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Mohamed Sbaghi: "Ce sont huit cactus résistants qui ont sauvé toute une filière"
Publié dans L'observateur du Maroc le 25 - 04 - 2025

L'Observateur du Maroc et d'Afrique : Quand la cochenille a-t-elle été détectée pour la première fois au Maroc ?
Mohammed Sbaghi : La première détection officielle remonte à 2014, dans la commune de Sidi Bennour, au cœur de la région de Doukkala. Mais en réalité, l'insecte était probablement déjà installé bien avant. Lorsque l'on commence à distinguer cette fine enveloppe blanche sur les raquettes de cactus, c'est qu'il est déjà trop tard : la cochenille a pris ses quartiers. C'est une espèce transfrontalière, qui ignore les frontières. Elle circule avec les plantes, les marchandises, les véhicules, les animaux... et parfois même dans les bagages des touristes. Elle a atterri sur notre sol sans prévenir.
Quelles ont été les premières réactions sur le terrain ?
Il y a d'abord eu une forme d'incrédulité. Certains agriculteurs, intrigués par le liquide rouge pourpre qui jaillit quand on écrase l'insecte, y ont vu une opportunité. Dans des pays comme le Pérou ou le Mexique, on extrait de cette cochenille de l'acide carminique, un colorant naturel prisé dans l'agroalimentaire et les cosmétiques. Ils se sont demandé si ce n'était pas une chance déguisée. Mais l'illusion n'a pas duré : les dégâts se sont rapidement imposés comme une évidence.
Quel a été l'impact réel de cette propagation ?
La propagation a été fulgurante et hors de contrôle. La cochenille a balayé des plantations entières dans plusieurs provinces. Le ministère de l'Agriculture a dû convoquer une réunion d'urgence. Les analyses de laboratoire ont confirmé nos craintes : nous étions face à une cochenille sauvage, particulièrement agressive envers les cactus marocains.
Comment avez-vous organisé la riposte ?
Un plan d'urgence en trois volets a été immédiatement lancé. D'abord, l'arrachage et l'enfouissement des plants gravement infestés. Ensuite, des traitements localisés dans les zones faiblement touchées. Et enfin – et c'est ce qui nous concernait directement – un vaste programme de recherche. Car traiter chimiquement un cactus, produit du terroir cultivé souvent en agriculture familiale, n'était pas envisageable. Il nous fallait des solutions biologiques, adaptées, durables.
Sur quoi avez-vous concentré vos efforts de recherche ?
Trois axes ont été explorés. Premièrement, des moyens de lutte biologique, à base de micro-organismes ou d'extraits végétaux. Deuxièmement, la recherche de clones de cactus naturellement résistants. Troisièmement, le test de substances non chimiques. L'espoir est né de nos collections vivantes, notamment celle de cactus conservée à Agadir par l'INRA. Mais il était hors de question d'introduire la cochenille dans une zone saine. Nous avons donc déplacé des copies de la collection vers une parcelle déjà infestée, appartenant à un agriculteur volontaire. Et là, une vingtaine de plants ont montré une forme de résistance.
Comment avez-vous confirmé cette résistance ?
Nous avons intensifié la pression de sélection. Chaque semaine, des raquettes infestées étaient déposées au pied des plants. C'était une sorte de test grandeur nature. Huit d'entre eux ont résisté. Depuis leur installation, le 24 août 2016, ces huit plants sont toujours en production. Leur résilience nous a donné une base concrète pour reconstruire. Le ministère a engagé l'inscription de ces huit variétés résistantes au Catalogue officiel des semences et plants de l'ONSSA. Un parc à bois de quatre hectares a été créé pour garantir un matériel végétal sain et traçable. Entre 2018 et 2020, cette base a permis de commencer la démultiplication à l'échelle nationale.
La production a-t-elle été au rendez-vous ?
Oui, et au-delà de nos attentes. Nous avons doublé la densité de plantation, passant de 555 à 1 110 plants par hectare, afin d'augmenter la capacité de production. Restait une question essentielle : ces variétés résistantes allaient-elles aussi produire des fruits de qualité ? La réponse est oui. Le goût varie légèrement selon les variétés, mais l'accueil est positif. Les fruits trouvent preneur, et c'est bien là l'essentiel.
Comment avez-vous fait face au défi de la multiplication à grande échelle ?
Pour atteindre les 120 000 hectares visés à l'horizon 2030, il fallait sortir du schéma classique. Replanter une raquette entière limitait la cadence à 5 000 ou 6 000 hectares par an. Nous avons donc adopté une méthode innovante, déjà popularisée sur les réseaux sociaux : découper les raquettes en plusieurs segments selon leurs points de croissance. Mais nous avons encadré cette pratique scientifiquement, en étudiant le substrat, les temps de séchage, le repiquage... Nous avons mis au point un substrat granulé enrichi, favorisant une bonne aération et un enracinement rapide. Résultat : en trois mois, un nouveau plant est prêt.
Combien de plants ont été distribués jusqu'à aujourd'hui ?
Depuis 2021, plus de 10,7 millions de plants ont été distribués. Nous sommes à deux doigts d'atteindre l'objectif de 11 millions. Neuf régions sont aujourd'hui concernées, contre seulement deux au départ. L'engouement est réel, en particulier chez les petits agriculteurs, qui bénéficient de ce programme dans le cadre du Pilier II de la stratégie Génération Green.
Et sur le terrain, quels sont les résultats visibles ?
Ils sont concrets. Dans certaines exploitations, les premiers fruits apparaissent dès la première année et demie. C'est une véritable renaissance pour la filière cactus. Ce qui semblait perdu en 2014 retrouve aujourd'hui une nouvelle vie, enracinée dans la science, la résilience... et beaucoup de détermination.


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