Présent pour la troisième fois au Maroc, l'entrepreneur sénégalais dit avoir été marqué par la ferveur populaire qui accompagne l'événement. « Dès notre arrivée, on ressent que le pays vit au rythme de la CAN », observe-t-il, évoquant les couleurs de la compétition, l'appropriation de l'événement par la population et l'accueil réservé aux visiteurs africains. Pour lui, cette mobilisation illustre la capacité du Maroc à fédérer bien au-delà du cadre sportif. Une organisation qui dépasse l'enjeu sportif Alassane Sakho salue particulièrement l'effort consenti en matière d'infrastructures. En l'espace de quelques mois, stades, aéroports, hôtels et espaces publics ont été adaptés pour accueillir un événement continental d'envergure. « Ce qui a été réalisé en un temps record est impressionnant », estime-t-il, allant jusqu'à affirmer que le Maroc démontre une capacité organisationnelle compatible avec des compétitions mondiales. Mais au-delà de l'image, l'entrepreneur insiste sur l'essentiel : la CAN est, selon lui, un outil économique à part entière. « Ce n'est plus seulement une fête du football. C'est un écosystème complet », explique-t-il. Hôtellerie, restauration, transport, PME, emplois directs et indirects, droits télévisés, numérique... La compétition génère une chaîne de valeur qui irrigue l'économie bien au-delà des stades. Pour Alassane Sakho, la CAN s'inscrit pleinement dans une logique de diplomatie économique et de coopération Sud-Sud. Elle offre aux pays africains une plateforme pour attirer des investissements, renforcer les échanges et construire des partenariats durables. « Le Maroc a compris depuis longtemps que le sport est un vecteur de développement et de visibilité internationale », souligne-t-il. Cette vision, selon lui, devrait être partagée à l'échelle continentale. Le sport peut devenir un accélérateur de transformation pour l'Afrique, à condition d'être intégré dans des politiques publiques cohérentes et portées sur le long terme. Former, retenir et valoriser les talents africains L'un des messages centraux de l'intervention d'Alassane Sakho concerne la formation. Si l'Afrique regorge de talents, notamment dans le football, elle peine encore à structurer des écosystèmes capables de les retenir. « Nous formons des talents qui sont ensuite exportés, avant de racheter leur image à travers les droits télévisés», constate-t-il. Il plaide ainsi pour le développement d'académies, de formations d'encadreurs, d'arbitres, de managers sportifs et d'entrepreneurs, mais aussi pour le renforcement du sport universitaire et communautaire. L'objectif : faire du sport une économie durable, capable d'offrir des perspectives au-delà de la carrière, souvent courte, des joueurs. Pour l'entrepreneur, la CAN 2025 doit servir de référence. Elle montre qu'il est possible de bâtir une économie du sport africaine, fondée sur les compétences locales, l'industrie (notamment textile et équipements), les services et l'innovation. « L'Afrique doit travailler avec les Africains pour développer l'Afrique », conclut-il.