Autrefois très prisé des Casablancais, le marché central a perdu de son éclat. Petit tour dans l'un des plus anciens marchés de la capitale économique. Le marché central est l'un des plus anciens marchés de la ville blanche, situé sur le boulevard Mohamed V (ex-boulevard de la gare), en face de l'hôtel Lincoln, aujourd'hui en ruines. Avec ses huit portes, entourées de laiteries et de pâtisseries, l'entrée principale du marché central est un portail en arcade et en grilles de fer forgé, orné de toutes sortes de fleurs. Près des fleuristes que les habitants connaissent depuis toujours, se trouvent les marchands de feuilles de pastilla fraîchement préparées. À l'intérieur, le corps central couvert et surmonté d'une ample rotonde, abrite les marchands de poisson frais : crustacés, fruits de mer, anchois, sardines, soles, thon ou encore requin… au milieu desquels les marchandes d'huîtres, de coquillages et de tortues sont aussi mythiques que le marché. Ils offre une panoplie de choix pour les plus gourmets à déguster sur place, dans un des snacks du marché. Amateurs de mets raffinés, vous trouverez un grand choix de fruits, légumes, épices et fruits secs autour des quatre voies en plein air qui entourent le cœur du lieu. Quant aux personnes de passage ou habitués des lieux, le brocanteur Hassan propose un large choix de pièces vestigiales de la préhistoire. Pour cet homme qui travaille au marché central depuis les années 70, «l'activité commerciale n'allait pas bon train depuis quelques temps et tourne au ralenti depuis les attentats de Marrakech», remarque-t-il, «et puis tous ces restaurants qui envahissent le lieu et bloquent la circulation l'après-midi ne sont pas bons pour le commerce», s'indigne-t-il. À l'intérieur, le corps central couvert et surmonté d'une ample rotonde, abrite les marchands de poisson frais, au milieu desquels les marchandes d'huîtres, de coquillages et de tortues sont aussi mythiques que le marché. Le lieu paraît sombrer dans l'oubli pour Ahmed également, commerçant au marché depuis 1961 : « le décor a changé et le désordre s'installe. Autrefois, le contrôle des produits se faisait chaque matin à l'entrée. Il n'y avait pas de restaurants, les marchands de fruits n'avaient le droit de vendre que des fruits, idem pour les marchands de légumes » regrette-t-il. Ahmed partage aussi l'insécurité qui règne au marché, depuis que SDF et mendiants viennent harceler les clients en l'absence d'agents de sécurité. Mais malgré tout, le marché central reste un vestige colonial où les Casablancais aiment se balader, parce qu'il garde son poids historique, comme nous livre Amina, professeur ayant grandi dans la médina: «C'est un lieu mythique et prestigieux qui a marqué l'histoire de Casablanca. Enfant, me rendre là-bas était une escapade en dehors de la muraille de la médina», raconte-t-elle avec nostalgie, «le marché central donnait l'image aussi de la diversité casablancaise, on y voyait des Marocains en djellaba, des sœurs de l'église, des ressortissants français, c'était un lieu très animé et réputé pour la fraîcheur de ses produits». Amina se rappelle des magasins disparus du marché, comme les fromageries, les boucheries chevalines et les stocks de marchandise devenus aujourd'hui des restaurant. Elle estime que l'état de ce lieu est dû à la dégradation du boulevard de la gare. Malgré la négligence apparente du marché Central, une membre de Casa mémoire estime que «c'est un lieu en bon état qui reprend les normes d'hygiène, de sécurité, d'ensoleillement et d'aération. Il n'est pas menacé mais il ne faut pas le dénaturer». Mina Saïdi & Ghita Zine (stagiaire)