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Sabri Moussa, un romancier égyptien âpre et tendre
Publié dans Le Soir Echos le 01 - 08 - 2010

Tragique est le roman de l'Egyptien Sabri Moussa «Les Semeurs de corruption» paru au Caire en 1973 sous le titre «Fasad al-amkina», dont la traduction littérale serait : La corruption des lieux. Celui choisi par les éditions Rouge Inside en 2009 dans la traduction d'Ahmed Gasmi est une profération dénonciatrice tandis que le roman s'élève à la hauteur du mythe.
C'est un récit montagnard, mais un roman du désert. Et l'on pense, lisant Sabri Moussa, à ce qu'écrivait Alexandre Dumas : «Le paysage s'étendait au loin, calme et majestueux. Un magnifique palmier, immobile au milieu de cette atmosphère sans brise empanachait une petite mosquée qui faisait le premier plan. Puis la vue s'étendait sur le lac, de la surface duquel s'élevait de temps en temps le cri étrange d'un oiseau de marais. »
Désert et montagne : «Nicolas, demande Sabri Moussa, combien de tonnes de talc ces hommes ont-ils extrait des entrailles de la montagne durant toutes ces années ? Un talc entassé sur l'aire aménagée derrière la mine avant d'être chargé sur des chameaux qui le transportaient à travers le désert jusqu'au port de Darhib (…) dans ce lieu dont on ignorait auparavant jusqu'au nom».
Le roman se situe peu avant l'arrivée de Nasser au pouvoir. Nicolas, ingénieur européen, vit sa passion au désert. Ecrit avec la sueur des travaux et des rêves, avec la colère des anéantis contre la stupide violence des nantis, avec l'acharnement à sauvegarder le souvenir de l'amour, avec un sens du vaste et de l'infini qui rappelle le lyrisme de l'écrivain libyen Ibrahim al-Kouni, «Les Semeurs de corruption» est un régal pour le lecteur, un geyser d'émotions.
Alors, laissons-nous envahir par des doutes et des certitudes, de l'espoir et des regrets, l'infini des contradictions, la rudesse du réel et les lancinements de l'imagination : «Nicolas, regarde bien Abd Rabbou Krichab, cet homme qui porte en lui tous les ingrédients d'une tragédie. (…) les Krichab vivent à la lisière du désert, le long de la côte. C'est dans le bleu de la mer qu'ils trouvent leur nourriture. Ils fendent le poisson en deux puis l'exposent à l'air chaud et au soleil du désert pour le faire sécher. Ils le proposent aux bédouins qui vivent dans les huttes des vallées, le troquant contre de l'orge. Avec le temps, même leurs chameaux ont appris à se nourrir de petits poissons séchés et faciles à digérer».
Immense différence entre les chameaux et nous, nous lisons des romans. Les Semeurs de corruption a attendu trente-six ans avant qu'un jeune éditeur lyonnais en confie la traduction française à Ahmed Gasmi dont il convient de saluer le beau travail. On n'oubliera pas Ilya, nue, sans défense, outragée par l'homme le plus puissant du pays. On n'oubliera pas Nicolas. Pas plus qu'on n'oubliera Issa ni Cheikh Ali et l'on se souviendra longtemps de l'accouplement du pêcheur et de la sirène. On n'oubliera pas Sabri Moussa. On se réjouit que les lecteurs de langue française aient désormais un premier accès à l'œuvre d'un romancier égyptien né en 1932 qui ne se veut certainement pas postmoderne mais qui s'inscrit dans une tradition universelle où la lucidité éclaire le romantisme et combat le cynisme.
De Nicolas, c'est encore le traducteur Ahmed Gasmi qui nous parle le mieux lorsqu'il explique, répondant aux questions de Aymen Hacen:Son retrait du collectif , amorcé en Italie, continue dans le désert. C'est une élégance qui ne le sauve pas. L'histoire est devenue monstrueuse, c'est pourquoi il en sort pour vivre une folie assumée.“
Il arrive que des romanciers aux univers géographiques très différents et n'écrivant pas dans la même langue semblent pourtant réunis dans la mémoire du lecteur par de profondes affinités. «Les Semeurs de corruption» de Sabri Moussa m'a rappelé ainsi l'atmosphère hantée de tel roman de Claude Faraggi : «Les Dieux de Sable» (Grasset 1967), au moins par la hauteur du point de vue, le sens de la célébration et le spectre de la destruction. Comme Faraggi, Sabri Moussa a le sens de la hantise et son chant de possession et de dépossession n'est pas de ceux que l'on peut effacer de sa mémoire.


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