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Lutte des places au féminin
Publié dans Le temps le 29 - 01 - 2013

La situation des femmes sur le marché du travail représente un enjeu important du développement humain. Analyse.
l'une des conséquences du «Oui» au référendum est sans conteste l'inscription de l'égalité hommes femmes dans la Constitution. De quoi réjouir tou(te)s les militant(e)s et partisan(e)s de la parité pour qui cette question n'est pas simplement une question de genre mais, comme le confie Sabah Chraïbi, présidente d'Espod «de genre de développement». Dans un large dossier consacré à «La lutte des places au féminin», la Revue Economia s'interroge dans son dernier numéro sur la réalité du salariat et du patronat féminin au Maroc. De fait, soixante-dix ans après son apparition, l'intégration des femmes marocaines dans le monde du travail n'est toujours pas sans ambivalences ou contrastes. Ambivalence tout d'abord de la condition et du statut social de la femme salariée dans une société en mutation ; contrastes entre le travail rémunéré censé être un moyen d'émancipation et d'autonomie et la famille qui continue à maintenir les rôles sexués, contraste également entre l'accès massif des femmes aux certificats et aux diplômes et leur éloignement des postes à responsabilité et enfin, contraste entre le principe d'égalité déjà proclamé dans les lois (Code du travail, Code de la famille...) et la persistance des inégalités de sexes dans les réalités professionnelles et sociales. Pour le sociologue Kamal Mellakh, le salariat féminin constitue un indicateur assez significatif pour scruter la portée et les limites des changements qui touchent la société marocaine. Pour lui, il n'est pas exagéré «de le considérer comme un des principaux points de cristallisation de la négociation des valeurs sociales d'hier et d'aujourd'hui».
Du chemin à parcourir
D'un point de vue économique, la situation des femmes sur le marché du travail représente un enjeu important du développement humain compte tenu de son impact sur la croissance et le développement, rappelle à son tour l'économiste Rajaa Mejjati Alami. Pourtant, la participation des femmes au marché du travail demeure limitée et les écarts selon le genre apparaissent profonds : qu'il s'agisse du taux d'activité (en 2009, le taux d'activité des hommes est de 75,3% alors qu'il n'est que de 25,8% pour les femmes), du taux d'emploi (68,7% pour les hommes contre 24,4% pour les femmes) ou du taux de chômage urbain (19,8% pour les femmes contre 12, 1% pour les hommes). Certes, une tendance positive montre que les femmes accèdent de plus en plus à certains postes élevés mais l'importance du chômage chez les diplômées du supérieur demeure révélateur d'une sous représentation dans certains secteurs et aux postes décisionnaires. Victimes d'une ségrégation verticale, leurs possibilités d'accès à des postes élevés restent limitées. Mais l'analyse détaillée des tendances du marché du travail que livre Rajaa Mejjati montre que les femmes sont aussi victimes d'une ségrégation horizontale qui les confine dans des secteurs d'activités déjà fortement féminisés, où la précarisation des conditions de travail prévaut. Ces discriminations se retrouvent également dans les salaires, de manière plus persistante dans le secteur privé que dans le secteur public. Une des raisons réside dans la perception, encore largement répandue, du salaire des femmes comme salaire d'appoint.
En scannant le cas du secteur textile, la sociologue Leila Bouasria met en évidence le lien entre féminisation et précarisation tout en prévenant que ce lien «n'est pas seulement lié à l'extension du travail féminin dans des emplois subalternes ou précaires mais prend différentes formes selon les conditions d'exercice des emplois et les conditions de vie familiales». A la précarisation professionnelle s'ajoute une précarisation identitaire, renforcée par le mythe du salaire d'appoint féminin.
Reste que l'entreprise, conformément aux recommandations de la mise à niveau, peut aussi devenir un lieu d'apprentissage. Pour le sociologue Brahim Labari, «l'atelier est perçu par les ouvrières comme une école où l'on apprend à travailler en équipe, à calculer, à prévoir et où la responsabilisation est ressentie, avec le recul, comme une vertu à étendre à d'autres secteurs de la société, y compris à sa famille». Au-delà des cours d'alphabétisation, les ouvrières apprennent aussi à rationaliser le rapport au temps ; ce temps qui responsabilise et solidarise les ouvrières vers un but commun et déterminé. Mais c'est surtout la logique économique qui devient l'élément structurant dans la vie et les aspirations des ouvrières en révélant l'importance de l'argent dans le repositionnement identitaire de la femme salariée. Longtemps marqueur et domaine réservé de la masculinité, l'argent propulse désormais la femme dans la modernité par son entrée dans le travail rémunéré.
Un savoir-faire reconnu et apprécié
Au-delà de la situation des ouvrières, le témoignage d'Essaïd Bellal, DG du cabinet Diorh contribue à démontrer que les mentalités évoluent tout de même de manière sensible, notamment en ce qui concerne les hauts potentiels féminins. Les femmes diplômées sont ainsi présentes dans tous les secteurs économiques : la politique, l'associatif, sans oublier leur rôle prépondérant dans le domaine de l'éducation, de la santé et du développement humain en général. Au Maroc, les ressources humaines, la communication ou encore le marketing sont autant d'activités exercées par les femmes. Pour notre chasseur de tête, «c'est particulièrement la capacité de la jeune femme à acquérir des compétences de plus en plus élevées, un savoir-faire reconnu et un savoir-être souvent plus apprécié que celui des hommes, qui lui ouvrent les portes de l'entreprise avec des opportunités plus nombreuses à des postes de direction». Une reconnaissance qui ne signifie cependant pas pour autant égalité de traitement et ce, malgré la loi qui établit une stricte égalité en matière de rémunératio; pire, le différentiel s'accroît à mesure qu'on monte dans la hiérarchie. Une discrimination que l'on retrouve en matière de possibilités d'évolution, le rythme de promotion demeurant très inégalitaire. Essaïd Bellal demeure cependant confiant au vu de la nouvelle génération d'employeurs, habitués de plus en plus à la participation des femmes dans l'entreprise et à son accès à des postes à responsabilité.
Mais la preuve par l'exemple est souvent plus efficace et montre mieux la voie à suivre. Ainsi, la revue Economia nous entraîne plus au sud, en Afrique de l'Ouest où les femmes entrepreneurs représentent le fer de lance de nombreuses économies africaines. L'exemple des Nanas Benz, simples intermédiaires des sociétés européennes sous la colonisation, montre comment ces femmes ont su façonner et s'approprier un vaste réseau commercial régional dans les circuits de distribution des tissus pagnes. De même, les différents parcours de femmes, salariées et chefs d'entreprise sur lesquels se conclut le dossier, illustrent de manière concrète les heurs et malheurs d'une lutte des places au féminin.
Laetitia Grotti (Cesem-Hem)


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