Nairobi: Le Maroc participe à la réunion ministérielle du CTS de l'UA sur la justice et les affaires juridiques    La Chambre des représentants organise ce jeudi le Forum international sur le sport    Maroc-Mauritanie : Une coopération renforcée en matière d'aménagement du territoire    Rabat et Ouagadougou scellent de nouveaux accords    CNDH : les droits humains face aux défis de l'intelligence artificielle    Développement économique et social : le Maroc et la Guinée équatoriale renforcent leur coopération    Bensaid appelle les médias à combler le fossé numérique et à faire face aux fausses informations    Edito. La 5G, un tournant à ne pas rater    Royal Air Maroc et Malaysia Airlines signent un accord de partage de codes    GWM renforce sa présence sur le marché marocain avec 4 nouveaux modèles    Maroc-Espagne : Marsa Maroc acquiert 45% du capital de Boluda Maritime Terminals    The Best FIFA 2025: Achraf Hakimi dans l'équipe type    Mondial 2026: La FIFA lance une nouvelle catégorie de billets pour les supporters des équipes qualifiées    Mondial 2026: La Tournée du trophée débute le 3 janvier, une escale prévue au Maroc    Casablanca : sport, patrimoine et mémoire    Mercato hivernal : Villarreal vise Ounahi    CAN 2025 : Rabat prolonge les horaires des cafés et restaurants    TENNIS : Le S.O.S du T.A.Safi, entièrement ravagé par un déluge !    Extrême climatique : chronique d'une vulnérabilité révélée    Huiles végétales : pourquoi la transformation et l'usage font toute la différence    Températures prévues pour jeudi 18 décembre 2025    Voici les hauteurs de neige enregistrées ces dernières 24H    Togo : L'Ekpésosso, symbole vivant de la culture guin, honoré par l'UNESCO    Ferhat Mehenni écrit : le droit du peuple kabyle à l'autodétermination    Lors d'un événement artistique à Rabat... l'ambassadrice de Croatie salue la coexistence religieuse au Maroc    AHMED    CAN 2025 : la CAF et le Comité local d'organisation font le point    Flexibilisation du régime de change : une phase pilote du ciblage d'inflation prévue en 2026, selon Jouahri    Revue de presse de ce mercredi 17 décembre 2025    Maroc-Chine: La 7e Commission mixte de coopération économique se tient à Pékin    Sothema renforce son pôle hémodialyse avec Soludia    Chutes de neiges, averses parfois orageuses avec grêle et fortes rafales de vent de mercredi à jeudi    Morocco launches international study to build competitive merchant marine fleet    La Radiologie entre haute technologie et rareté des ressources humaines    Maroc-Allemagne : signature à Rabat de trois conventions de financement de 450 M€    USA : Trump impose des restrictions d'entrée aux ressortissants de sept nouveaux pays    Hafid Douzi se retire de la chanson officielle de la CAN 2025    Brésil : une réplique de la Statue de la Liberté s'effondre suite à une violente tempête dans le sud    Un avion européen atterrit à Bagdad, une première depuis 35 ans    Chutes de neige : Un dispositif mis en place pour assurer la circulation sur le réseau routier    L'éducation au cœur des priorités... la Chine trace les contours d'une nouvelle approche de l'éducation morale des enfants    Les Emirats arabes unis expriment leur solidarité avec le Maroc après les inondations meurtrières à Safi    Espagne : Condamnation à perpétuité pour deux Marocains pour un double meurtre    Achraf Hakimi et Hassan Hajjaj ouvrent le café éphémère «Juj» à Casablanca    Bureau Marocain Droits d'Auteur : Des élections bouclées, entre espoirs et critiques du milieu artistique    Patrimoine musical : Le Mali honore Sidiki Diabaté    Eurovision : 35 pays participeront à la prochaine édition    Interview avec Ouenza : « Ce n'est pas parce que je porte du rose que je n'ai pas fait de l'underground »    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Turquie et Pakistan : quel rôle pour la religion en politique ?


SFCG Le : 2008-11-17
Istanbul/Islamabad – L'évolution politique du Pakistan et de la Turquie se trouve à un carrefour. En Turquie, le Parti de la Justice et du Développement (AKP), et au Pakistan le Parti du Peuple (PPP), élus démocratiquement, dominent la présidence et le Parlement, ce qui, à l'évidence, les place, dans l'histoire de chacun de ces deux pays, parmi les gouvernements élus les plus solides. Tant le PPP que l'AKP se sont engagés à promouvoir les réformes politiques et économiques si nécessaires, mais leur sincérité et leur aptitude à assumer ces initiatives sont vraiment très contestées.
La trajectoire politique de ces deux pays jette une lueur sur certaines dynamiques politiques dans les pays musulmans. On mentionne souvent la Turquie comme un exemple unique de démocratie laïque dans le monde musulman. A l'autre bout de l'éventail laïc se trouve le Pakistan, pays fondé sur des principes qui renvoient à la démocratie musulmane.
Depuis leurs indépendances, la politique de chacun des deux pays a été dominée par de grosses armées dont le pouvoir économique et social disproportionné a été un obstacle important à la démocratisation.
C'est en 1923 que Mustafa Kemal Ataturk a institué la république turque, mettant fin à plus de six siècles de gouvernement ottoman. Mais, si la nouvelle république a été prompte à adopter de nombreux aspects culturels d'un pays occidental, la création d'un pouvoir politique démocratique s'est révélée beaucoup plus difficile.
Même après la transition, en 1946, vers un système politique pluripartite, les militaires ont gardé leur mainmise sur la politique turque, comme gardiens autoproclamés de la démocratie et de la laïcité. Ce statut leur a permis de légitimer leurs interventions, si bien que la Turquie a connu des coups d'Etat militaires en 1960, 1971 et 1980, sans oublier le simili-coup de 1997 et de nombreuses tentatives avortées.
Chacune de ces interventions militaires, qui a duré de un à trois ans, n'a pas moins continué d'imposer son pouvoir sur la sphère politique bien au-delà.
Le Pakistan, pour sa part, fut créé en 1947, pour assurer une patrie indépendante aux musulmans du sous-continent indien. Bien que son fondateur, Muhammad Ali Jinnah, ait conçu le Pakistan comme une démocratie musulmane moderne, et non comme un Etat théocratique, le rôle de la religion dans les affaires publiques a été mal défini à l'époque de l'indépendance. Le fait est que la question du degré d'”islamicité” du pays fait toujours débat dans la sphère politique.
Tout comme en Turquie, l'armée pakistanaise, a vite fait, après l'indépendance, de prendre le contrôle des affaires publiques. C'est ainsi que le pays a subi quatre coups d'Etat militaires et a passé le plus clair des 60 années d'indépendance sous un gouvernement militaire.
Les premières années de la Turquie kémaliste ont été marquées par quelques-unes des mesures les plus radicales visant à éliminer l'islam de la vie publique, comme l'interdiction faite aux femmes de porter le foulard et la fermeture des madrassas. Bien que certaines restrictions à la pratique religieuse se soient relâchées par la suite, le rôle de l'islam dans la vie publique reste en Turquie l'objet d'un débat radicalisé à l'extrême.
En juillet 2007, la majorité AKP fut reconduite. Cette réussite électorale d'un parti islamique modéré, pro-occidental, politisé, a été l'épreuve décisive de la démocratie turque. L'AKP a eu beau s'engager à maintenir les traditions laïques, ses racines religieuses l'ont rendue abominable pour l'institution militaire.
En mars 2008, la Cour constitutionnelle turque a jugé recevable une demande d'interdiction de l'AKP. Certes, la Cour devait finir par refuser l'interdiction du parti, mais le procès fut salué par l'institution militaire. Il n'en a pas moins soulevé un beau tollé dans la société civile turque.
En avril dernier, après la désignation d'Abdullah Gül, membre de l'AKP, à la présidence, l'armée a dénoncé publiquement la montée des sentiments religieux dans le pays, en lançant un avertissement : elle n'hésiterait pas à défendre les principes laïcs du pays. Ce que de nombreux commentateurs ont interprété comme une menace à peine déguisée d'un quatrième coup d'Etat, et comme un rappel énergique de la méfiance de l'armée à l'égard d'un parti politique qui avait rassemblé environ 46 % des voix.
Alors que la Turquie se battait pour instituer un nouvel ordre laïc, par l'élimination des tendances religieuses, le Pakistan s'efforçait de forger un sentiment national fondé sur l'idéal d'une nation musulmane. Ainsi, l'existence de l'islam dans la politique pakistanaise est un prolongement naturel, quoique contesté, de sa fondation. Dans les années 80, à l'époque du gouvernement militaire, la politique du général Zia ul Haq, dans le sens d'une “islamisation” conduite par l'Etat, en appelait au droit religieux du Pakistan, et visait à réorganiser les institutions du Pakistan pour constituer un Etat islamique.
Mais, dans les deux pays, les efforts de l'Etat pour définir le rôle de l'islam dans la politique et la société n'ont pas été sans susciter une contestation. Dans les deux dernières décennies, il y a eu une mobilisation populaire de l'islam politique en Turquie, malgré les restrictions apportées par l'Etat.
Au Pakistan, les partis islamiques qui voulaient affirmer le rôle politique de l'islam, n'ont pas été capables d'influencer de manière significative le résultat des urnes, en dépit des efforts réitérés de l'Etat pour les récupérer. Ils ont pourtant grandement bénéficié du soutien de l'Etat, en particulier pendant les gouvernements militaires. En réalité, le général Pervez Musharraf qu'on considérait en Occident comme un allié laïque dans une région instable, s'était lui aussi rallié à une coalition de partis politiques religieux, dans une surenchère pour trouver une légitimité politique.
Il importe, pour renforcer ces démocraties naissantes, de manière à ce qu'elles ne répètent pas les erreurs du passé, que les mandats politiques de l'AKP et du PPP soient respectés.
Ces deux partis, et quels que soient leurs défauts, ont besoin de s'engager dans un processus politique continu. Pour les deux pays, le problème le plus crucial est de renforcer des institutions indépendantes, comme des médias libres, une justice indépendante et une société civile prompte à tirer l'alarme, capable de tenir tête aux gouvernements élus, à leur demander des comptes et à s'assurer que ceux-ci fonctionnent dans le cadre de la constitution. C'est un rôle que l'armée a beaucoup trop longtemps monopolisé.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.