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Requiem pour la forêt de Maâmora
Publié dans L'opinion le 23 - 11 - 2009

Au moment où le gouvernement s'attelle à l'élaboration d'une charte de l'environnement, conformément aux hautes recommandations du souverain dans son discours du trône du 31/08/2009,on constate hélas le dépérissement continu de la forêt mythique de la Maamora,à proximité de Sala aljadida,non pas en raison de facteurs climatiques, comme on aime à le claironner à l'occasion des séminaires où les responsables se contentent de se gargariser de formules lapidaires creuses(régénération de la subéraie, mesures sylvopastorales) ,mais en raison de facteurs anthropiques ( humains) que nous pouvons résumer comme suit :
-L'abattage clandestin des arbres qui se fait jour et nuit,en toute impunité et d'une manière sauvage par des « prédateurs » de l'environnement qui n'hésitent pas à calciner les racines des chaînes avec du mazout pour se livrer ensuite au travail de découpage du bois.
-L'amoncellement des déblais provenant des travaux de terrassement des constructions, jouxtant la forêt.
-l'infrastructure routière .
-Le surpâturage par les troupeaux des ovins et bovins, dont le broutage des espèces végétales et des glands constitue un handicap à toute régénération .
-Le gaulage violent et mutilant des branches pour cueillir les glands.
-Le squattage des clairières par des familles de plus en plus nombreuses, qui considèrent la forêt comme une mine à exploiter à outrance(abattage des arbres, apiculture ,aviculture…)
-L'écorçage pour la fabrication du tanin.
-Production charbonnière intense.
-Extraction du terreau qui tonifie les arbres et les plantes médicinales.
Mais comme ces massacres ne semblent pas suffire pour sonner le glas de la forêt, le conseil de la ville de Salé, sous l'impulsion de son nouveau maire, vient de prendre la décision téméraire d'installer un centre de transfert des ordures au cœur de la forêt, sans mesurer les retombées désastreuses de cette décision.
Messieurs le commissaire aux eaux et forêts et le secrétaire d'Etat à l'environnement,
Moi en tant que citoyen soucieux de la préservation de l'environnement et père de famille, je réclame à cor et à cri le droit de protéger cette forêt du dépérissement, pour pouvoir léguer à mes enfants et arrières-petits enfants un espace récréatif où ils viendraient chercher un air salutaire, je dois leur laisser un environnement sain, compatible avec des conditions de vie acceptables et un développement durable.
J'ose espérer que la charte de l'environnement sera un texte fondateur structurant, un repère et une ligne de conduite ,je souhaite aussi qu'elle s'inscrive en préambule dans la constitution de notre Royaume .
Je voudrais aussi vous rappeler, Messieurs, que l'environnement ne doit en aucune manière être considéré comme une discipline verticale à confier aux départements ministériels mais aussi et surtout à la société civile, à travers les associations locales militant pour la protection de l'environnement, et qui aimeraient volontiers s'impliquer dans la prise de décision en partageant leur vision du développement durable.
Aussi, il est tant que les hauts responsables sortent de leur tour d'ivoire pour réfléchir au rôle de la vie associative dans l'éducation environnementale ,susceptible d'agir efficacement sur les comportement irresponsables, ô combien préjudiciables à l'environnement qui conditionne notre prospérité et notre bien-être.
En définitive, voici Messieurs, quelques suggestions à prendre peut-être en considération dans l'élaboration de la charte de l'environnement qui permettrait de sauver la forêt de la Maamora du naufrage :
-Mener une campagne de sensibilisation à la préservation de l'environnement, à travers les médias, les écoles et surtout les associations locales telles que SALEJMAAMORA qui ne cesse d'œuvrer pour instaurer la culture de l'environnement à Salaaljadida .A cet égard, nous ne pouvons que féliciter cette jeune association pour les efforts fournis récemment pour contrer le projet d'installation d'un centre de transfert des ordures au cœur de la forêt Maamora,à proximité de la zone des villas.
-Prévoir dans le texte de la charte un article relatif à la protection de la forêt de la Maamora,le poumon vert, non seulement de Rabat-Salé mais de tout le Royaume puisqu'elle se situe sur l'axe autoroutier qui relie le nord au sud du Maroc, constituant ainsi une très belle aire de repos pour les usagers de la route.
-Soumettre,Comme le souverain l'a si brillamment signalé dans son dernier discours du trône, tous les projets à l'étude d'incidence sur l'environnement. Ainsi, tout projet dont le coût environnemental est trop lourd sera systématiquement refusé.
-Eviter d'installer les dépotoirs dans des zones riches en biodiversités telles que la forêt de la Maamora qui a été choisie récemment à cet effet par le conseil de la ville de Salé, lequel croyait avoir agi conséquemment avec les habitants de Salaaljadida ,en déplaçant le lieu de transfert des ordures loin de leurs habitations mais toujours au sein de la forêt, comme si celle-ci ne devait pas en pâtir.
-Adopter une loi réglementant les EIE(études d'impacts sur l'environnement).
-Former des agents forestiers, percevant la forêt de la Maamora comme un patrimoine à préserver .
-Mener des études sérieuses sur les incidences des centres de transferts des ordures, de nature à éviter des catastrophes écologiques aussi graves que celles, occasionnées récemment par le centre d'épuration d'OumAzza à proximité, hélas du pouvoir décideur de la capitale.
-Mettre une clôture autour de la forêt Maamora,jouxtant Salaaljadida,et y aménager des espaces récréatifs pour les jeux et sports,à l'instar de la forêt de Rabat,près de l'hôtel Hilton.A cet égard, l'association SALEJMAAMORA s'engage à assurer le gardiennage des équipements ludiques et sportifs et à sensibiliser les pique-niqueurs à la protection de l'environnement.
Enfin de compte je vous demanderais chers Messieurs, de bien vouloir sauver sans tergiversation la forêt de la Maamora ,qui dépérit chaque jour comme en témoignent les photos ci-dessous prises récemment, en sanctionnant tous les actes de vandalisme signalés plus haut, sinon cette magnifique subéraie ne sera plus, dans quelques années, qu'une morne lande, menaçant les grands centres urbains et les cultures de légumes et fruits environnants.Il serait aussi désolant de voir péricliter une très belle forêt,censée rehausser le prestige du parc technologique(le technopolis) et de l'académie de football Mohamed VI.
Il faudrait éviter ,comme l'a affirmé Francis Blanche,que la ville écrase la forêt pour y installer son décor,sans songer au bruit que ferait le chant de tous les oiseaux morts.
Voici chers Messieurs quelques photos qui disent éloquemment le massacre de la forêt,en espérant qu'elles ne vous laisserons pas indifférents et que vous pourrez agir sans tergiversation pour arrêter cette hécatombe,sans quoi nous allons bientôt chanter un requiem pour la plus belle subéraie au monde.


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