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Sport Business : Comment rentabiliser nos investissements ? [INTEGRAL]
Publié dans L'opinion le 26 - 05 - 2025

Les investissements massifs consentis par le Maroc pour l'organisation de la CAN 2025 et de la Coupe du Monde 2030 suscitent des réactions diverses. Au-delà des critiques et sur le terrain, ces projets redessinent le paysage économique du sport, tant au niveau national qu'africain.
Le Royaume déploie une stratégie ambitieuse mêlant sport, développement économique et diplomatie d'influence. Une trajectoire qui, si elle suscite l'adhésion de certains, interroge aussi sur son impact réel pour les populations.
Car les chiffres sont éloquents. Selon une étude de la Fédération marocaine des professionnels du sport (FMPS), le sport privé représentait en 2022 près de 1,56% du PIB national, soit plus de 21 milliards de dirhams. En incluant les volets public et associatif, ce pourcentage dépasse les 2,5%, générant plus de 115.000 emplois. À l'échelle du continent, cette dynamique reste encore timide, le sport africain ne pèse actuellement que 0,5 à 1,5% du PIB global. Mais le potentiel est immense, et le Maroc semble bien décidé à en montrer la voie.
Mardi dernier, lors de la Global Growth Conference, organisée par l'Institut Amadeus, Fouzi Lekjaa, président de la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF), a défendu avec vigueur ces projets d'envergure. «L'investissement dans le sport est un levier de développement économique, social et territorial. Il entraîne des retombées en cascade sur les infrastructures, la santé, la logistique, et bien sûr l'emploi», a-t-il déclaré, en insistant sur la cohérence du modèle de développement marocain, caractérisé par un "parfait parallélisme entre développement social et économique", sans "déséquilibre" notable depuis plus de 25 ans.
Cette dynamique s'est traduite dès début 2025 par un calendrier chargé : CAN féminine en juillet, Coupe du Monde féminine U17 à l'automne, puis CAN masculine en hiver, avant la Coupe du Monde 2030, avec ses 48 équipes et ses 7 semaines de compétition. Le Maroc espère accueillir plus de 5 millions de visiteurs et générer 15 milliards de dollars de retombées dans les trois pays hôtes.
Les projets structurants accompagnateurs ne manquent pas. Modernisation des stades, extension de la ligne à grande vitesse jusqu'à Marrakech et Agadir, nouveaux chantiers routiers et touristiques dans tout le pays... Le développement est pensé dans une logique de rééquilibrage territorial. «Sa Majesté le Roi a désigné Agadir comme nouveau centre du Royaume, et les investissements dans les provinces du Sud se multiplient», souligne Lekjaa.
Le président de la FRMF a également tenu à souligner que le Maroc n'a pas attendu ces événements pour investir dans ses infrastructures. «Nous n'avons pas attendu la Coupe du Monde pour lancer ces projets». Une vision partagée par Will Mbiakop, président de l'Africa Sports & Creative Institute (ASCI), pour qui ces événements favorisent un développement holistique de la nation.

Un stade : Plus de 40 métiers mobilisés

Mais au-delà de l'image, la modernisation des infrastructures footballistiques est sans précédent. Alors que plusieurs stades seront prêts dans les semaines à venir, l'élan dépasse le cadre purement sportif pour englober une vaste dimension entrepreneuriale créatrice d'emplois massifs, ce sont des filières entières qui se structurent. Chaque stade mobilise plus de 40 spécialités et métiers : ingénierie, BTP, cybersécurité, start-ups tech... Le tissu économique local, des TPE aux grandes entreprises, est directement impliqué. Une approche inclusive qui se veut aussi transparente, selon le président de la FRMF. Cette transparence et cette approche ouverte sont des choix historiques du Maroc, favorisent la collaboration internationale, comme en témoignent les partenariats impliquant architectes anglais, entreprises françaises pour les pelouses et spécialistes espagnols du drainage sur le grand stade de Rabat.

Ce qu'il faut corriger dans la chaîne de valeur du sport africain

Au-delà de cette dynamique nationale, Fouzi Lekjaa, désormais premier vice-président de la CAF, a pointé du doigt les failles de la chaîne de valeur du sport africain. La fuite des jeunes talents vers les championnats européens dès l'âge de 10 ans prive le football africain d'une valeur ajoutée considérable. "Il faut investir dans la tranche d'âge de 10 à 20 ans", insiste-t-il, soulignant la nécessité de "corrections professionnelles et structurelles".
Un autre point critique concerne les droits de diffusion. Les récentes défaillances de "New World TV" pour la CAN 2025 ont rappelé l'urgence d'investir dans les compétences locales. En réponse, la CAF a lancé une Académie de radiodiffusion et un Programme des directeurs de télévision à Johannesburg, car, comme en France où ils représentent 50% à 75% des recettes des clubs, les droits audiovisuels sont une source cruciale de revenus.
Fouzi Lekjaa a rappelé que le football moderne est désormais une affaire de technologie et de maîtrise du détail : médecine sportive, récupération, analyse fine. Une équipe de 25 joueurs est ainsi accompagnée par un staff de plus de 30 personnes, "un sport où chaque détail compte, et qui nécessite de ce fait un investissement considérable".
Malgré des investissements considérables et une ambition affirmée, le chemin reste semé d'embûches. Au-delà de l'élan actuel, il est essentiel d'assurer un impact social concret à ces projets, tout en s'attaquant aux obstacles structurels qui entravent le développement du sport en Afrique : insuffisance des financements pour les infrastructures, formation limitée des cadres techniques et fuite continue des talents. Pour que le Maroc puisse véritablement asseoir son rôle de leader régional et faire du sport un moteur de développement inclusif à l'échelle continentale, il est impératif d'investir davantage dans le capital humain, de renforcer les compétences locales, et de mettre en place des stratégies pertinentes pour retenir les talents. Le Maroc peut-il, par cette approche proactive, inspirer un nouveau modèle de développement sportif durable à l'échelle africaine ?

3 questions à Will Mbiakop : « Le sport - et surtout le football - en Afrique, est désormais reconnu comme un puissant moteur de croissance économique »
* Quelles sont les principales dynamiques d'investissement qui transforment le paysage sportif africain et marocain aujourd'hui ?

Autrefois perçu comme un simple divertissement, le sport, et surtout le football en Afrique, est désormais reconnu comme un puissant moteur de croissance économique. Depuis 10 à 15 ans, les investissements se multiplient sur l'ensemble de la chaîne de valeur sportive. On observe notamment des investissements massifs dans les infrastructures, avec des stades comme celui de Dakar Arena (142,2 M$) et la Kigali Arena (104 M$). La Côte d'Ivoire et le Cameroun (stade de Japoma) ont également beaucoup misé, surtout en lien avec l'organisation de compétitions majeures comme la CAN. Parallèlement, le développement des talents est une priorité, illustré par l'émergence d'académies. L'exemple de «Right to Dream», fondée par Tom Vernon, est éloquent, et grâce au financement de la famille égyptienne Mansour, cette académie a bâti un réseau de formation en Europe, en Afrique et aux Etats-Unis, avec des centaines de lauréats et de contrats pro signés par an. En somme, l'écosystème sportif africain attire de plus en plus d'investissements, souvent stimulés par l'accueil de méga-événements tels que la CAN.

* Quels sont les segments sous-exploités dans le sport business ?

Le secteur du sport recèle un potentiel de développement considérable, souvent sous-exploité dans son ensemble. Ce qu'on appelle le "upside", c'est-à-dire la marge de progression ou les opportunités de croissance futures, est particulièrement important. Sa future croissance dépend notamment de la pleine valorisation du capital humain. Quand on parle de «talent», il ne s'agit pas uniquement des athlètes ou des joueurs professionnels. Le talent s'exprime aussi dans toutes les compétences connexes qui structurent l'économie du sport : les spécialistes du marketing, les organisateurs d'événements sportifs, les experts en gestion, les investisseurs, les analystes, les communicants... Tous ces profils représentent un vivier de compétences qui, s'ils sont mieux formés, encadrés et mobilisés, peuvent dynamiser durablement le secteur. Un second levier de développement, souvent négligé, est l'économie bleue sportive. Ce concept émergent associe le sport aux activités maritimes et nautiques durables (sports aquatiques, événements littoraux, infrastructures écoresponsables). Il offre des perspectives nouvelles, surtout pour les pays côtiers, en conciliant développement sportif, préservation de l'environnement et bénéfices économiques. Un troisième domaine au fort potentiel est le tourisme sportif. Cette forme de tourisme, qui combine voyages et pratiques sportives ou événements majeurs (compétitions, marathons, stages, etc.), reste relativement peu structurée dans de nombreuses régions.

* Avec l'organisation de la CAN 2025 et la Coupe du Monde 2030 au Maroc, comment maximiser les retombées durables pour le pays, la région et le continent ?

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : des milliards de dollars investis, des millions de visiteurs seront attirés. Le Maroc s'impose clairement comme un leader et un porte-étendard du continent africain. C'est ce qui ressort de l'analyse des nombreuses initiatives en cours et du discours porté par les instances dirigeantes, notamment par le président de la Fédération Royale Marocaine de Football. On perçoit chez le Royaume une véritable conscience de sa responsabilité continentale. Il ne se contente pas de représenter ses propres couleurs, il se positionne comme le porte-voix des 54 nations africaines. À travers son engagement, il entend honorer l'Histoire, l'héritage commun et les attentes de millions d'Africains qui espèrent voir leur continent briller sur la scène mondiale.

Stades : Les grands projets prennent forme
Les préparatifs pour la CAN 2025 et la Coupe du Monde 2030 s'accélèrent, comme présenté lors d'une réunion organisée le mercredi 21 mai à Rabat par la CGEM et la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF). Zineb Benmoussa, DG de l'Agence nationale des équipements publics (ANEP), et Ikram Sehhar de la SONARGES ont présenté l'état d'avancement et le calendrier des projets structurants. La SONARGES supervise la rénovation de 4 stades -Tanger, Fès, Marrakech et Agadir -, la reconstruction du Complexe Moulay Abdellah et la construction du nouveau Grand Stade Hassan II à Benslimane. Les stades de Fès, Marrakech et Agadir seront prêts d'ici juin pour la CAN 2025, avant d'être adaptés aux normes FIFA lors d'une seconde phase à partir de novembre 2025, avec un budget d'environ 2 MMDH par stade pour agrandir les tribunes et supprimer les pistes d'athlétisme, tandis que le Grand Stade de Tanger est déjà conforme aux standards FIFA. Quatre autres stades, dont Al Barid et Moulay El Hassan à Rabat, Stade olympique, annexe du Complexe Moulay Abdellah et le Complexe Mohammed V à Casablanca, sont exclusivement dédiés à la CAN 2025. Le Grand Stade Hassan II, en construction, lancera sa 3ème phase de travaux en décembre 2025. Ainsi, les infrastructures du Mondial 2030 comprendront le Complexe Moulay Abdellah, le Grand Stade de Tanger (prêts en 2025), les stades de Fès, Marrakech et Agadir (adaptés après la CAN), ainsi que le nouveau Grand Stade Hassan II de Benslimane, conçu spécialement pour l'événement.
Sécurité : La DGSN suit la cadence
Face aux risques liés à l'organisation des événements sportifs d'envergure, les services de sûreté ont renforcé leurs capacités. C'est ce qu'a affirmé, mardi 20 mai à El Jadida, le Contrôleur général, chef de la division de la Sécurité sportive à la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN), Hassan Bouzidi. Le Royaume a acquis une solide expérience dans l'organisation de grands événements sportifs, ayant accueilli plusieurs compétitions internationales, notamment la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA en 2013, 2014 et 2022, a-t-il affirmé. Selon M. Bouzidi, la sécurité des sites officiels respecte les normes de la CAF et de la FIFA, avec une surveillance renforcée grâce à l'utilisation de drones, essentiels pour le contrôle précis des foules, l'identification des troubles et l'intervention rapide. La coordination sécuritaire repose sur une salle de commandement centrale qui assure la communication entre les équipes. Par ailleurs, des caméras de surveillance couvrent les accès routiers et les stades pour détecter toute activité suspecte et faciliter une réponse rapide. La gestion des foules se base sur la séparation claire des flux entre équipes, personnalités, journalistes et supporters, afin d'éviter tout chevauchement.


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