Avec 62 villes déjà déclarées sans bidonvilles et plus de 64 milliards de dirhams investis, le programme "Villes sans bidonvilles" connaît une accélération sans précédent. En quatre ans, le rythme de relogement a triplé, avec près de 366.000 familles bénéficiaires depuis son lancement. Un plan quinquennal (2024-2028) est désormais lancé pour en finir avec l'habitat insalubre, en visant 120.000 familles supplémentaires, a révélé le secrétaire d'Etat chargé de l'Habitat, Adib Benbrahim. Lors de son intervention devant la Chambre des représentants lors de la séance des questions orales, lundi, Adib Benbrahim a présenté les grandes lignes de la nouvelle feuille de route couvrant la période 2024-2028, qui vise à éradiquer définitivement l'habitat insalubre dans le Royaume. Depuis sa relance en novembre 2021, le programme a enregistré une accélération notable de ses résultats. Alors que le traitement de la situation des familles concernées stagnait à 6.200 ménages par an entre 2018 et 2021, ce chiffre a bondi à environ 18.507 familles annuellement entre 2021 et mai 2025. A ce jour, 64.775 familles ont vu leurs conditions de logement améliorées au cours de l'actuel mandat, tandis que 366.689 ménages ont bénéficié du programme depuis son lancement initial, a révélé le responsable. Au total, 62 villes et zones urbaines ont d'ores et déjà été déclarés "sans bidonvilles", démontrant les avancées tangibles du dispositif. Ces chiffres sont le fruit, selon Benbrahim, d'une "stratégie cohérente et efficace" menée en coordination avec les ministères de l'Intérieur et de l'Economie et des Finances. Pour consolider les acquis et combler les insuffisances identifiées, le secrétaire d'Etat a annoncé le lancement d'un nouveau plan quinquennal 2024-2028 inscrit dans la circulaire n°2024/07 du chef du gouvernement. Ce plan ambitionne de traiter le cas de 120.000 familles encore concernées par l'habitat précaire, a-t-il fait savoir. En outre, le responsable a expliqué que l'un des changements majeurs de ce nouveau cycle réside dans l'adoption du relogement comme méthode privilégiée, en remplacement du simple hébergement sur lots de terrain. L'objectif étant de surmonter les défis liés à la rareté du foncier, en particulier dans les grandes agglomérations. Le programme mobilisera à cet effet les stocks de logements existants réalisés par des promoteurs publics et privés, avec des mécanismes de financement renforcés et des garanties adaptées. Le cas pilote de la préfecture de Skhirat-Témara est cité comme modèle de réussite. Il a permis de poser les bases de la nouvelle stratégie d'intervention. Fort de ce succès, le ministère de tutelle prévoit d'étendre cette méthodologie à d'autres territoires, à commencer par Kénitra, où des appels à manifestation d'intérêt seront lancés dans les jours à venir. En parallèle, une campagne similaire est en cours de programmation à Marrakech, avec un objectif initial de fournir des logements à 30.000 familles. Le gouvernement ambitionne notamment une généralisation progressive à l'ensemble des villes concernées. Malgré les progrès enregistrés, Benbrahim a reconnu que la mise en œuvre du programme n'a pas été exempte de difficultés. Il a notamment souligné l'augmentation continue du nombre de familles ciblées, ce qui complique les efforts de relogement. A cela s'ajoute le faible engagement de certains bénéficiaires, qui freine les opérations de transition vers de nouveaux logements. Par ailleurs, la faible attractivité des zones d'accueil représente un obstacle majeur à l'adhésion des familles concernées. Le manque d'infrastructures de base dans ces zones compromet également leur viabilité à long terme. De plus, les coûts élevés liés aux aménagements extérieurs, qui nécessitent souvent l'intervention et la contribution d'autres partenaires, constituent un défi financier important pour la réussite globale du programme. Ces blocages, combinés aux retards dans les opérations d'auto-construction et à l'organisation de grands événements sportifs à venir, ont incité le gouvernement à opter pour une approche plus intégrée, mieux adaptée aux réalités de terrain. Selon le secrétaire d'Etat, le coût total du programme s'élève à 64,90 milliards de dirhams, avec une contribution directe de 14,90 milliards de dirhams du ministère de l'Aménagement du Territoire National, de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Politique de la Ville. Il a affirmé que le programme "Villes sans bidonvilles", salué par les Nations Unies comme une expérience pionnière au niveau régional, constitue un levier central de la politique urbaine marocaine.