Après plus d'un an de reprise, l'économie marocaine confirme son redressement au deuxième trimestre 2025 et s'installe sur un rythme de croissance solide. Selon la dernière note de conjoncture du HCP, la dynamique observée depuis fin 2023 devrait se poursuivre sur la seconde moitié de l'année, portée par la vitalité des secteurs secondaire et tertiaire et une demande intérieure robuste. Une relance sur des bases élargies Le Maroc enregistre son sixième trimestre consécutif de croissance, avec une activité hors agriculture en hausse de 5,5 % au deuxième trimestre 2025. Les industries manufacturières, extractives, la construction et l'hébergement ont particulièrement tiré la dynamique, contribuant à près de 40 % de la croissance globale. Ce rebond s'explique par la bonne tenue des exportations (+8,5 %) et la reprise de la demande intérieure (+9,2 %), soutenue par un moral des ménages en amélioration et une consommation en hausse de 5,1 %. L'investissement, moteur essentiel de la relance, bénéficie d'un contexte financier favorable marqué par la baisse du coût du crédit et le recul des prix à l'importation des biens d'équipement. En revanche, cette expansion s'accompagne d'une hausse du besoin de financement, les dépenses publiques notamment salariales, ayant progressé de plus de 10 %. Le déficit global de financement s'établit à 3,2 % du PIB trimestriel, traduisant une relance alimentée autant par la dépense publique que par la demande privée. Un troisième trimestre marqué par un rééquilibrage Après le sursaut du printemps, la croissance se serait légèrement modérée à 4,3 % au troisième trimestre 2025. L'activité industrielle et celle des services ralentissent, tandis que le secteur primaire se redresse timidement. Sur le plan externe, le ralentissement européen pèse sur les exportations marocaines, tandis que les importations restent dynamiques, creusant davantage le déficit commercial. La demande intérieure continue cependant de soutenir la croissance, notamment via l'investissement (+14,2 %) et la consommation des ménages (+4,1 %), stimulée par la deuxième tranche de revalorisation salariale dans la fonction publique et la baisse de l'inflation. Les prix à la consommation n'ont progressé que de 0,4 % au troisième trimestre, confirmant la stabilisation observée depuis le début de l'année. L'inflation sous-jacente, hors énergie et produits frais, recule à 0,8 %, grâce à la détente sur les prix des matières premières agricoles et à la baisse continue des prix de l'énergie (-2,7 %). Stabilité monétaire et dynamisme boursier La politique monétaire demeure accommodante. Après la baisse du taux directeur à 2,25 % en début d'année, Bank Al-Maghrib a maintenu sa position au troisième trimestre, contribuant à une baisse des taux créditeurs et à un assouplissement du financement bancaire. La masse monétaire a progressé de 7,7 %, tandis que les crédits à l'économie ont ralenti légèrement (+6,5 %). En Bourse, la dynamique reste exceptionnelle : l'indice MASI affiche une hausse annuelle de 32,4 %, porté par les performances des secteurs industriels, miniers, touristiques et de la santé. La capitalisation boursière bondit de 35,3 %, confirmant le regain de confiance des investisseurs. Des perspectives prometteuses Les perspectives du quatrième trimestre 2025 s'annoncent favorables, avec une croissance attendue de 4,7 %. Le redressement progressif de la demande européenne et la poursuite des politiques budgétaires de soutien devraient maintenir la dynamique interne. La consommation des ménages continuerait de croître (+4,4 %), portée par les gains de pouvoir d'achat et la baisse des impôts, tandis que l'investissement progresserait de 12,6 %, stimulé par les projets publics et privés d'infrastructure. Les services devraient rester le principal moteur de la croissance (+4,7 %), suivis de l'industrie et de la construction, cette dernière bénéficiant du regain d'activité dans les chantiers publics et du logement. En revanche, si les incertitudes liées à la conjoncture mondiale demeurent, notamment en Europe et aux Etats-Unis, le Maroc pourrait tirer profit de nouveaux leviers. L'entrée en vigueur du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières en 2026 pourrait dynamiser les exportations manufacturières, en particulier dans les filières chimiques, électriques et mécaniques.