Depuis sa création, le Forum s'est imposé comme un espace de réflexion engagé, mêlant pensée critique, création artistique et luttes sociales. Dans un contexte mondial marqué par les crispations identitaires et les discours de repli, cette nouvelle édition ambitionne d'offrir un contre-récit. Il s'agit de penser la migration non comme une crise, mais comme une dynamique de transformation, de mémoire et de création. Un partenariat avec le CCME pour interroger les récits migratoires Organisé en partenariat avec le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), le Forum questionnera les effets des mobilités sur les récits collectifs, les imaginaires politiques et les expressions culturelles. Pour Neila Tazi, productrice du Festival, « Ce Forum incarne l'âme du Festival. Il prolonge, sur le terrain de la pensée, ce que la musique exprime avec force : la circulation des idées, le métissage, la résistance par la culture. À Essaouira, les frontières s'estompent, et les idées circulent comme les rythmes. » De son côté, Driss El Yazami, président du CCME, rappelle que « face aux discours de fermeture et de cloisonnement, il est urgent de rappeler que la migration est aussi un acte de courage et de création. Le Forum d'Essaouira rend visibles ces contributions, ces fictions, ces mémoires en mouvement. » Un plateau international de chercheurs, artistes et écrivains La programmation 2025 se distingue par la richesse et la diversité de ses intervenants. Parmi eux : Andrea Rea, professeur à l'Université libre de Bruxelles, ouvrira le Forum par une leçon inaugurale sur les nouvelles géographies de la mobilité. Pascal Blanchard, historien, explorera les représentations sociales de la migration. Fatima Zibouh, politologue, et Dana Diminescu, spécialiste de sociologie numérique, débattront des tensions entre politiques publiques et imaginaires migratoires. Francesco Vacchiano, anthropologue, abordera la question des subjectivités migrantes et des politiques d'asile. Les arts visuels et narratifs seront également au cœur des échanges : Les cinéastes Faouzi Bensaïdi et Elia Suleiman proposeront leur vision de l'exil comme source de création. L'écrivaine Véronique Tadjo, l'artiste Barthélémy Toguo, les historiens Nicolas Bancel et Yvan Gastaut, ainsi que le documentariste Kamal Redouani, viendront enrichir les débats. Les voix littéraires d'Elgas, Rim Najmi, Taha Adnan et Abdelkader Benali contribueront à dresser une cartographie sensible des diasporas à travers récits, poésie et engagement. Une réflexion ancrée dans le réel Le Forum accueillera également des personnalités engagées sur le terrain, comme Kassie Freeman, spécialiste des politiques éducatives afro-descendantes, qui viendra déconstruire les stéréotypes liés aux diasporas et interroger les récits dominants. Un accent particulier sera mis sur le rôle de la culture – savante, populaire, performée – dans la transmission des mémoires, la construction d'identités plurielles et la réinvention des solidarités. Un espace de résistance intellectuelle et poétique Bien plus qu'un simple événement parallèle au Festival, le Forum des droits humains en constitue l'un des piliers. À Essaouira, pendant deux jours, la ville se transforme en laboratoire citoyen à ciel ouvert. Un lieu où se pensent les migrations autrement, où la musique et la parole deviennent des actes de résistance, et où les droits humains s'incarnent dans l'écoute, le dialogue et la création.