Hong-Kong, qui affirma avec un aplomb incroyable que le Maroc tirait « la moitié de son PIB de l'exploitation des phosphates du Sahara Occidental ».
Si le lecteur peut, à première vue, penser qu'il s'agit là d'un effet d'entrainement normal qui a porté cette vague informationnelle, l'observateur du conflit saharien ne peut imaginer qu'il s'agisse là de pure coïncidence, mais y voit, au contraire, le déroulé d'une stratégie froide et implacable, la mise en œuvre d'un plan plus large ayant pour objectif de nuire au Maroc.
En observant d'abord le terrain et les acteurs, l'on s'aperçoit que c'est désormais le monde anglo-saxon qui est privilégié par les adversaires de l'intégrité territoriale du Royaume, à travers souvent les mêmes canaux. « The Guardian » est ainsi un journal privilégié par les partisans du Front Polisario, produisant souvent des articles en défaveur du Maroc, qui rivalisent de méconnaissance du dossier et de mauvaise foi.
Néanmoins, le mouvement qui devrait le plus interpeller le Maroc est probablement le fait que le centre de gravité du lobbying international de l'Algérie est en train de se déporter, quittant Paris pour Londres et New York, et préférant désormais Bruxelles aux sommets de l'Union Africaine.
Ce basculement est perceptible depuis plusieurs années, mais il est désormais arrivé à un stade assez avancé pour que le Maroc s'inquiète des répercussions qu'il pourrait avoir sur l'économie nationale et sur l'image du pays. Peut être est-il ici utile de rappeler que le monde économique n'aime pas les conflits, et que celui du Sahara ne doit pas y être transposé, pour la bonne raison que ce n'est pas sa place.
Un travail d'explication doit donc être impérativement entrepris, afin que le monde anglo-saxon, qui se trouve en dehors de notre terrain de chasse « naturel », puisse être atteint par un discours audible du Maroc, qui allierait à la fois la rigueur historique et argumentation adaptée.
En premier lieu, force est de constater que le Maroc communique peu sur l'immense effort consenti par la communauté nationale en faveur des provinces du sud, amenant en moins de trente années cette région quasi-inhospitalière à des niveaux de développement qui rivalisent avec ceux des grandes villes. En second lieu, les médias anglo-saxons semblent ne pas se soucier du fait qu'il existe désormais un risque sécuritaire avéré du fait même de l'existence du Front Polisario dans la région maghrébine et sahélienne. L'expert international Peter Pham de la World Defense Review, repris par l'agence Associated Press, estime ainsi que les liens découverts récemment entre Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) et le Polisario constituent une source d'inquiétude car si AQMI « arrive à atteindre le Polisario(…) elle peut désormais se payer des mercenaires bien entrainés ». Le danger d'une contamination du Polisario par AQMI n'est donc plus une simple conjecture, mais un fait bien établi, qui mérite que le monde anglo-saxon s'y intéresse, du fait de sa forte implication dans la sous-région.
Enfin, attaquer l'OCP en prenant pour prétexte une grande opération financière internationale doit, paradoxalement, être un motif de satisfaction pour le Maroc, car cela signifie que ses entreprises sont en train de devenir non seulement des acteurs régionaux, mais des groupes mondiaux qui cristallisent les « attentions » des adversaires du Maroc, politiques comme économiques.
Ce nouveau rôle nous oblige, car en devenant un acteur de plus en plus important sur la scène économique, le Maroc sera exposé de plus en plus à une guerre informationnelle qui peut s'avérer plus redoutable que celles qu'il a connu jusqu'à présent : celle où l'argent et le pouvoir sont intimement mêlés et où tous les coups sont permis, au nom de la sacro sainte…compétitivité.
Abdelmalek Alaoui est consultant, Associé-gérant du cabinet Global Intelligence Partners (www.global-intel.com ), également auteur du livre « Intelligence économique & guerres secrètes au Maroc » (Editions Koutoubia, Paris).


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