Le secteur de la volaille au Maroc traverse une période de turbulences, marquée par une augmentation significative des prix. Cette hausse, qui affecte aussi bien les producteurs que les consommateurs, a été récemment attribuée à des dysfonctionnements dans la chaîne de commercialisation. Le ministre de l'Agriculture, Ahmed El Bouari, a reconnu ces perturbations, expliquant qu'elles sont en partie dues aux pratiques commerciales déviantes, ainsi qu'à l'augmentation des coûts des intrants, comme les matières premières pour les aliments composés et les poussins. Dans une réponse à une question parlementaire, le ministre a toutefois insisté sur la stabilité de la production, affirmant que le Maroc couvre actuellement 100 % de ses besoins nationaux en viande de volaille. Néanmoins, cette production, bien qu'abondante, ne suffit plus à contenir l'inflation, exacerbée par la conjoncture économique difficile. Le gouvernement, et dans le cadre de la stratégie « Génération green 2020-2030 », prévoit d'augmenter la production de viande blanche et d'œufs, une initiative visant à réduire la pression sur le marché. Pour atténuer les effets de cette hausse, plusieurs mesures ont été mises en place, telles que l'exonération des droits de douane sur les importations de poussins et un soutien accru à l'investissement dans les infrastructures de réfrigération et les abattoirs industriels. L'accord avec la Fédération Interprofessionnelle du Secteur Avicole (FISA) en mai 2023 témoigne de l'engagement à intensifier la production. Parallèlement, le gouvernement continue de suivre les régulations de la loi 49.99, qui garantit la traçabilité et la sécurité sanitaire de la filière. Toutefois, la pression sur les prix semble aussi liée à une mutation des habitudes alimentaires des Marocains. Une population de plus en plus nombreuse se détourne de la viande rouge au profit de la volaille, jugée plus abordable et perçue comme plus saine.