Le Maroc traverse une période de tensions dans le secteur des transports, exacerbée par une confrontation directe entre les taxis traditionnels et les applications de covoiturage telles qu'Indrive et Uber. Ces dernières, bien que retirées du marché marocain depuis 2018, continuent de susciter des débats passionnés et des conflits. Cette crise survient à un moment, alors que le pays se prépare à accueillir la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) de football en 2023 et envisage de soumettre une candidature pour la Coupe du monde en 2030. Ces événements attireront des millions de visiteurs, nécessitant un système de transport efficace et sûr. Le gouvernement a, à plusieurs reprises, promis de réguler le secteur des transports. Cependant, jusqu'à présent, ces promesses n'ont pas été suivies d'actions concrètes, laissant place à une situation de chaos et d'incertitude. Les chauffeurs de taxi traditionnels, qui constituent une part importante du système de transport public, sont en première ligne de cette bataille. Ils dénoncent ce qu'ils considèrent comme une concurrence déloyale de la part des applications de covoiturage. Ces dernières, selon eux, opèrent sans les permis nécessaires et ne respectent pas les mêmes réglementations strictes que les taxis. Les tensions ont atteint un point critique ces derniers mois, avec une série d'incidents violents impliquant des chauffeurs de taxi et des utilisateurs de services de covoiturage. Des attaques physiques et des confrontations verbales sont devenues monnaie courante, révèlent le climat de violence qui règne dans ce secteur. Cette escalade de violence a conduit à des appels pour une intervention gouvernementale afin de garantir la sécurité de tous les acteurs impliqués. Les chauffeurs de taxi traditionnels réclament une interdiction pure et simple des applications de covoiturage. Ils affirment que ces services, en plus de constituer une concurrence déloyale, contribuent à la précarisation de leur profession. Leurs revendications portent également sur la nécessité de renforcer les contrôles et d'imposer des sanctions aux chauffeurs de covoiturage qui opèrent illégalement. De leur côté, les applications de covoiturage avancent des arguments en faveur de la modernisation et de la diversification des options de transport au Maroc. Elles soulignent les plaintes fréquentes des clients concernant le mauvais service et le comportement de certains chauffeurs de taxi traditionnels. Selon les représentants de ces applications, la création d'un cadre juridique clair et équitable permettrait de répondre aux besoins des consommateurs tout en contribuant positivement à l'économie nationale. La question divise également l'opinion publique. Certains soutiennent les taxis traditionnels, soulignant leur rôle historique et leur importance dans le tissu économique et social du pays. D'autres, en revanche, voient dans les applications de covoiturage une opportunité d'améliorer la qualité et l'accessibilité des services de transport. Cette polarisation de l'opinion publique a attiré l'attention des organisations de défense des droits de l'homme, qui appellent le gouvernement à jouer un rôle de médiateur pour mettre fin à la violence et instaurer un dialogue constructif. Vers une régulation du secteur ? En mars dernier, le ministre des Transports, Mohamed Abdeljalil, a reconnu la nécessité d'un consensus entre les différentes formes de transport public, y compris les taxis petits et grands, ainsi que les bus. Il a annoncé que son ministère travaille actuellement sur une étude visant à développer une vision future de la mobilité à travers le pays. Cette initiative pourrait inclure des propositions pour réguler les applications de covoiturage et établir un cadre juridique adapté à cette nouvelle réalité. La régulation du secteur des transports au Maroc présente plusieurs défis. D'une part, il s'agit de protéger les intérêts des chauffeurs de taxi, qui sont souvent des travailleurs indépendants dépendant de leur activité pour leur subsistance. D'autre part, il est crucial de répondre aux attentes des consommateurs, qui recherchent des services de transport fiables, sûrs et abordables. Trouver un équilibre entre ces différents intérêts nécessitera une approche nuancée et inclusive. L'accueil de la CAN en 2023 et la potentielle candidature pour la Coupe du monde en 2030 mettent une pression supplémentaire sur le gouvernement pour résoudre cette crise. Ces événements de grande envergure attireront un afflux massif de visiteurs, mettant à l'épreuve les infrastructures de transport existantes. Un échec à réguler le secteur pourrait non seulement compromettre la réussite de ces événements, mais également ternir l'image du Maroc à l'international.