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Oui, mais après ?
Publié dans L'observateur du Maroc le 06 - 07 - 2011

Mais ce oui massif ouvre une période d'incertitude. La nouvelle constitution, en rupture avec les pratiques institutionnelles actuelles, nécessite des changements drastiques dans l'urgence. L'USFP, le PJD et l'Istiqlal réclament le report des élections anticipées. Ils le font pour répondre à une contrainte interne, celle de la revendication de congrès et de renouveau, fortement portée par leur base, mais ils le font aussi pour répondre à la pression de la rue qui réclame un renouvellement des cadres. Qui peut imaginer la reconduction du gouvernement El Fassi après les mois de gestion d'une crise sans précédent ?
La date des élections est donc loin d'être anodine ou technique. Elle porte en elle la marge de changement possible dans la nature des candidatures de la campagne électorale et donc de la mobilisation puis de la participation populaire aux législatives. C'est un enjeu majeur, celui de crédibiliser les institutions dès la première législature dans le cadre de la nouvelle constitution.
Le deuxième aspect est celui des alliances. Celles-ci doivent être préélectorales pour être dans l'esprit de la constitution, mais aussi pour répondre à l'élévation du seuil à 8%. Il faut lutter pour que les alliances soient politiques, c'est-à-dire autour de rapprochements programmatiques et non de simples calculs électoraux locaux.
La question des structures constitutionnalisées et celle des différents conseils se pose également. L'on se rappelle que le Conseil économique et social a mis quinze ans pour voir le jour. C'est inimaginable aujourd'hui.
Or la constitution met ces structures sous la responsabilité du Premier ministre et des présidents des deux Chambres. Doit-on les constituer tout de suite ou attendre l'installation des nouvelles institutions représentatives ?
Tous ces débats sont les bienvenus car ils animent la vie publique et maintiennent l'intérêt des citoyens pour cette dernière. Les médias, publics en particulier, ne doivent pas l'oublier, mais on ne doit pas oublier non plus que les Marocains attendent d'autres réponses à leurs revendications. Les procès contre les responsables accusés de détournements par la Cour des comptes, l'arrêt de la gabegie dans les communes, l'assainissement de la justice, le démantèlement de l'économie de rente… sont autant de signaux attendus. Ils sont importants pour pérenniser la mobilisation autour de la constitution et en faire une adhésion convaincue à un nouveau contrat social. Sans cette adhésion, le texte aura des difficultés à passer dans la réalité et le divorce entre les citoyens et les institutions représentatives risque de se perpétuer. Cela constituerait un échec cuisant pour nous tous. Echec qui ne peut être évité que par le maintien d'un large débat national.
soirée référendaire
La fête du OUI
Noura MOUNIB
20 heures. Les habitués de l'hôtel Sofitel de Rabat suivent de loin les préparatifs de la soirée référendaire. Malgré la chaleur torride de la journée, les organisateurs mettent les petits plats dans les grands pour réussir une réception qui s'annonce d'ores et déjà grandiose. L'arrivée des premières personnalités, tout sourire, remet du punch dans l'humeur des organisateurs. Pour l'occasion, la plupart des ministres ont délaissé leurs cravates habituelles pour un style plus décontracté. Salaheddine Mezouar, Nouzha Sqalli, Yassir Znagui, Khalid Naciri, Amine Benkhadra, Jamal Aghmani, Moncef Belkhayat… C'est la fête chez les responsables !
«Le taux de participation au référendum est de 70,62% !» s'écrie un cadre du ministère de la Communication. L'euphorie gagne toute l'assistance. «C'est une journée historique. Le 1er juillet restera à tout jamais dans les annales» se réjouit Khalid Naciri. Il ajoute que le peuple marocain a donné l'exemple aux pays du monde entier par son implication. «Les Marocains ont saisi cet instant historique pour donner une leçon magistrale sans prêter aucune attention aux appels qui vont chercher dans le plus profond du nihilisme» précise le ministre. Même son de cloche chez Driss El Yazami, président du Conseil National des droits de l'homme (CNDH) qui estime qu'il s'agit d'un tournant décisif dans l'histoire du Maroc. «On a à présent besoin de toutes les composantes de la société pour réussir cette nouvelle constitution. Le travail ne fait que commencer» explique-t-il.
Quelques heures avant l'annonce des résultats provisoires, la victoire du OUI paraissait évidente. Si certains jubilent sur le taux de participation annoncé, d'autres ont hâte de connaître les résultats, prévus avant minuit. Dans une ambiance bon enfant, ministres, chefs de partis et présidents d'associations discutent de cette journée historique que le Maroc vient de vivre. «La démocratie a trouvé le chemin de notre pays», «Les Marocains ont parfaitement défendu leur projet», «Je crois que les radicaux ont eu leur réponse»… Réactions par-ci, plaisanteries par-là, le buffet dinatoire rassemble l'assistance qui tente, tant bien que mal, de survivre à la chaleur suffocante de la salle. «Les femmes n'ont plus rien à revendiquer. La constitution vous a gâtées !» plaisante un journaliste. Et à Fouzia Assouli, présidente de la Ligue démocratique des droits des femmes de répondre «En effet, toutes nos revendications ont été entendues. Toutes!». Différents débats continuent de meubler la soirée. Même la longue attente des résultats ne pouvait plus gâcher la joie de cette journée singulière où le Maroc a, officiellement, intégré la cour des grands.
Un oui massif
Karim Rachad
9.228.020 de Marocains se sont déplacés pour s'exprimer, ce qui représente un taux de participation de 73,46%. Il a été enregistré 76.917 bulletins nuls soit 0,83% du total, a précisé le ministre lors de la conférence de presse suivant le vote. Pour Taieb Cherkaoui, la participation massive au référendum du 1er juillet constitue un couronnement des différentes étapes de la campagne ayant rythmé cette consultation. Ce processus a commencé avec le discours royal du 9 mars 2011, s'est poursuivi avec les contributions des acteurs politiques, des partenaires sociaux et des acteurs de la société civile et l'accompagnement fort et professionnel de l'ensemble des médias publics et privés, jusqu'à l'adhésion populaire massive, a expliqué le ministre qui avait souligné, à la veille du scrutin, «l'engagement des autorités publiques à entourer cette opération de toutes les garanties juridiques, et à mobiliser les moyens matériels en vue du déroulement du référendum dans un climat démocratique sain et ouvert à toutes les opinions et à toutes les positions».
La révision exceptionnelle des listes électorales générales a constitué une première étape essentielle pour donner corps à ces garanties juridiques et politiques, dans la mesure où cette opération a permis l'inscription de plus de 1,10 million de citoyens sur les listes électorales. T. Cherkaoui a souligné qu'après l'établissement définitif des listes électorales générales et leur traitement informatique, le corps électoral national s'est élevé à 13.106.948 électeurs, dont les jeunes de moins de 35 ans constituent 30%. Les listes électorales générales précitées n'englobent pas les autres catégories participant à cette consultation référendaire et qui comprennent les membres des Forces armées royales, quelques soient leurs grades, les éléments des forces de l'ordre (gendarmerie royale, sûreté nationale et forces auxiliaires), et les Marocains résidant à l'étranger.
L'opération de retrait et de distribution des listes électorales, toujours d'après le ministre, a constitué une étape décisive dans la préparation du scrutin, puisque jusqu'au jeudi 30 juin, 95% des électeurs ont pu retirer leurs cartes. Par ailleurs, dans le but de permettre aux électeurs d'accomplir leur devoir national dans les meilleures conditions, 39.969 bureaux de vote ont été mis en place sur l'ensemble du territoire national ayant nécessité la mobilisation de 320.000 personnes dans l'objectif de superviser l'opération de suffrage. En outre, 520 bureaux de vote ont été mis en place dans les ambassades et consulats du Royaume en vue de permettre aux Marocains résidant à l'étranger de participer au référendum.
Concernant la campagne, le ministre a souligné qu'une «politique de communication globale et ciblée a été suivie visant à éclairer l'opinion publique au sujet des grands enjeux de cette échéance historique, à travers la vulgarisation des grands axes du projet de Constitution, la clarification de son contenu et l'incitation des citoyens à la participation et à l'expression de leur choix». Ainsi, les partis politiques et les centrales syndicales, toutes sensibilités confondues, ont pu accéder aux médias audiovisuels publics pour mener leur campagne, ce qui leur a permis le contact direct et libre avec les citoyens. D'ailleurs la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) a veillé à la garantie de la pluralité d'expression des différents courants de pensée et d'opinion durant la campagne référendaire.
En outre, le Conseil national des droits de l'homme (CNDH) a accompli sa mission d'observation du référendum. 233 observateurs ont également participé à cette opération pour le compte d'organisations non gouvernementales marocaines. 641 bureaux de vote ont été suivis. Pour le ministre, la campagne sur le projet de Constitution (du 21 au 30 juin), "s'est déroulée dans des conditions normales dans un climat empreint d'enthousiasme qui rend l'écho de l'interaction de la majorité du peuple marocain avec le projet de Constitution". Les formations politiques, les syndicats, les organisations professionnelles et la société civile ont tenu près de 4392 activités, dont des réunions, des meetings et des manifestations publiques ayant mobilisé plus de 3.386.000 participants. Parallèlement, les instances et organisations ayant appelé au boycott ont mené campagne en toute liberté, à travers 168 activités ayant mobilisé quelque 16.000 participants.
Comment les Casablancais ont voté ?
S.L.
Il est 16h à l'entrée du collège Mohamed Abdou, où se trouve l'un des quatre centres de vote de l'arrondissement Mers Sultan. Malgré une chaleur suffocante, quelques silhouettes accèdent aux treize bureaux pour accomplir leur devoir national. Les citoyens sont venus en nombre. «À chaque référendum, je réponds à l'appel royal, je viens voter et j'espère que cette fois il y aura le changement tant attendu», nous confie Aicha, la soixantaine bien entamée.
Mohamed Bounit est président d'un des bureaux de vote. En temps normal, il est fonctionnaire à la commune du Maârif, avec quatre de ses collègues, ils officient dans le bureau 120. Il nous résume le déroulement de cette journée : «l'ambiance est normale. Le nombre augmente au fil des heures. On devrait recevoir plus de monde après 18h».
Omar, 25 ans, vient voter pour la première fois de sa vie, mais il ne pourra pas le faire car il a oublié sa carte d'électeur. «Je tiens à voter, c'est très important, car le peuple participe à la construction nationale et à son avenir. Je retourne chercher ma carte chez moi et je reviendrai voter», assure-t-il.
À la place Oued El Makhzen, un autre bureau et toujours la même ambiance. Les citoyens des quartiers Opéra et place Verdun sont venus en masse et l'affluence est continue. Ayoub, 32 ans, vient de voter. «Après le discours du Roi, j'ai choisi le «Oui», car ce vote va changer notre vie grâce à la nouvelle constitution. On s'attend maintenant à des services publics de qualité. Ce qui se passe est bien pour nous et pour les générations futures». Même son de cloche du côté de Hamid, 30 ans : «on vote pour notre Roi, c'est le Maroc d'en bas qui va soutenir notre Roi, c'est nous qui votons pour lui. Et vive le Roi!».
À l'ancienne médina, l'ambiance est tout à fait différente. A 18h, les dizaines de centres de vote ne désemplissent pas. A l'école primaire Fatéma El Fihria, les 43 bureaux de vote fonctionnent à plein régime. Les électeurs, dont beaucoup de femmes, se précipitent pour exercer leur droit de vote. Certains ne trouvent pas leur bureau ou leur carte d'électeur, d'autres ne sont pas inscrits sur les listes et viennent tout même pour voter. Les responsables tentent de résoudre toutes les difficultés et de satisfaire toutes les demandes. Imane, 23 ans, qui vote pour la première fois est «heureuse de pouvoir le faire et de répondre «Oui», à l'appel du Roi».
Réactions
Salaheddine Mezouar,
président du Rassemblement National des Indépendants.
« Maintenant, la balle est dans le camp des partis politiques qui doivent comprendre que le Maroc a changé et que les Marocains ont changé. Ils ont des attentes vis-à-vis des représentants et des forces politiques pour qu'ils s'adaptent à la nouvelle réalité du Maroc.»
Mustapha Mouâtassim, Secrétaire général du parti Al Badil Hadari.
« Globalement la campagne n'a pas connu de grandes irrégularités. Il faut s'atteler à écrire des nouvelles lois organiques qui correspondent aux exigences de la constitution. En plus, l'Etat se doit de lancer des mesures d'accompagnement pour faire régner un climat de confiance entre tous les acteurs. En premier, la libération des détenus politiques et la résolution des dossiers comme celui de notre parti. Nous attendons que le jugement d'interdiction à l'égard du parti soit annulé très prochainement.»
Mohamed Moujahid,
Secrétaire général du Parti socialiste unifié (PSU).
« Nous continuerons nos actions dans le cadre du 20 février pour arriver à une constitution démocratique et populaire, à une monarchie parlementaire, et afin de lier la responsabilité avec la reddition des comptes et faire chuter les symboles de la corruption.»
Amina Benkhadra, ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement.
« Cette nouvelle étape a connu la participation de tout un peuple, avec une large consultation. Il y a eu quelques petits mouvements de protestation dans la rue mais ils sont extrêmement minoritaires. Malgré cela, leur voix s'est exprimée sur la place publique. Tout cela fait que le Maroc est un exemple dans notre région.»
Mohammed Boudaaoua Tsouli, 20 février-Casablanca.
« Les irrégularités constatées lors de la campagne se sont confirmées le jour du vote. Nous avons décidé d'organiser une marche le dimanche 4 juillet. Les mots d'ordre sont en train d'êtrefixés en ce moment même pour dénoncer la falsification des résultats des élections. Sans compter que le 20 février a vingt revendications et que nous allons continuer à œuvrer pour les réaliser.»
Nouzha Skalli, Ministre du Développement social, de la famille et de la solidarité.
« La nouvelle constitution répond favorablement aux exigences des Marocains. C'est un projet élaboré par le peuple et pour le peuple. Il faut reconnaitre qu'il y a une exception marocaine. Parce que contrairement à d'autres pays, le Maroc n'a pas accueilli les revendications de son peuple par la répression. Notre pays a donné une leçon de réalisme à tous les Etats démocrates. On est désormais un pays démocratique. »
Mohamed Ziane, coordinateur national du parti Marocain libéral (PML)
«La nouvelle constitution consacre une réelle séparation des pouvoirs et permet à la justice de jouir d'une véritable indépendance. Après toutes ces réformes, le Maroc est bien parti pour assainir la politique nationale et permettre une meilleure ouverture du gouvernement sur la société et la consécration de l'Etat de droit. Maintenant, le véritable changement doit émaner de toutes les forces de la société.»
Abdelilah Benkirane, secrétaire général du PJD.
«Contrairement à l'ancien texte, la nouvelle constitution propose la consécration de la démocratie et la répartition des attributions des différents pouvoirs. Que demander de plus ? D'ailleurs, je remercie tous les Marocains qui se sont mobilisés pour voter. Ce n'est pas le boycott qui nous fera avancer. On est en entrain de construire un Maroc d'avenir et de barrer le chemin aux tenants de l'abus du pouvoir. Nous sommes conscients que le travail ne fait que commencer.»
Abdelwahed radi, premier secrétaire de l'USFP.
«Les Marocains ont répondu présent à l'appel de la patrie et ont accompli leur devoir national avec liberté et responsabilité. C'est une constitution de l'espoir qui dessine une nouvelle ère pour la jeunesse, la femme et toutes les composantes du peuple marocain. Elle permettra au Maroc de se positionner à l'avant-garde pour être un modèle pour les autres pays. A présent, place au travail.»
La campagne référendaire vue par les partis
Salaheddine Lemaizi
Lundi 27 juin en soirée, Casablanca est rattrapée par la fièvre référendaire. Dans les quatre coins de la ville, partis, syndicats et associations organisent des meetings pour appeler à voter «Oui».
Ayant débuté le 21 juin 2011, cette campagne de dix jours a obligé les partis comme les syndicats à mobiliser toutes leurs forces pour appeler à voter «Oui». Cette campagne est un test pour ces formations politiques avant les échéances électorales à venir. Ainsi les partis politiques ont fonctionné à plein régime. Chaque parti organise en moyenne deux meetings par jour. Leurs organisations parallèles (jeunesses, femmes et syndicats), ainsi que les associations proches des partis ont été mises à contribution.
Réhabiliter la politique
Dans un palace casablancais, l'association Shems Bladi pour le développement et la citoyenneté, proche du Parti du progrès et du socialisme (PPS), organise des débats du 24 au 29 juin, portant sur le contenu du projet de constitution. Différents partis sont conviés à prendre la parole pour expliquer les raisons qui les poussent à accueillir favorablement le projet de constitution.
Ce lundi, cette ONG convie le Parti de la justice et du développement (PJD), le Front des forces démocratiques (FFD), l'Union socialiste des forces populaires (USFP) et le PPS pour traiter du projet de la constitution. La salle est à moitié pleine, les leaders des partis annoncés se sont finalement désistés à cause «de leur programme de campagne chargé», expliquent les organisateurs.
Abdellah Baha, vice-secrétaire général du PJD, Abdelouahed Souhail, membre du bureau politique du PPS, Abdelkébir Tabih, membre du Conseil national de l'USFP et Thami Khyari, Secrétaire général du FFD, représentent leurs partis lors de cette «soirée référendaire».
Expliquer la constitution
Sur la question de la durée de la campagne, les quatre partis sont unanimes. Pour eux, le temps accordé pour expliquer le contenu du nouveau texte aux militants et à l'ensemble des citoyens est suffisant. «La réforme constitutionnelle fait partie des sujets que nous traitons de manière permanente dans nos réunions et congrès, donc c'est un sujet qui n'est pas nouveau et que l'ensemble des militants des partis maitrisent assez bien», explique A. Souhail du PPS. «Le contexte actuel a permis de réhabiliter l'action politique, surtout que nous avons subi dix années de destruction organisée du travail des partis politiques», renchérit T. Khyari du FFD.
Patronat et réforme constitutionnelle
Satisfecit général
Abdelali Darif Alaoui
Le patronat marocain affiche une très grande satisfaction au lendemain du discours royal du 17 juin 2011, annonçant le référendum pour le 1er juillet. Derrière ce sentiment général de satisfaction se cache la prise en compte intégrale des propositions faites par la CGEM. Pour Mohamed Horani, son président, la CGEM est satisfaite du projet de révision et appelle à voter Oui.
Modèle européen
«Nous avons tenu un conseil d'administration le 21 juin dernier. Nous avons examiné le contenu du projet de constitution et nous avons dit oui à l'unanimité car il répond aux attentes des opérateurs», souligne le président de la CGEM. Pour lui, «la réforme constitutionnelle comprend pas mal de valeurs qui confortent l'économie de marché et également des garanties constitutionnelles quant aux droits des travailleurs, comme l'accès aux soins, le droit à l'information, etc. Nos propositions comprennent des valeurs sociales et cela nous donne une économie sociale de marché, un peu à l'image des pays européens, qui favorise un équilibre entre l'économique et le social». Deuxième acquis dans ce projet de réforme, la représentativité est hissée à un degré constitutionnel. «Dans la constitution actuelle, les chambres professionnelles et les corporations sont reconnues, mais pas les associations professionnelles des employeurs comme la CGEM. Aujourd'hui, avec ce projet, le texte inclut les organisations les plus représentatives et elles auront même le droit de siéger à la seconde chambre», indique Horani. Le texte contenant les propositions de la CGEM a également abordé les aspects politiques aussi bien au niveau de grands principes directeurs comme l'Etat de droit, la primauté du droit sur le politique, l'accès des justiciables au Conseil constitutionnel, l'indépendance de la justice, la citoyenneté et le pluralisme. Le texte proposé par la centrale a également évoqué les droits fondamentaux des citoyens (respect de la vie privée, liberté d'expression, égalité de genre et égalité fiscale).
Oui unanime
Si le patronat a décidé de dire Oui au projet de révision constitutionnelle, c'est qu'il s'y retrouve. Bouchaïb Benhamida, président de la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics (FNBTP) a d'ailleurs déclaré : «En tant qu'acteurs économiques, nous sommes satisfaits de voir que toutes les 18 propositions ont été prises en compte. Nous nous retrouvons tout simplement dans ce projet car il répond à nos attentes en tant qu'opérateurs économiques.»
Pour sa part, Hassan Sentissi, président de la Fédération nationale des industries de transformation des produits de la pêche (FENIP) a précisé que ce «projet est tellement libéral qu'il nous donne l'occasion de nous défendre. Par le passé, on opérait dans l'ombre de la politique du fait accompli en partie, or maintenant la concertation passe avant tout. Avant, on nous imposait des choses par décret dans tous les secteurs et maintenant les futurs ministres ne pourront pas s'amuser à faire n'importe quoi. Leur liberté d'action est très importante, mais également étroitement surveillée».
Nuances
Au-delà de cette euphorie, faut-il voir un lien de causalité entre développement économique et démocratie, puisque c'est l'objectif recherché par tous ? Pour Driss Benali, économiste et enseignant-chercheur, il serait hasardeux de faire l'amalgame : «J'ai l'impression que chez beaucoup de gens, il y a une confusion entre une constitution et une stratégie ou une politique déterminée. La constitution est un texte qui trace le cadre dans lequel les acteurs vont travailler. Elle établit les règles du jeu. Le lien de causalité entre développement économique et démocratie n'est pas toujours acquis. La démocratie n'est pas un état de nature, mais un état de culture. Elle régit les rapports dans la société et traduit le contrat social. Il ne faut pas s'attendre à ce que la constitution règle les problèmes économiques. Nous avons vu des démocraties flancher sur le plan économique comme la Grèce, alors que des dictatures comme la Chine tirent très bien leur épingle du jeu.» Selon Driss Benali, pour «qu'une démocratie se perpétue, il faut une classe moyenne forte et importante, ce qui manque un peu au Maroc».
Les patrons disent OUI
Fatma-zohra jdily
Le patron des patrons déclare « Nous disons OUI au projet de constitution ». La raison ? Il confirme que la position de la CGEM parait raisonnable, d'autant plus que le texte constitutionnel intègre de nouvelles règles démocratiques, longtemps défendues par le monde de l'entreprise. Et la nouveauté la plus marquante reste incontestablement celle qui devrait permettre au patronat de se faire représenter au parlement et aux conseils régionaux. Mais la question demeure : Quel serait l'impact de la nouvelle constitution sur l'environnement des affaires au Maroc ? M. Horani a souligné lors d'une conférence de presse tenue au siège de la CGEM la constitutionnalisation d'une économie de marché : la CGEM ne peut que se réjouir du projet de la nouvelle constitution. Ce dernier est venu justement consacrer la garantie d'une justice sociale, la liberté d'entreprendre, le droit à la propriété, la libre concurrence, l'équité sociale, l'égalité des genres sur les plans économique et social, etc. La CGEM est ainsi convaincue que ce projet sera de nature à améliorer l'environnement des affaires et, partant, l'attractivité de l'économie marocaine auprès des investisseurs nationaux et internationaux. C'est bien de constitutionnaliser des droits économiques mais c'est encore mieux d'opérationnaliser ces mêmes droits. A ce sujet, le patron des patrons a expliqué que la phase après le référendum est la plus importante. C'est la phase de l'opérationnalité. A ce niveau, il a été rappelé que la représentation de la CGEM, aussi bien au parlement qu'aux conseils régionaux, est la terre sur laquelle il faut se maintenir debout pour garantir l'opérationnalité. Cette nouvelle perspective permettra à la CGEM de siéger au sein de la deuxième Chambre, en tant que porte-parole des intérêts de ses adhérents, tout comme les syndicats et les chambres professionnelles. Le maintien de la deuxième chambre parait donc comme un autre lieu d'échanges entre les partenaires sociaux impliqués dans le dialogue social. A propos de ce dernier, l'article 8 de la future constitution souligne que «les organisations syndicales des salariés, les chambres professionnelles et les organisations professionnelles des employeurs contribuent à la défense et à la promotion des droits et des intérêts socioéconomiques des catégories qu'elles représentent». Il est donc clair que l'action patronale est mise sur un même pied d'égalité que celle syndicale. En ce qui concerne la représentation régionale, M. Horani a précisé que la représentation de la CGEM dans les conseils régionaux renforcera les unions régionales de la confédération des interlocuteurs fiables, que ce soit envers l'Etat ou les branches syndicales locales. Cela signifierait-il que l'esprit de la nouvelle vocation constitutionnelle de la CGEM doit être politique ? A cette question M. Horani a répondu fermement que «l'essentiel est de rechercher l'efficacité dans l'action, un lobbysme rationnel et transparent, mais surtout d'éviter de tomber dans le piège de la « politisation » du rôle du patronat ». Pour accompagner cette grande mutation, les administrateurs de la CGEM ont décidé de revisiter les statuts de la confédération de sorte que celle-ci puisse refléter la réalité du monde de l'entreprise au Maroc. La question du nombre d'adhérents, qui ne dépasse guère les 30 000 entreprises est reposée. L'objectif fixé par la CGEM est de dépasser le cap de 100 000 entreprises. Pour ce faire, M. Horani et son équipe comptent inciter les très petites entreprises à adhérer gratuitement à la CGEM.
L'équilibre budgétaire
L'intérêt général est privilégié
L'équilibre budgétaire est constitutionnalisé. L'article 77 du projet de constitution oblige le parlement et le gouvernement à préserver l'équilibre des finances de l'Etat. Le gouvernement peut ainsi opposer, de manière ouverte, l'irrecevabilité à toute opposition ou amendement formulés par les membres du parlement lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l'aggravation des charges publiques. Nous estimons donc que le maintien de l'équilibre budgétaire est nécessaire dans le contexte actuel, au regard notamment du niveau des dépenses de compensations. De plus, nous privilégions l'intérêt général dans notre relation avec le gouvernement. Rappelez-vous que l'année dernière, nous avons demandé la baisse de l'IS juste pour les TPE. Notre lobbysme est au service de la compétitivité de l'entreprise marocain.


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