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Salim Jay : Hyam Yared, une subtile romancière libanaise de langue française
Publié dans Le Soir Echos le 31 - 03 - 2010

C'est un livre auquel on s'attache comme à une personne. Un roman, le second de Hyam Yared, qui ouvre grand la fenêtre sur la dévastation ou sur de simples joies. Il nous implique dans  des vies secrètes ou offertes  à la confidence.
Tourmentée, Hyam Yared l'est sûrement. Néanmoins, la grâce qui opère constamment une révolution autour de chacune de ses phrases protège les lecteurs de «Sous la tonnelle». On est sous le charme, malgré les désastres, à cause de l'amour, de la dignité, de la délicatesse résistant aux affronts et à l'effroi, à l'exil forcé. 
Une héroïne, la grand-mère de la narratrice, fait mieux que de «tenir» dans sa maison et son jardin, pendant que tonne la guerre. Sans faillir, elle symbolise la saveur de la vie. Née à Beyrouth  en 1975, Hyam Yared avait d'abord publié en 2006 «L'Armoire des ombres», chez Sabine Wespieser dont on se souvient qu'elle est aussi l'éditrice de Rajae Benchemsi avec «Marrakech, lumière d'exil»  et «La Controverse du temps». Sans compter que la même Sabine Wespieser défend les récits saisissants de justesse de la Franco-algérienne Zahia Rahmani. Grâce au ton, grave et nuancé, mais sans compromis, dont Hyam Yared use en inventoriant les faits et les souvenirs, on est accueilli, vraiment, sous cette tonnelle qui se voit muer en titre de roman. La grand-mère écrivait : «J'ai barricadé toutes les ouvertures avec des sacs de sable. Les observateurs de l'immeuble d'en face n'arrêtent pas de m'épier. Les francs-tireurs sont partout mais je les ai localisés et les évite.» 
L'énergie et l'intrépidité de la narratrice ne sont pas en reste et «Sous La Tonnelle»  semble écrit sur le fil d'une épée destinée à trancher les liens qui emprisonnent la vérité intérieure dans un mensonge social, familial ou conjugal. 
Plutôt comprendre ; tel est le choix de Hyam Yared. Comprendre  l'amour et la déliaison, interroger aussi, comme on tiendrait entre les mains une fragile statuette, le moindre don que l'on reçoit de la vie. 
Jeune veuve, la grand-mère aima en secret Youssef. Ce secret nimbe tout le roman de Hyam Yared et l'on avance dans le dessin de la figure de cet homme comme si la narratrice caressait une âme. Qu'elle exerce ces pouvoirs de romancière avec une sorte de rage rentrée ou avec la douceur d'une amie pacifiante, cette auteure libanaise de langue française est toujours impressionnante. Qu'elle évoque le Liban ou la Palestine, c'est toujours en faisant objection au règne du malheur. Son effort pour clarifier, écouter et voir n'est jamais indiscret. Simplement, l'intensité l'intéresse. Elle voudrait parvenir au dénouement des énigmes individuelles.  
Elle fait souffler sur ses phrases le vent d'une révolte intérieure et la subtile texture de sa prose s'impose à nous. 
Parce qu'elle s'attache à défendre sa foi en la liberté dans une porosité inquiète d'autrui, elle parvient à nous river à des destins qu'elle  semble vouée à sauver de l'oubli.
Eprise par-dessus tout de lucidité, Hyam Yared regarde droit les êtres. 
Bien sûr, elle rend hommage à sa grand-mère mais d'autres figures nous restent en mémoire après lecture de  «Sous la Tonnelle». Celle de Rachel qui appartenait à une famille juive de la haute bourgeoisie alépine, ou celle de Luludja, ou encore celle de Rose, dans le Paris de mai 1968 où Youssef, nous dit Hyam Yared, avait fui «le chaos du Moyen-Orient.»
Tout cela nous est conté par une jeune femme qui écrit : «Dans le pays d'où je viens, il y a des hommes au bout des cigares. (…) Des femmes en instance d'achat, de revente, de location.» 
Pour moins d'argent, on peut se procurer «Sous la Tonnelle»  et se souvenir, pour longtemps, d'une romancière qui ne se ment pas.


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