Rapport international : progrès du Maroc dans la lutte contre le crime organisé et le blanchiment d'argent    Réforme du pôle public audiovisuel : Lancement d'une étude sur les chaînes publiques    Commission des finances : Lekjaa défend l'exonération fiscale temporaire accordée aux sociétés sportives    L'Allemagne admet la plainte du Maroc contre plusieurs journaux pour diffamation dans l'affaire Pegasus    Chambre des Représentants : adoption en commission de la 1ère partie du PLF 2026    Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire a reçu 7 513 plaintes et doléances en 2024, un niveau record depuis sa création    Myrtilles marocaines : une saison prometteuse s'annonce    COP30 : l'expérience marocaine dans la gestion des ressources hydriques présentée à Belém    La première partie du projet de loi de finances 2026 adoptée    La Jordanie achète de l'huile d'olive marocaine pour soutenir ses réserves alimentaires    Le Maroc au cœur d'un projet de liaison maritime entre Barbate et le nord de l'Afrique examiné au ministère des transports à Madrid    Pêche: Les débarquements des ports en Méditerranée atteignent 13.516 tonnes    L'Allemagne fait plier Alger : une "grâce humanitaire" qui cache une capitulation diplomatique    Le Maroc observe la situation sécuritaire au Sahel où les transporteurs poursuivent leurs livraisons malgré les risques    Le partenariat entre BlueBird Aero Systems et Rabat progresse sur le plan technique, mais le lancement de l'usine marocaine reste un mystère    La Commission européenne classe la Belgique parmi les pays exposés à une pression migratoire    Corruption en Ukraine : le ministre de la Justice suspendu    Tebboune "omet" le Sahara lors de sa rencontre avec le président somalien : un tournant diplomatique ?    Gabon : 20 ans de prison par contumace pour l'épouse et le fils d'Ali Bongo    Lions de l'Atlas : Omar El Hilali accepte sa non-convocation et reste concentré sur l'Espanyol    Amicaux : Les Lions de l'Atlas intensifient leur préparation    Nigeria : les Super Eagles en grève avant leur barrage décisif face au Gabon    Le temps qu'il fera ce mercredi 12 novembre 2025    Les températures attendues ce mercredi 12 novembre 2025    Appel d'offres international pour le schéma directeur du littoral de Tétouan et de M'diq-Fnideq    Fès : arrestation de 17 personnes, parmi lesquelles quatre fonctionnaires, pour détournement de fonds publics et vols    L'éducation en Afrique : un levier pour l'avenir et le développement    La Fondation du Forum d'Assilah couronnée à Mascate par le prix du sultan Qabous pour la culture, les arts et les lettres    Aminux signe son grand retour avec "AURA", un album double face entre ombre et lumière    La FNM, la FRMJE et la Ligue régionale Rabat-Salé-Kénitra des jeux électroniques s'allient pour promouvoir la culture numérique    UIR : Chaire UNESCO lance officiellement l'édition 2025 du programme World Heritage Volunteers    Hausse des ventes de voitures à énergie nouvelle en Chine malgré un léger recul du marché global    Akhannouch: Le soutien aux TPME s'inscrit dans une dynamique de réformes profondes sous la sage conduite de SM le Roi    Hammouchi reçoit l'ambassadrice de Chine au Maroc pour renforcer le partenariat sécuritaire entre les deux pays avant la tenue de l'Assemblée générale d'Interpol à Marrakech    L'Allemagne met le régime algérien à l'épreuve : la libération de Boualem Sansal en échange de la poursuite des soins de Tebboune    CAN Maroc-2025: les visas électroniques désormais gratuits via l'application YALLA    The Best 2025 : Hakimi, vedette du PSG, dans la liste des nominés    Surf. Odriozola et Salgado remportent le Junior Pro Taghazout Bay    Madrid. Abdellatif Hammouchi reçoit la Grand-Croix du Mérite de la Garde civile espagnole    Grammy Awards 2026 : Youssou Ndour décroche une nomination    La MAM célèbre la Fête de l'Unité    JSI Riyad 2025. Finale . Futsal / Maroc-Iran ce mardi : Horaire ? Chaînes ?    CAF : « Le ballon officiel de la CAN 25 rend hommage au zellige marocain »    France : La police enquête sur les célébrations des supporters du Wydad Casablanca à Paris    París: En el Olympia, los 50 años de la Marcha Verde se celebran con alegría    Paris : À l'Olympia, les 50 ans de la Marche verte célébrés dans la joie    Baisse de 17% des demandes d'autorisation de mariage de mineurs en 2024, selon le CSPJ    FIFM 2025 : Le film marocain "Derrière les palmiers" de Meryem Benm'Barek en compétition officielle    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Les «Bleus» boucs émissaires d'une France malade
Publié dans L'observateur du Maroc le 02 - 07 - 2010

L'histoire pourrait n'être que surréaliste et triste pour la France et ses célèbres «Bleus». Le psychodrame qui s'est déroulé en Afrique du Sud devant les caméras de toutes les télévisions aurait pu continuer à n'être que la risée de la planète, ce qui est déjà grave s'agissant d'une Coupe du Monde. Et peu importe au fond l'enchaînement invraisemblable de tout ce qui a conduit à l'implosion en direct de l'équipe de France: chamailleries, égos surdimensionnés, expulsion d'Anelka, insultes de vestiaires, arrogance de l'entraîneur, démission, «grève» d'entraînement, règlements de compte, lâchetés grandes et petites rabâchés par tous les médias. Une situation que Bixente Lizarazu, un ex-joueur de l'équipe de France, résume cruellement: «J'ai l'impression de me promener dans un asile. Il est temps que l'avion se crashe»…
Il ne manquait que l'intervention «sur demande de Nicolas Sarkozy» de Roselyne Bachelot, la ministre des Sports. Elle aura aussi frappé fort, genre maîtresse d'école moralisatrice réprimandant de mauvais élèves - les joueurs - «qui ont terni l'image de la France». Pas loin du très controversé entraîneur Raymond Domenech qui, à la veille du match du 22 juin où la France allait jouer son va tout, martelait que c'était «l'échec de l'équipe de France» sans souffler mot du sien!
L'argent roi, c'est la planète foot
Nul bien sûr ne songerait à dédouaner des joueurs faisant grève d'entraînement l'avant veille du fameux match pour protester contre l'expulsion d'un des leurs, Nicolas Anelka. L'attitude a de quoi choquer même dans une France adepte d'une pratique sociale bien particulière: faire grève avant toute négociation !
Mais là où le bât blesse, c'est que l'affaire a fini par prendre une tournure assez malsaine. Au fil des épisodes de ce psychodrame, les joueurs sont devenus les seuls boucs émissaires alors que le moins qu'on puisse dire, c'est que les responsabilités sont largement partagées entre entraîneur, Fédération Française de football et joueurs eux mêmes.  
Que reproche-t-on à ces derniers? D'abord d'avoir perdu tout sens des réalités à force de vivre dans un cocon ultra luxueux où ils gagnent trop d'argent, trop vite et trop jeunes. Trop riches donc pour s'intéresser à autre chose qu'à une vie facile, aux femmes - y compris rémunérées - et en tout cas pas assez «patriotes pour faire don de soi et représenter la France» dans une compétition de ce niveau. Vrai sans doute au moins en partie. Mais on regrette d'avoir peu  entendu que c'est la planète foot, ses fabuleux contrats d'exclusivité, ses sponsors, ses gains pharamineux, les salaires indécents des «consultants» recrutés par les TV dans le vivier des ex-joueurs retraités, les transferts à prix d'or, qui génèrent l'argent-roi et des joueurs qui pètent les plombs.
Joueurs et Nation française
On aimerait aussi que cette dénonciation de richesses par trop indécentes ne surgisse pas des profondeurs d'un inconscient français qui abhorre l'argent et la richesse, héritage d'un catholicisme rigoureux mélangé aux vieux idéaux égalitaires de la Révolution française. En France, la richesse est toujours suspecte, même quand elle est le fruit d'un effort personnel ou de l'esprit d'entreprise. Dans ce pays où les élites continuent quasiment à vivre en cercle clos et où leur renouvellement reste un vœu pieux, la seule fortune finalement acceptable est celle dont on hérite. Alors comment accepter que des joueurs de foot presque tous originaires de milieux modestes et populaires «flambent» sans vergogne ?
L'autre critique adressée aux «Bleus» a commencé à s'exprimer plus ouvertement. Et elle est infiniment plus perverse et choquante : les joueurs de l'équipe de France «ne représentent pas la nation française», sous entendu puisque la plupart d'entre eux sont noirs et/ou musulmans. Que Marine Le Pen du Front National affirme d'un air navré que «c'est ce que son parti a toujours dit» n'a surpris personne. Mais que des intellectuels ou des philosophes s'aventurent sur ce terrain est atterrant. Alain Finkielkraut est allé jusqu'à déclarer qu'«on est passé de la génération Zidane à la génération caillera» et que l'équipe de France n'est qu'une «bande de voyous milliardaires qui ne connaît que la morale de mafia» et «souffre de divisions ethniques et religieuses».  Quelques députés de l'UMP, ainsi que François Bayrou, lui ont emboîté le pas, décrétant que «le refus de l'autorité manifesté par les joueurs est le reflet de ce qu'il se passe dans les banlieues françaises»!
Procès idéologique à la banlieue 
Air frais et bon sens sont heureusement venus du député socialiste et ancien responsable de SOS Racisme, Julien Dray. Exaspéré que le débat «arrive sur ce terrain» et qu'on «fasse encore une fois le même procès : est-ce que l'équipe de France est trop métissée ? Est-ce qu'elle chante La Marseillaise?», il s'est écrié : «ça suffit, ce climat est très mauvais, on est en train de communautariser les choses». Même son de cloche du Conseil représentatif des associations noires qui s'insurge «du procès idéologique fait à la banlieue, à l'équipe de France de football et à la diversité française en général».
Cette ambiance de lynchage médiatique des joueurs n'est pas seulement irresponsable et dangereuse dans un pays malade de son incapacité à intégrer ses minorités, à assumer son métissage et qui a trop tendance à chercher des boucs émissaires : noirs, musulmans, pauvres, bref différent.
Elle est aussi d'une malhonnêteté accablante : alors que l'équipe nationale de football part en vrille en pleine Coupe et que cet échec était annoncé, elle balaye la responsabilité et le bilan catastrophique d'un Domenech contesté depuis des années pour son arrogance n'ayant d'égale que son amour de la provocation, sa propension à jouer les divas et à placer les mauvais joueurs aux mauvais postes. Elle dramatise des déclarations de vestiaire dans un pays dont le Président peut lancer «casse toi pauvre con» à un quidam ! Elle «zappe» aussi le bilan de la Fédération française de football et de son président qui ont maintenu Domenech contre vents et marées, y compris après le calamiteux Euro 2008 où les Français ont été éliminés au premier tour. Qui s'étonnera ensuite de l'élimination du football français, et pas seulement de ses joueurs, de la coupe 2010 ?


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.