C'est depuis Lusaka, au cœur de l'Afrique australe, que s'est élevé un appel fort et lucide pour un avenir hydrique à la hauteur des ambitions africaines. La 3e Conférence Panafricaine de mise en œuvre et de partenariat sur l'eau, tenue hier dans la capitale zambienne, n'était pas une simple réunion technique : elle fut le théâtre d'une mobilisation stratégique autour d'un enjeu vital, structurant et existentiel pour le continent. Parmi les voix les plus écoutées de cette rencontre, celle du Maroc s'est distinguée avec force et clarté. Le ministre de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka, y a pris part en sa qualité de vice-président du Conseil Africain des Ministres de l'Eau (AMCOW). Une parole forte, portée par une expérience nationale pionnière et guidée par les Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en matière de gestion durable et solidaire des ressources hydriques.
Dans une Afrique en tension, où la raréfaction de l'eau menace tout autant la sécurité alimentaire que la stabilité sociale, Nizar Baraka a posé les termes d'un nouveau contrat hydrique africain. Trois piliers en forment l'ossature.
D'abord, l'audace des solutions non conventionnelles. Le Maroc a fait la démonstration qu'il est possible de dépasser les limites naturelles en valorisant les ressources alternatives : stations de dessalement de l'eau de mer à grande échelle, réutilisation maîtrisée des eaux usées traitées, et infrastructures de transfert d'eau interbassins – ces véritables "autoroutes de l'eau" qui relient les territoires dans une logique d'équité et d'efficience. Loin d'être un luxe technologique, ces dispositifs sont devenus une nécessité stratégique pour bâtir une résilience durable.
Ensuite, la question du financement, véritable nerf de la guerre. L'eau ne peut plus être gérée à perte ou à la marge. Elle exige des investissements massifs, structurés, intelligents. Le ministre marocain a plaidé pour une mobilisation coordonnée des bailleurs de fonds, des mécanismes africains de solidarité et du secteur privé, afin de donner à nos politiques hydriques les moyens de leurs ambitions.
Enfin, l'impératif écologique de la préservation des nappes phréatiques. Ces réserves souterraines, aujourd'hui menacées par la surexploitation et la dégradation, doivent être traitées comme des biens stratégiques, au même titre que nos réserves énergétiques. Nizar Baraka a appelé à une révolution des usages, en particulier dans le domaine agricole, où l'irrigation doit passer d'un modèle intensif et gaspilleur à une gestion intelligente et économe.
Au-delà des diagnostics, un cap se dessine : celui d'une Afrique maîtresse de son destin hydrique. Ce ne sera ni simple, ni rapide. Mais à Lusaka, un tournant a été amorcé. Le Maroc, en fidèle éclaireur des causes africaines, y a tenu son rôle : celui d'un Etat qui agit, innove et partage son expertise avec responsabilité.
Face aux urgences climatiques et humaines, l'eau n'est plus un simple service. Elle est souveraineté, cohésion, et avenir. Aux dirigeants africains de faire de cette conférence non pas une parenthèse, mais un point de bascule.