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Maroc : Rachid Nini ou l'histoire extraordinaire d'un émigré clandestin devenu le premier journaliste du pays
Publié dans Maghreb Observateur le 14 - 05 - 2011

En lisant des traductions de l'arabe comme ils le font chaque matin de la rubrique de Rachid Nenni sur son journal Al- Massae, les ambassadeurs des Etats Unis, de France et d'Espagne au Maroc, doivent bien s'interroger sur le classement (137éme) de ce pays en matière de liberté de la presse établi par RSF. Il est vrai que RSF a toujours eu des problèmes avec le régime marocain auquel elle reproche les poursuites judiciaires à l'encontre de journalistes accusés de diffamation ou de publication de fausses informations.
Mais qui est donc Rachid Nini ; ce journaliste objet de l'engouement des diplomates étrangers à Rabat mais aussi et surtout de celui des marocains.
Rachid Nini a fait des des études supérieures de littérature arabe à la faculté de lettres et de sciences humaines de Mohammedia.
En 1992, il travaille avec le journal Al Alam.En 1997 lors de sa présence aux îles Canaries pour assister à un congrès, il en profite pour partir en Europe. Pendant trois ans, immigré clandestin en Espagne, il fait des petits boulots. Cette expérience lui a permet d'écrire un livre, qui est à sa deuxième édition le Journal d'un clandestin en langue arabe. Rentré au Maroc, il présenta sur la deuxième chaîne marocaine (2M) l'émission « Nostaljia ». C'est une émission à succès qui retraçait les étinéraires de personnalités qui ont laissé des empruntes dans la mémoire collective des marocains.
Le succès médiatique, est toutefois du à son fameux « amoud » ou colonne d'abord dans le journal Assabah (quotidien arabophone marocain) dont Rachid Nini a fait le succès. En effet certains lecteurs achetaient Assabah pour lire l'article de Nini et jetaient le journal sans s'intéresser au contenu, c'était mon cas. Comprenant rapidement que le succès de ce journal était d'abord du au succès de son éditorial, Nini décide avec d'autres journalistes de fonder son propre journal en 2006 « Al Massae ».
Assez rapidement, ce journal connaitra un succès fulgurant grâce à la qualité de son ses informations mais surtout à la colonne de Rachid Nini. Dans les administrations et les entreprises, des photocopies de ses articles sont passés de main à main quand au journal Al Massae lui-même, il circule d'un lecteur à un autre suivant une tradition bien marocaine, laquelle pénalise financièrement les journaux mais permet des lectures à un grand nombre surtout dans les cafés.
Dans un article du Monde du 18 septembre 2007 sous le titre Le Robin des Bois Marocain le journaliste éxplique son succès » Je rebondis sur des petits riens de la vie quotidienne. Des bijoux que je découvre moi-même ou que je lis ici et là. Des affaires qui devraient passer inaperçues mais que j'exploite » et » Le poète arabe, c'était le journaliste d'autrefois. Il était chargé de transmettre la douleur. Les poèmes, ça dure pour l'éternité. J'ai la rage des poètes. Je suis un révolté permanent ». ‘‘ Mon premier amour, c'est l'écriture. Mon rêve d'enfant était d'être écrivain ou journaliste. Pour moi, c'est la même chose »
Sur ses détracteurs il dit que » On me dit démago, homophobe, islamiste, conservateur… Peu importe. Ceux qui me critiquent sont souvent des confrères jaloux. Je les comprend »
Donc en 2007, il rêvait déjà de constituer un groupe de presse « fort, influent, indépendant ; Indépendant des institutions, mais pas du peuple. Le peuple, c'est ma cause. Je ne serai jamais indépendant de lui » !
Ce rêve est en grande partie réalisé aujourd'hui avec l'édition à coté d'Al Massae (premier tirage des journaux marocains) de deux hebdomadaires, l'un en arabe et l'autre en français et un mensuel en langue espagnole.
Mais pourquoi cette magie et cet engouement des marocains et des diplomates étrangers en poste à Rabat pour les articles de Rachi Nini.
La qualité de l'écriture en arabe s'agissant d'un lettré et d'un poète n'explique pas tout. Le succès vient du contenu des articles. La liberté de ton et les attaques contre les cercles du pouvoir
La liberté de ton.
Le langage est recherché, clair et précis. Les articles de Rachid Nini décortiquent méthodiquement les maux de la société marocaine. La corruption, les passes droits, les luttes d'influence, le laxisme et l'incompétence dans la gestion des affaires publics et privés mais aussi certaines pesanteurs et traditions obsolètes de la société marocaine sont décrits, analysés et dénoncés sans concession. Grace à sa perspicacité, Rachid Nini arrive à mettre énormément de lecteurs marocains devant un miroir.
En dénonçant, la corruption par exemple avec des données précises et chiffrées, il ne dédouane pas une tradition ou une spécificité bien marocaine qui consiste toujours à vouloir se soustraire à ses obligations, passer avant les autres et admettre le règne d'un pourboire largement convenu avec des agents publics et des collectivités locales pourtant rétribués. Militant de la séparation des pouvoirs, l'institution judiciaire et ses maux sont pour ainsi dire son domaine de prédilection. Pour lui, tout passe par la réhabilitation de cette institution et l'élimination en son sein les juges véreux, corrompus ou laxistes. Pour cela, Rachid Nini relate des faits et donne des noms et des lieux. Un de ses derniers articles est une diatribe contre des procureurs généraux dont il a démonté des intrigues.
Les attaques contre les cercles du pouvoir :
A lui tout seul c'est « Le Canard Enchainé » au Maroc. Rachid Nini n'hésite pas à dénoncer la cupidité et le népotisme (avec des chiffres, des faits et des dates à l'appui) de certains membres du gouvernement y compris le premier ministre, de certains hauts fonctionnaires, des parlementaires et d'élus locaux véreux. Il dénonce aussi le laxisme, la mauvaise gestion des entreprises publiques ainsi que la mauvaise gouvernance qui fait perdre au pays de l'argent et des opportunités. La défaillance des organismes de contrôle, l'impunité sont aussi relatées dans le détail. Ceci lui a valu une série de procès qui ont failli mettre fin à son aventure journalistique. Mais il continue de plus belle. Dans ses articles il a même fait état de menaces mais il jure ses grands dieux qu'il ne se laissera pas intimider. Même l'entourage immédiat du Roi et les services de sécurité et de renseignement (chose rare dans le monde) ont fait l'objet de ses investigations. C'est ainsi qui ni des généraux, ni des responsables sécuritaires n'échappent à sa plume. L'opportunisme et le jeu politicien des syndicats ; la léthargie des certains partis politiques marocains incapables de se détacher du pouvoir et de voler de leurs propres ailes sont dénoncés. Des parlementaires sont aussi dans sa ligne de mire.
Mais Rachid Nini donne aussi les bons exemples ; tels les bons commis de l'état qui font avancer le pays, des responsables sécuritaires ainsi que des juges irréprochables.
Le doyen des journalistes marocains Mustapha Al Alaoui rendu célèbre par hebdomadaire Al Ousboue n'en revient pas et ne s'explique pas que Rachd Nini soit aussi prolifique et a même écrit sur son journal que des forces « occultes ou extrahumaines » l'alimenteraient en informations.
Il est souvent repproché à Rachdi Nini son excessivité et son acharnement mais il dit toujours qu'il le fait à dessein et qu'il contunuerait à dénoncer toutes sortes d'injustice ;que ceux qui ne sont pas d'accord, ils n'ont qu'a l'attaquer en diffamation.
On le dit « protégé »mais par qui alors qu'aucune institution ni personne n'échappe à sa plume.
Toutefois, le journaliste reste lucide et se trace des limites. il sait qu'il y a des lois dans ce pays ; que la personne du Roi est inviolable dans la constitution actuelle (en cours de changement il est vrai) de même que le respect du à la religion musulmane et à l'intégrité territoriale du pays. A part ces trois limites, sanctionnées pénalement, il n'y a pas de freins à lses investigations.
Toutefois royaliste, il l'est, quand il compare le rythme des réformes engagées par le Roi, son engament sur le terrain pour faire aboutir les projets de développement face à la léthargie du gouvernement, de l'administration et des partis politiques. Ce Maroc à deux vitesses est souvent décris dans ses articles. Aussi paradoxal que cela puisse paraitre pour Rachid Nini, il y a d'une part le Roi, ses engagements, ses réalisations et et d'autre part un gouvernement, une élite et une société qui suivent difficilement le rythme des réformes.
Enfin sur le mouvement des jeunes du 20 février 2011 qui ont demandé des réformes constitutionnelles ; après avoir marqué une hésitation, Rachid Nini appuie le mouvement tout en se démarquant des extrémistes tant islamistes que ceux de l'extrême gauche.Il demande toutefois qu'a coté des reformes constitutionnelles, une réforme et meme « des révolutions blanches » soient engagés par les jeunes contre les vieux dirigeants des partis politiques accrochés à leurs siéges depuis des décennies.


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